Asperge de terre, asperge de caractère
À Tesson, c’est le plein boum à l’EARL La Malvaud, chez Véronique et Régis Branger, producteurs d’asperges. Une production écoulée en vente directe.
Pendant deux mois, en avril et mai, Véronique et Régis Branger ont la tête dans le guidon, ou plutôt la tête avec la gouge, ustensile plus que nécessaire pour la cueillette des asperges. Une période courte et intense. « Ici, le gustatif prime ! » lance avec plein d’énergie Véronique Branger avant de préciser que « l’asperge se consomme dans les 48 heures après la cueillette. L’asperge de terre est une asperge de caractère. » Une dizaine d’occasionnels à temps partiel sont employés pour cette activité. La main-d’œuvre est locale. Le travail est synchronisé : pendant que du personnel se trouve dans l’aspergeraie (4,5 ha pour 20 tonnes récoltées) pour la cueillette le matin, d’autres sont affairés au conditionnement. « Certes, la cueillette est manuelle, mais nous avons trois machines d’assistance à la récolte. Elles soulèvent les bâches, les reposent ensuite et portent également les paniers. » Les bâches blanches ou noires permettent d’attirer ou de repousser la chaleur. Les rangs d’une longueur de 320 m sont passés au peigne fin, les bacs se remplissent au fur et à mesure. Puis, direction l’atelier de conditionnement située à proximité de l’exploitation. Ici, les asperges sont lavées. Une machine coupe à longueur, trie, calibre puis les asperges sont déposées dans différents cageots, en vrac ou en bottes selon la demande des clients. « Nous avons bénéficié d’aides européennes dans le cadre du programme Leader, en 2015, à hauteur de 40 %, pour du matériel comme les machines d’assistance à la récolte, le transpalette et la calibreuse. Cela a permis d’offrir à nos clients un travail de meilleure qualité, de réduire le temps de tri. Nous sommes passés de 6-7 heures de tri, à 3 heures. » Pour le travail à l’aspergeraie, les conditions de travail sont moins fatigantes.
Sur l’exploitation familiale, la culture de l’asperge a été une diversification, avec la Pac, en 1992. « Nous avons mené une réflexion. L’asperge aime la terre sableuse, or ici nous avons du limon. La terre est donc plus froide. Il a fallu alléger tout cela », explique l’asparagicultrice. Actuellement, sur l’exploitation, on produit aussi des pommes de terre, du maïs, du blé tendre,du blé dur et du tournesol. Sur le secteur, ils sont 5 - 6 producteurs d’asperges à échanger aussi bien du matériel que sur les techniques de production. « Nous bénéficions aussi d’un appui technique et d’un suivi cultural avec l’association Asperges Avenir. Nous visitons aussi d’autres exploitations. Cela nous enrichit aussi. »
La vente se réalise essentiellement en circuits courts. « C’est du local ! Nous avons aussi développé l’asperge verte, en 1995. Au départ, les gens ne connaissaient pas. En proposant des idées de recettes, ils ont appris à la cuisiner. » Et depuis, cela marche. La récolte est d’environ 1,5 tonne. Les clients viennent sur l’exploitation, dans le magasin de vente jouxtant l’atelier de conditionnement. « Nous avons aussi quelques restaurateurs, des magasins de producteurs et quelques revendeurs », précise Véronique Branger. Le contact avec le client est essentiel pour celle qui a travaillé préalablement dans le commerce. « J’apprécie de travailler avec d’autres personnes, d’être en réseau », avoue celle qui est aussi adhérente au Cemes-Ceimpas.
Rien ne se perd, tout se transforme. Cet adage pourrait être aussi celui de l’EARL, puisque Véronique Branger a souhaité valoriser les déchets (les bouts des asperges) ainsi que les petites asperges. Elle propose ainsi ses produits en bocaux, ainsi que des veloutés d’asperges, réalisés dans une conserverie à Loudun (86). « Cela décale les ventes et permet de fidéliser nos clients. » Elle participe également aux marchés d’été organisés par la Chambre d’agriculture et au marché de Noël à Périgny.