Arboriculture : la récolte s’annonce bonne en volume et en qualité
La récolte de poires et de pommes a commencé depuis quelques jours dans les vergers. À l’Earl Desnoues, à Allonne, on s’attend à une belle récolte, en espérant que les saisonniers soient en nombre suffisant pour récolter les fruits.
l’opération « Vergers éco-responsables », les 21 et 22 septembre.
Depuis le début du mois, les saisonniers s’activent au pied des pommiers de l’Earl Desnoues, à Allonne. La récolte des poires Williams et Conférence avait déjà débuté la semaine précédente, mais dans une moindre mesure, sur les 1,5 ha dédié à cette production. Une quarantaine de personnes ont ainsi rejoint l’exploitation pour le début d’une saison qui s’annonce belle, en volume comme en qualité. Gala ouvre le bal et sera suivie de Golden et de Jazz, les trois variétés principales de l’exploitation (300 t pour les deux premières, 350 t pour la dernière).
Les variations brutales de températures et le manque d’eau n’auront donc pas eu un gros impact sur la récolte à venir. « On est sur une date de récolte normale, voire tardive, ce qui n’était pas pressenti en début de saison pourtant ». Les variétés ont mieux supporté les canicules, juge-t-il. Cette année, c’est le taux de nouaison, très important, qui a plutôt préoccupé les arboriculteurs. L’éclaircissage naturel étant trop juste, Hervé Desnoues a dû mettre la main au portefeuille au printemps. « On a beaucoup éclairci, on a eu des charges de main-d’œuvre énormes sur cette période. On était quasiment à 300 heures d’éclaircissage manuel par hectare, ce qui correspond à 3 500 euros de l’hectare.
Et malgré ça, on a des arbres qui sont encore trop chargés », analyse-t-il. De fait, les calibres sont « globalement petits à moyens, excepté pour Elstar, Belchard, Clochard et Granny », indique le BSV dans sa note du 27 août. Mais l’exploitant avance que le nombre de fruits est plus important, une nécessité de production face à la hausse constante des charges, assure-t-il.
La seule ombre au tableau réside peut-être dans la capacité de recrutement de la structure, dont le succès ou non se fera si les saisonniers arrivent à trouver des logements aux alentours. « Pour l’instant, on a le nombre de saisonniers qu’il nous faut, surtout grâce à Facebook. Mais lors de l’accélération de la récolte, à la fin septembre et pendant trois semaines, on peut être confronté à des problèmes car il nous faudra environ 15-20 personnes supplémentaires », relate l’arboriculteur.
Pourtant, Hervé Desnoues a fait en sorte d’avoir de bonnes conditions de travail. « On a amélioré les conditions de travail depuis plusieurs années. Les gens posent directement dans le palox. Pour les têtes d’arbres, il y a des plateformes automotrices de cueillette. Tout cela explique peut-être qu’on soit moins touché que certains par les difficultés de recrutement », avance-t-il.
Les pommes françaises à la «reconquête» des parts de marché à l’export
Avec une récolte de pommes prévue à 1,65 Mt pour l’année 2019, la France devrait être « l’un des rares pays européens avec une récolte en augmentation », explique Josselin Saint-Raymond, le directeur de l’association nationale pommes poires (ANPP), qui fédère 60 % de la production française. « Nous sommes plutôt en bonne position. Nous avons un potentiel pour à la fois permettre de servir nos clients français et en même temps reconquérir les parts de marché que nous avons pu perdre à l’export l’année dernière », ajoute-t-il. Si elle se confirme, la récolte de cette année serait supérieure de 12 % à celle de 2018 et de 6 % à la moyenne des années 2015/2016/2018 (l’ANPP exclut 2017 en raison de sa production très basse). La principale menace à l’export est le Brexit, le Royaume-Uni représentant 23 % des exportations françaises. « 10 % de la production française de pommes pourrait disparaître si nous perdions ce marché », indique le directeur.
La production de poires en baisse
La récolte de poires françaises devrait se situer à 115 000 tonnes en 2019, soit une baisse de 19 % par rapport à la moyenne des récoltes 2015/2016/2018. Au niveau européen, avec à peine plus de 2 millions de tonnes, la récolte attendue est historiquement basse. Mais c’est l’Italie, premier producteur européen, qui affiche le plus lourd déficit avec -30 %. En France, comme dans le reste de l’Europe, Comice et Williams sont déficitaires. Cette campagne devrait donc bénéficier à la Conférence, de bon calibre et de belle qualité, dont la production est stable.