ZNT : la parole est aux citoyens... et agriculteurs
> Depuis le 9 septembre, le gouvernement a mis en consultation un nouveau dispositif de protection des riverains vis-à-vis de l’utilisation des produits phytosanitaires.
Le texte révélé le 9 septembre dernier par Élisabeth Borne, Agnès Buzyn et Didier Guillaume, respectivement ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l'Agriculture et de l'Alimentation, concerne la mise en place éventuelle d'un nouveau dispositif de protection des riverains vis-à-vis de l'utilisation des produits phytosanitaires. Construit sur les conclusions du rapport publié par l'Anses le 14 juin dernier, l'arrêté prévoit des distance de non-traitement variables selon qu'il s'agisse de cultures hautes ou de cultures basses, et de distances plus ou moins grandes selon les produits employés. Les premiers chiffres évoqués sont 5m pour les céréales et légumes, et 10m pour l'arboriculture ou la viticulture, mais ils pourraient être revus à la baisse selon le matériel employé.
Pendant trois semaines, les citoyens qui le souhaitent peuvent déposer des contributions sur le site dédié en cliquant sur le lien suivant : http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/consultation-publique-sur-un-projet-de-decret-et-a2032.html
Bruno Lorion, viticulteur à Sainte Eugène, préside la commission Environnement de la FNSEA 17.
Comment recevez-vous l’annonce d’une consultation internet sur le sujet ?
Bruno Lorion : On discute sur les zones tampons, mais sûrement pas à l’échelle des 150 m ! Quelque part on peut admettre une idée de zone tampon. 100 ou 150 m non. C’est inadmissible. Pour prendre un exemple, ici : une maison se vend avec 6 ha autour. Le nouveau propriétaire ne veut pas les cultiver. Nous, agriculteurs, les rachetons… aujourd’hui avec une zone tampon aussi grande, on ne pourrait rien cultiver ! On a charge de les cultiver en bio. La plus plupart des vignes ne seraient pas concernées par des zones tampons. La vigne peut se déplacer. C’est plus difficile en céréales. Cela tuerait des exploitations céréalières.
Le même principe de dispositif existe avec les bandes enherbées…
C’est seulement 5 m ! Mais des ZNT de 15, 50 m suivant les produits, c’est différent. Il faudrait, même dans des ZNT minimales, que les riverains protègent leur propriété, mettent des haies par exemple.
Est-ce parce que vos outils de pulvérisation ne sont pas assez précis ?
En arboriculture et en viticulture peut-être. En céréales, si les traitements sont faits dans de bonnes conditions, il n’y a pas ce défaut. À 20-30 cm, on est là où l’on veut mettre le produit. Les rampes en céréales envoient le produit vers le bas. En arboriculture, on envoie le produit à quelques mètres en l’air. En viticulture, aussi, mais moins haut. En viticulture les pulvés avec panneaux récupérateurs, pulvés confinés permettent d’être plus précis. Cela entre dans la réglementation et dans le désir de faire une viticulture durable sur le vignoble de cognac.
Invitez-vous les agriculteurs à participer à ce sondage ?
Oui, bien sûr, mais est-ce que tous les avis de tous les agriculteurs de France pèseront ? Mieux vaudrait un avis de scientifiques ou de spécialistes. Même l’Anses qui ne prend aucun risque n’est pas sur ces limites de 150 ou 50 m. Reste au monde agricole à en discuter. Après en viendrons-nous à limiter sur toutes les zones de passage et les chemins ?
Propos recueillis par Bernard Aumailley