Installation
Amandine tisse son parcours au fil du mohair
En reconversion, Amandine Boiron a choisi de se tourner vers les chèvres angoras, ce qui lui permet de développer sa créativité à travers l’élaboration de vêtements naturels et éthiques. Une différenciation à son image.
En reconversion, Amandine Boiron a choisi de se tourner vers les chèvres angoras, ce qui lui permet de développer sa créativité à travers l’élaboration de vêtements naturels et éthiques. Une différenciation à son image.
L’accueil est chaleureux, à la Ferme de l’Accroche-Cœur. Quand ce n’est pas Jabba, le border collie, qui sollicite les nouveaux venus pour des caresses, ce sont les chèvres angoras qui quémandent de l’attention. Nirvana, le bouc, ne décolle pas d’un sabot sans avoir son quota de gratouilles entre les cornes, laissant une entêtante odeur sur la main. Familiers, presque domestiques, ces chèvres-là sont différentes. Élevées ni pour leur lait, ni pour leur viande, elles ont droit à un traitement à la hauteur de la noblesse de leur toison, le précieux mohair.
Amandine Boiron, la bergère de ce petit troupeau de 19 têtes, les bichonne avec soin sur la ferme familiale, à Vouillé. Fille du minotier Boiron, elle a toujours baigné dans l’univers de la ferme, au contact avec les animaux. « J’ai fini par mener à bien le projet dont je parlais depuis dix ans. Quand j’étais au lycée, j’hésitais entre la danse et l’agriculture, raconte-t-elle. Sur les bons conseils de mon entourage, j’ai choisi la danse et c’était bien ainsi. Je n’aurais pas pu faire l’inverse et devenir danseuse aujourd’hui ! Mais pendant toutes ces années, l’agriculture trottait toujours dans ma tête ».
Quand des personnes achètent un pull ou des chaussettes en mohair, ils soutiennent toute une filière.
Un événement déclencheur dans sa vie personnelle lui fait franchir le pas. Le rythme de la danse est alors remplacé par celui du soin aux animaux. Le choix de l’élevage s’est porté sur les chèvres angoras : « Je peux garder tout le monde, femelle comme mâle. Il y a une dimension créative dans la transformation du mohair qui me correspond. C’est aussi plus facile en étant seule sur l’élevage ».
Ouvrir une boutique, et sa ferme
À 33 ans, Amandine a décidé de commencer l’élevage pendant son parcours à l’installation avec la chambre d’agriculture. « Il faut compter cinq ans avant que l’élevage soit bien ancré et que l’activité devienne rentable », souligne-t-elle. Un troupeau de cinquante chèvres minimum assure une productivité. Le projet tient ensuite dans la capacité d’Amandine à vendre ses produits. « Je vais bientôt créer une boutique à la ferme, que j’aimerais faire visiter dans un but pédagogique, annonce-t-elle. J’expliquerai comment j’élève les chèvres, la transformation du mohair… Je vise plutôt des gens de passage l’été et les locaux l’hiver, lors de marchés festifs ».
Elle souhaite leur communiquer sa satisfaction de confectionner des vêtements naturels et éthiques. « Quand des personnes achètent un pull ou des chaussettes en mohair, ils soutiennent toute une filière, assure-t-elle. Ils comprennent qu’ils ne trouveront pas ces vêtements ailleurs ».
Transformation rapide
La première tonte des chèvres a eu lieu cet hiver, en février. Amandine a livré 30 kg de laine brute au groupement Mohair des fermes de France. « Les premiers éleveurs de chèvres angoras ont commencé il y a trente ans en France. Ils se sont tout de suite regroupés pour développer un réseau de transformation de la laine ». La matière est envoyée à des laveurs et cardeurs dans le nord de l’Italie, ces métiers ayant disparu dans l’hexagone. « La teinture, le tricot et le tissage sont des savoir-faire encore pratiqués en France ».
Amandine a suivi une formation avec le groupement pour apprendre à trier la laine en différentes catégories selon sa finesse et son rendement lavage. « L’organisme m’a permis de m’installer et de faire transformer mon produit tout de suite », reconnaît-elle avec gratitude. Lors de la visite d’une entreprise de tissage, Amandine a observé la grande attention portée au fil : « C’est émouvant de voir toutes ces petites mains travailler mon produit. Ils sont partie prenante de sa réalisation, c’est génial » !
Le mohair, une fibre laineuse haut de gamme
Leur élevage se fait au pâturage « quand il fait beau, nuance l’éleveuse Amandine Boiron. Leur toison se gorge d’eau et met du temps à sécher ». Herbe, foin et granulés composent leur alimentation, que la bergère espère faire évoluer en fabriquant elle-même les concentrés avec un mélange fermier. Le suivi génétique est assuré par Capgènes, qui accouple les animaux en fonction de différents critères portant sur la laine : finesse, poids de toison, rendement lavage, homogénéité… « Le suivi génétique a permis de faire du mohair français l’un des beaux au monde ».