Champdeniers
60 000 tonnes de déchets pour 10 000 tonnes de matières premières
Jeudi 10 juillet, Claude Rouleau, président de Smited, inaugurait, en présence de Régis Guyot, préfet des Deux-Sèvres, l’usine de tri mécano biologique de Champdeniers.
Faire du contenu des poubelles ménagères, une matière première. Ce n’est plus une utopie. À partir du 28 juillet prochain, les onze salariés de l’usine de tri mécano biologique de Champdeniers s’y emploieront. Chaque année, les 60 000 tonnes de déchets produits par les 250 000 consommateurs du département (hors communauté d’agglomération niortaise) permettront la production de 8 200 tonnes de compost et 1 800 tonnes de métaux, revalorisés à travers des filières locales.
Comment ? Rien de plus simple. Prochainement, dans le grand bâtiment du Smited, chaînes de tri et crible rotatif sépareront la matière biodégradable contenue dans les poubelles, des fractions sèches. Les matières fermentescibles seront déposées dans des écosilos où elles fermenteront durant
5 semaines. « Arrosées et ventilées pour accélérer le processus naturel de décomposition, elles produiront un compost naturel, prêt à être employé par l’agriculture », explique Patrice Butel directeur général du Smited. Sur 20 000 tonnes d’éléments biodégradables traités, 10 000 tonnes sont valorisées. La moitié de la matière disparaissant lors du processus de fermentation.
En investissant dans l’usine de tri mécano-biologique, le Smited atteint les objectifs sur lesquels il voyait le jour en 2000. « Réduire de 30 % les quantités de déchets enfouis », rappelait Claude Rouleau devant 250 personnes, lors de l’inauguration de l’usine organisée le 10 juillet. À 70 euros la tonne enterrée sur le site de la Sita à Amailloux, le syndicat par cet investissement de 15 millions d’euros pouvait espérer quelques menues économies. En même temps, il allait agir au profit de la protection de la nature. En ne stockant que des déchets stabilisés, la nuisance environnementale allait être réduite.
L’augmentation du prix du pétrole accentue l’intérêt d’un tel outil. « Au regard du prix de l’azote acheté par les agriculteurs, le composte naturel prend de la valeur », affirme Claude Rouleau. L’intérêt que montrent les cimenteries pour une partie de ce qui aujourd’hui encore est destiné à l’enfouissement, ouvre de nouvelles perspectives. Les ferrailles extraites de la fraction sèche, il reste parmi les résidus, des matières plastiques et cartonnés. À moins de 40 % d’humidité, ces déchets compactés pourraient trouver dans l’alimentation des chaudières une filière économique. À l’étude, celle-ci serait pour le Smited une opportunité de plus pour baisser le coût du retraitement des déchets. Une bonne nouvelle qui ne doit toutefois pas faire oublier, rappelle Patrice Butel « que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ».
C.P.