Bressuire : les petites histoires dans la grande

Raconter l'histoire de la ville de Bressuire à travers ses habitants emblématiques : avec son livre " Histoire du Bressuirais, 100 portraits à découvrir ", sorti le 7 septembre, l'association Histoire et patrimoine du Bressuirais (HPB) aborde de façon originale la mémoire de la sous-préfecture des Deux-Sèvres.

Lire aussi : La vie des paysans du Poitou dans un livre | Caracterres

Des personnages hauts en couleur

Né d'une ambition post-Covid pour redynamiser l'association, l'écriture de l'ouvrage aura demandé trois ans de recherches, de recoupements et d'écriture à ses vingt-cinq contributeurs passionnés d'histoire.

Il en ressort une compilation de portraits de cent Bressuirais, du Moyen-Âge à nos jours, connus ou anonymes, triés sur le volet.

" Certains noms tombaient sous le sens ", explique Guy-Marie Lenne, président de HPB. Comme celui de Jacques de Beaumont, de la famille Beaumont-Bressuire, par exemple, mort en 1492 et dernier grand seigneur de Bressuire, fidèle du roi Louis XI. 

Ou encore des maires de la commune, tel René Héry, qui a occupé la fonction de 1901 à 1941. " En quarante ans, ce radical de gauche, anticlérical et franc-maçon, a forcément marqué son époque ", retrace le président.

L'asso

L'association Histoire et patrimoine du Bressuirais, fondée en 1942 et anciennement nommée Les amis du vieux Bressuire, réunis 200 adhérents. Elle édite chaque année deux revues éponymes, d'environ 90 pages, consacrées à l'histoire locale de Bressuire et plus largement du bocage nord-ouest des Deux-Sèvres. La prochaine paraîtra en novembre, au tarif de 15 € (ou 25 € les deux revues en adhérant).

Toute personne passionnée d'histoire et dans la capacité de rédiger un article à partir d'une démarche sérieuse de documentation peut être contributeur aux revues. Commande et contact sur le site www.hpb.asso.fr.

Les oubliées de l'Histoire

Car tous ces portraits posthumes ont avant tout été choisis pour illustrer en filigrane le contexte de l'époque.

Au Moyen-Âge, on découvre par exemple Andrée Garaude, dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu'elle travaille pour des maîtres et a été accusée de sorcellerie. " Sous la torture, elle a avoué son commerce avec le diable et sa participation au sabbat, ce qui la conduira au bûcher ", raconte Guy-Marie Lenne.

Parmi ces figures discrètes, on retrouve également Marcelle Desnoues (1904-1971), ouvrière de la société Dolo, annexe de l'abattoir monté en 1939, qui fabriquait les " boîtes de singe " ou corned-beef, conserves de viande bouillie destinées aux soldats.

« Le livre n'atteint pas la parité, concède Guy-Marie Lenne, car il est plus difficile de retrouver des éléments sur les femmes, qui sont restées dans l'ombre ». 

On retiendra cependant l'action de Marie-Louise Landreau, figure de la vie associative bressuiraise de 1970 à 2010, aux engagements très éclectiques.

Le directeur de l'Iréo de Bressuire

Le secteur agricole n'est pas en reste, avec la présentation d'Henri Papin (1940-2013), directeur emblématique de la MFR Sèvreurope (anciennement IREO de Bressuire) de 1973 à 2000. 

Tout d'abord chargé de la section des garçons, il a œuvré pour la mixité de l'établissement et le développement de l'apprentissage par alternance. " Nul doute que de nombreux lecteurs d'Agri 79 ont connu ce directeur ", plaisante le président.

Henri Papin a par ailleurs été maire délégué de Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, sa commune natale, conseiller général du canton de Bressuire, président du syndicat mixte du Pays du bocage bressuirais (précédant Agglo2B) et Chevalier de la Légion d'honneur.

Made in Bressuire

Pour l'ensemble de ces portraits, les historiens amateurs de l'association ont adjoint de nombreuses illustrations, piochées dans les archives municipales et départementales, mais aussi familiales. 

Conçu avec l'aide de la petite entreprise bressuiraise d'infographie Coup de Créa, l'ouvrage est coloré, " pour réveiller " le format des livres d'histoire, annonce le président.

Imprimé par L'impression créative (de Bressuire également), le livre est autoédité par l'association, qui a bénéficié du mécénat de la ville, du département, mais aussi de huit entreprises du territoire (dont les Jardins de l'Orbrie) et de plusieurs particuliers. 

Conçu avec l'aide de la petite entreprise bressuiraise d'infographie Coup de Créa, l'ouvrage est coloré, " pour réveiller " le format des livres d'histoire, annonce le président.

Tiré à 600 exemplaires, il connaît déjà un joli succès, d'après le président.

Et après ? L'association planche d'ores et déjà sur un prochain projet, en déclinant le concept des " Cent ". Cent monuments ou cent événements ?