Blé dur : la filière veut repartir du bon pied
> Le comité de pilotage de la filière constate des rendements très hétérogènes après une année marquée par son « atypisme climatique », alors que « la demande reste soutenue ». Il livre quelques conseils à destination des producteurs.
Répondre à une demande importante des marchés alors que les résultats des moissons laissent à désirer : c’est le problème auquel est confronté le comité de pilotage de la filière blé dur, composé entre autres de producteurs, d’organismes de recherche, d’obtenteurs, de transformateurs, collecteurs ainsi que de FranceAgriMer et Arvalis. Il a publié, le 11 août, ses premiers constats sur une récolte qui « se démarque, une fois encore, par son atypisme climatique ». Les difficultés rencontrées en Charente-Maritime ont été vécues par les producteurs d’un grand nombre de secteurs. « Les céréales, et le blé dur en particulier, ont dû jouer de leur souplesse pour compenser plus ou moins bien face à ces aléas de taile (date de semis tardive, hydromorphie, sécheresse, enracinement limité…). » Résultat : des rendements « hétérogènes », « avec un gradient parfois très important au sein d’un même secteur ».
En parallèle, « la demande reste soutenue sur des marchés nationaux ou européens, ce qui permet à cette céréale de conserver sa position rémunératrice au sein des entreprises agricoles », souligne le comité de pilotage. Le consommateur « attache une importance grandissante à l’origine française », et « le savoir-faire des producteurs français est apprécié des industriels ». Autant d’éléments qui font que la filière se dit confiante sur les perspectives du blé dur.
Viser la diversification variétale
Néanmoins, le comité de pilotage préfère assurer l’avenir de la production et a donc livré quelques conseils à destination des producteurs pour réussir l’implantation de la culture sur la prochaine campagne. La première recommandation est de privilégier les zones pédoclimatiques avec une fin de cycle séchante. « C’est l’assurance d’une bonne finition pour la qualité : PS, moucheture et mitadin. » Quatre zones en France apparaissent donc plus propices que la moyenne au développement du blé dur : Sud-Est, Sud-Ouest, Centre et Ouest-Océan, dont fait partie la Charente-Maritime. Aux yeux de la filière, le département fait toujours partie des terres propices à la culture de cette céréale.Le comité conseille également de prêter attention aux précédents, en évitant d’implanter le blé dur après du maïs ou du sorgho « afin de garantir une bonne qualité sanitaire » et éviter le développement de mycotoxines. « Les sols avec historique mosaïque sont également à limiter, car les conséquences peuvent être importantes, notamment en termes de rendement. »
La filière rappelle également l’importance du choix variétal. « Si deux variétés représentent aujourd’hui 75 % des surfaces, elles ne répondent pas à tous les objectifs. » La diversité peut ainsi permettre de diluer les aléas de la campagne ; elle sera plus facile à pratiquer sur l’année à venir, grâce à l’inscription d’une nouvelle variété au catalogue cette année. « Plusieurs innovations sont très prometteurses pour les années à venir, promet la filière. »
Une culture qui s’évalue sur plusieurs années
Pour le comité, la rentabilité de la culture du blé dur ne doit pas s’évaluer sur une seule année « viser uniquement les bonnes années est impossible, mais la présence de la culture chaque année permet de valoriser toutes les opportunités et de niveler les années moins favorables ». L’intérêt technico-économique doit donc être raisonné de façon pluriannuelle.Et pour s’adapter aux années atypiques, il reste les outils de pilotage, « une solution efficace pour s’adapter aux aléas climatiques », assure la filière. « De nombreux outils d’aide à la décision existent aujourd’hui pour accompagner la culture du blé dur. » Un appui peut également être apporté par les comités techniques des régions de production : suivis, expérimentations et informations sont délivrés au plus près pour s’adapter aux contraintes locales.
Enfin, il faut « récolter tôt, le plus tôt possible », recommande le comité de pilotage. « Les orages de fin de cycle peuvent dégrader la qualité du blé dur en quelques jours. » Il est donc conseillé d’arbitrer les chantiers de récolte en prenant en compte ce risque grâce au suivi de la dessiccation des grains, qui peut être rapide en fin de cycle.