Parcours
Agriculteur, le choix de l’indépendance
En 2003, lassés de la vie à l’usine, Philippe Sanchez et Didier Gabard s’installent. Ils montent un bâtiment de gavage de 2600 places. Quatre ans plus tard, un nouvel investissement permet l’arrivée d’un autre associé : Samuel est aujourd’hui un ex-maçon.
Vendredi. Deux Camions s’approchent des bâtiments d’élevage de la Scierie des Landes. Leur contenu : 4200 canards mulards prégavés. Age des animaux, 11 à 13 semaines.
Cette arrivée, deux jours seulement après le départ de la précédente bande, annonce une nouvelle période d’astreinte pour les associés de la récente exploitation agricole. Réception, mise en place, pose des abreuvoirs, nettoyage des bâtiments, cette première grosse journée se termine par le gavage des animaux. Pendant 12 jours, toutes les 11 à 12 heures, les 4200 sujets recevront leur dose de farine de maïs. Didier, Philippe et Samuel, le dernier arrivé, seront à pied d’œuvre... et sans rechigner. Ces trois anciens salariés n’hésitent pas une seconde. « Aux horaires et à la soumission », imposés aux employés des usines qu’ils étaient, Didier et Philippe préfèrent l’astreinte quotidienne de leur élevage. « Elle va de paire avec l’autonomie, la liberté d’entreprendre et la disponibilité en journée. » Après quatorze années dans la maçonnerie, Samuel installé en février dernier, apprécie de pouvoir accompagner ses enfants à l’école. « De 10 heures et jusqu’à 15 ou 16 heures, c’est chasse, jardin, bricolage... Chacun s’adonne à ses plaisirs personnels. »
1200 canards par gaveur
Après cinq années d'existence, l’exploitation de gavage en contrat avec la coopérative Val de Loire tourne à plein régime. A Saint-Amand-sur-Sèvre, un deuxième bâtiment est sorti de terre fin 2007. Satisfaits de leurs résultats technicoéconomiques Didier et Philippe, à l’origine de l’exploitation, investissaient à nouveau. Aux 2600 places initiales, ils ajoutaient 1400 places. Pour absorber la nouvelle charge de travail, l’entrée d’un nouvel associé est privilégiée à l’emploi d’un salarié. « Il n’était pas possible de faire travailler un employé 12 jours de rang », explique Philippe.
Formé en début d’année, Samuel est aujourd’hui à l’œuvre aux côtés de ses associés. « A chaque bande, nous avons chacun la responsabilité de 1200 canards. Un animal ne connaît qu’un gaveur », précisent les associés. Le gavage est une étape délicate, les sujets sont fragiles. Changer d’intervenant, c’est prendre le risque de bousculer les animaux et par conséquent de détériorer les résultats technico-économiques. « Or, c’est ici que se joue la marge. Notre revenu », posent les chefs d’entreprise.
Volontaires
Après deux investissements successifs de près de 3 millions d’euros chacun, les anciens salariés ne sont pas disposés à prendre des risques. La technique, l’observation, la palpation des gosiers, sont essentiels à l’obtention de résultats rémunérateurs. Les jeudis qui suivent le départ des animaux de l’élevage, les entrepreneurs sont impatients. « Dans la journée, Val de Loire nous communique nos chiffres. » Techniquement bons en 2008, ils ont été économiquement moyens. « L’augmentation du prix de l’aliment en est la cause », pointent les associés, confiants malgré tout. Pour en arriver là, ils ont fait face à d’autres difficultés. Trouver un terrain, boucler les plans d’épandages, convaincre une banque, demandent de la volonté pour d’anciens salariés, sans lien naturel avec le monde agricole, et qui plus est dépourvus d’apports financiers. Nul doute que la détermination qui en 2003 les menait à l’installation, en 2007 à l’agrandissement, les mène en 2009 à l’amélioration des marges.