Allier passion du sol et viticulture
À Villexavier, Cédric Lanseau vient de créer son entreprise, «Géoviti Expertise». Il allie ainsi sa passion pour la géologie et la viticulture.
Concilier sa passion des sols et la viticulture ! Voilà la concrétisation de Cédric Lanseau. A 41 ans, il vient de créer son entreprise Géoviti Expertise. Basée à Villexavier, dans le cru «Bons bois», sa toute jeune entreprise propose des services en agriculture de précision pour la viticulture. Pour lui, «en agriculture, le sol, le sous-sol, le relief, la topographie sont à prendre en compte. Il existe des variations, des hétérogénéités entre les parcelles et au sein des parcelles. L’agriculteur est celui qui connait le mieux son sol. Avec les cartes de variabilité intra-parcellaires que je propose, le viticulteur peut intervenir précisément dans les zones sensibles en adaptant ses pratiques, y limiter les risques pour pérenniser son vignoble et obtenir une qualité homogène tant qualitative que quantitative».
Des études approfondies
Cédric Lanseau est intarissable sur le sol. Titulaire d’un Master 2 en Sciences de la terre, il a appris la géologie et a étudié des processus d’érosion du sous-sol à l’aide d’instruments de mesures géophysiques. Sa soif d’en savoir encore plus, le mène à passer un DESS en géophysique appliquée. «Là, j’ai appris à manipuler les instruments dédiées à l’auscultation du sous-sol à des fins environnementales, archéologiques et d’explorations pétrolières.» Toujours insatiable de connaissances, il devient géomètre-topographe, à Jonzac «afin de développer des compétences.» Délimitation des propriétés foncières, à l’aide de plans cadastraux et de remembrements, utilisation des appareils de topographies et GPS de haute précision, réalisation de plans informatiques n’ont plus de secret pour lui. «Après quatre années à faire ce travail, je percevais qu’il me manquait quelque chose. J’avais envie de revenir sur mes terres, de travailler avec mes mains» concède Cédric Lanseau. Et là, on comprend mieux sa passion pour les sols. Il est issu du monde agricole, avec une lignée de générations d’agriculteurs et de viticulteurs. «Pourtant, plus jeune, je passais plus de temps à étudier qu’à vouloir apprendre le métier d’agriculteur» reconnait-il avec un sourire. Retour à l’école, au lycée le Renaudin, à St Germain de Lusignan, pour apprendre, pendant trois mois, les techniques de taille, la conduite de tracteur et l’utilisation des outils. Pendant sept ans, il s’est rapproché de ses racines, à travailler au rythme des saisons, à mieux cerner les attentes des viticulteurs. Il y a deux ans, la passion du sol le rattrape. Il se lance dans une veille scientifique et technique sur l’agriculture de précision. «A Champagnac, sur l’exploitation viticole familiale, j’ai réalisé des cartographies de sol en utilisant des outils que je n’avais pas utilisé depuis la fin de mes études. La cartographie de l’hétérogénéité des sols était réaliste, précis. Cela a fait ressortir des détails jusque là insoupçonnés sur des connaissances du proche sous-sol des parcelles.» Ce qu’il a réalisé sur l’exploitation familiale, il souhaite maintenant le proposer aux viticulteurs. «Je peux réaliser une cartographie de l’hétérogénéité du proche sous-sols en trois dimensions. Les données proviennent d’un appareil de mesure, le conductivimètre. La valeur de conductivité mesurée est dépendante de plusieurs paramètres physiques et chimiques du sol : sa texture, son humidité, sa compaction, son épaisseur, sa teneur en argile et sa salinité» précise-t-il. Il rajoute aussi que «des cartes de conductivités électrique jusqu’à 2 m de profondeur peuvent être délivrées.» Dans son offre, il propose aussi une cartographie de la vigueur végétative du vignoble, soit au sol à l’aide de capteurs infra-rouge, soit par survol en drone équipé d’une caméra spécifique. Il souligne que ces cartes sont des outils d’aides à la décision pour le viticulteur. «Il pourra choisir quels porte-greffes utiliser selon le type de sol, moduler ses apports d’engrais en fonction du type de sol et de la vigueur de la vigne.» Il met en avant les doses lors des traitements phyto, qui seront adaptées au plus juste, la gestion de l’enherbement et le travail mécanique des inter-rangs, la gestion de la taille des ceps en fonction de la vigueur et du type de sol, les problématiques de compaction des sols, de drainage et d’érosion.
Cédric Lanseau s’adresse, bien sûr, aux viticulteurs des deux Charentes mais vise aussi d’autres terroirs comme le Bordelais, la Champagne, le Languedoc... et regarde aussi vers l’étranger. Il compte se faire connaître notamment via les réseaux sociaux. Un site internet est en cours de construction.