Viande bovine : les éleveurs appellent à bloquer les abattoirs, à partir du 14 juin
Dans un contexte plutôt favorable, le niveau du revenu des éleveurs allaitants ne cesse de baisser. Marre de ne pas être entendus, en réponse à l’appel de la FNB (fédération nationale bovine), les éleveurs de la FNSEA-JA 16 s’apprêtent à participer au blocage de l'abattoir de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, dès dimanche soir.
En amont de la table ronde organisée par le ministre de l'Agriculture le mercredi 17 juin, et en réponse à l’appel à mobilisation nationale lancé par la FNB, FNSEA et les JA, les éleveurs de bovins viande du Poitou-Charentes appellent à bloquer les abattoirs à partir du dimanche 14 juin. Les Charentais vont participer au blocage de l'abattoir de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, dès ce dimanche soir.
" La pression continue à la baisse des prix des bovins, toutes catégories, aboutit à la perte de rentabilité des exploitations par une dégradation sans précédent de l’EBE. Les prix sont inférieurs en moyenne de 60 cts par kg de carcasse par rapport au seuil indispensable pour la rémunération des éleveurs et permettre d’investir et de moderniser les exploitations. Cette situation résulte d’un déséquilibre du rapport de force au sein de la filière qui conduit à ce que l’éleveur soit toujours la variable d’ajustement" explique un communiqué de la FNSEA et des JA de Charente. Il reprend : " Pourtant l’ensemble des éléments de conjoncture est « au vert » avec, entre autres, la fin des contraintes ESB. En effet, l’évolution du statut de la France laisse envisager une baisse des charges des entreprises et ouvre de nouveaux marchés (notamment asiatiques). Autre élément favorable, un marché européen qui est porteur et déficitaire. Les prix des principaux concurrents n’ont jamais été aussi élevés. Les éleveurs français sont vraiment compétitifs. A cela s’ajoutent une demande mondiale existante et la France qui constitue en Europe l’un des seuls pays à disposer de la capacité à répondre à cette demande mondiale".
Et les éleveurs allaitants de poser la question : "Où passent les marges ?"
Il ressort qu’ "aujourd’hui la valeur produite par les éleveurs est captée par l’aval. L’Observatoire des Prix et des Marges confirme, comme il l’avait été dit par les producteurs il y a deux ans, le transfert de valeur en faveur de l’aval au détriment des éleveurs. Depuis 2014, concernant les bovins finis ce sont au moins 300 Millions d’euros. Cette situation se détériore plus encore en 2015.
Sur 20 ans, cette captation de la valeur du travail et du savoir-faire des éleveurs s’est traduite par une aggravation de la divergence de l’évolution des prix à la distribution par rapport aux prix à la production dans un contexte de forte évolution du niveau des charges d’exploitation.
En 5 ans, la filière viande bovine constate une baisse de 30 % des installations. Sans revenu, les exploitations ne peuvent plus être transmises et aucun jeune ne peut se lancer convenablement dans son projet professionnel. Cependant, sans renouvellement des générations, la filière risque de s’éteindre rapidement.
Les éleveurs qui alertent depuis plusieurs mois les organisations professionnelles, les industriels et la GMS sur la nécessité de revaloriser les prix, ne voient pas d’évolution. Pire encore, la situation se dégrade de jour en jour."