Même si les yeux des bénévoles, des éleveurs et des exposants étaient bien fatigués dimanche soir, au moment de la fermeture de la Ferme s’Invite, tous étaient aussi ravis de cette 50e édition de l’évènement. En raison du vendredi férié, il s’est cette année tenu sur 4 jours, dont le jeudi réservé aux enfants, ce qui explique le nombre d’entrées record : 35 000, soit 10 000 de plus que l’année dernière. À l’heure de l’inauguration, le jeudi soir, les partenaires avaient redit leur soutien aux organisateurs pour ce salon qui représente une des animations les plus importantes de la Vienne, mais aussi un exercice de communication essentiel pour l’agriculture. « C’est important de valoriser les savoir-faire locaux, et le manger local et de qualité est quelque chose que nous souhaitons mettre en avant, notamment au travers de notre plan alimentaire territorial » a rappelé Florence Jardin, présidente de Grand Poitiers. Une proximité également soulignée par le Conseil Départemental sur son stand, à travers la marque Poitou et ses producteurs, mais aussi le travail réalisé sur les espaces naturels sensibles. « Nous devons renouer les liens entre agriculteurs et citoyens, et la ferme qui vient à Poitiers, c’est un bon moyen » explique Karyn Thiaudière, vice-présidente de la chambre d’agriculture. Une manifestation « familiale et en toute simplicité » comme l’a souligné Michel Caillé. Le président de la Ferme s’Invite, qui se félicite de la venue cette année de plus d’exposants que d’habitude, annonce déjà les dates de l’édition 2023: les 11 et 12 novembre. À moins que l’expérience d’un salon sur trois jours ne soit renouvelée...
Un moyen de recruter
Alors que les recrutements sont de plus en plus difficiles en agriculture, l’Anefa Poitou-Maritime a profité de l’affluence de la Ferme s’Invite pour organiser un job dating. Le samedi matin, douze employeurs se sont installés à l’entrée du salon pour accueillir des personnes en recherche d’emploi. Vingt postes étaient à pourvoir et 25 candidats se sont présentés. Rodolphe Bourdier, du domaine de Villemont, à Mirebeau recherche notamment deux salariés, à la fois pour la grande culture et la vigne. « On recherche un salarié pour un poste pérenne, pas pour les saisons » explique l’agriculteur qui compense actuellement lui-même, mais aimerait se dégager du temps. « Même l’été, on finit souvent par recruter du personnel étranger ». Du personnel qui doit évidemment être habitué à la conduite d’engins agricoles, mais pour lequel il n’exige aucune formation. « Pour la vigne, si la personne est motivée, on saura lui apprendre ». Le viticulteur se réjouit d’avoir rencontré plusieurs candidats lors du job dating.
Nouveau magasin de producteurs
La Ferme s’Invite était l’occasion d’annoncer l’ouverture d’un nouveau magasin de producteurs, « Chez les fermiers », du côté de Poitiers Nord en février 2023. « Les agriculteurs veulent vivre et pas survivre. Ils ont compris qu’il fallait se saisir des codes de la grande distribution. Et c’est aussi l’occasion d’expliquer aux visiteurs la différence entre une grande surface qui vend des produits locaux et un magasin où les producteurs sont engagés dans la démarche de vente en circuit court. Pour les producteurs ça change tout » affirme Gary Daguisé, directeur. Le magasin est en cours de construction sur la zone Nord de Poitiers, face au restaurant les Trois Brasseurs. « Chez les fermiers » est en fait d’une marque déposée dans la Vienne. Un concept marketing à essaimer dans les autres départements de la région et pourquoi pas au-delà. À Poitiers Nord, le magasin s’étendra sur 1 000 m2. 14 emplois seront créés et « Chez les fermiers » recrute : des crémiers, charcutiers, caissiers, comptable et secrétaire.
Rendre l’AB encore plus visible
Il y a un mois est née ADBio (Association de développement bio). La volonté de Marie Buard, agronome, et Marie-France Pasquinet, éleveuse à Vellèches (ci-contre), en lançant cette structure est « d’accompagner l’agriculture bio pour qu’elle sorte d’une production de niche, de la confidentialité ». L’association se compose de 4 collèges (producteurs, transformateurs-distributeurs, citoyens, et recherche et développement), ayant chacun une part égale dans la gouvernance. « Nous voulons être un espace de rencontres et de projets en ouvrant notre travail à tous les types de profils de producteurs mais aussi d’acheteurs. On a vocation à travailler dans l’intérêt général », insiste Marie Buard. « On veut aller voir des GMS, des transformateurs qui ne sont pas forcément sur ce label, pour trouver de nouveaux marchés et créer de nouvelles opportunités commerciales. C’est ce qui permettra de rassurer ceux qui pensent à une conversion ou à une installation en bio, et de développer les surfaces. » ADBio ne compte pas se concentrer seulement sur les circuits courts. Les filières longues seront aussi prises en compte, sans perdre de vue le volet proximité.
Ecoliers: la pédagogie entre les stalles
Dès le jeudi matin, c’était l’effervescence dans le Parc des expositions. Cette première journée de la Ferme s’Invite était placée sour le signe des visites scolaires. 970 élèves (du CP au CM2, ainsi que des 6e de Segpa) d’écoles de Grand Poitiers ont suivi le parcours pédagogique d’une cinquantaine d’animations proposé par la FNSEA 86, partenaire du salon. Les différents pôles (bovins, ovins, caprins, céréales, lait..). ont permis aux enfants de rencontrer des agriculteurs et des jeunes en formation agricole pour parler de leurs métiers et de leur passion. «C’est important de leur expliquer à quoi sert l’agriculture. On n’a pas si souvent l’occasion de le faire», explique Sébastien Taillefer, vice-président de la FNSEA. Ce matin-là, les écoliers joignent l’utile à l’agréable en dégustant du fromage de chèvres, après avoir découvert ce que mangent les vaches. Plaisir ultime, ils viennent caresser un chevreau, après avoir appris auprès du GDS que les animaux de ferme ont eux aussi leur carte d’identité. Evidement cette visite sert de support pédagogique aux enseignants. «Les élèves voient quels produits sont tranformés avant de pouvoir être mangés, et de quoi se nourissent les bêtes. Les enfants ne savent pas toujours quels sont les noms des bébés des animaux», confie Catherine Sénéchal, professeure des écoles, à l’école J-Y Cousteau à Vouneuil sous Biard.
Potimarron en confiture, saucisses sèches de brebis
Des producteurs de la Vienne exposaient pour la 1ère fois dans les allées des arènes. Julien et Valérie Moran ont créé il y a 2 ans Mamie Syl’, à Saint-Pierre de Maillé. Ils cultivent des céréales sur 270 ha mais aussi des potimarrons et des betternuts pour en faire des soupes, de la purée, des crakers (acapéro) et même des confitures et des pâtes de fruits. C’est l’Upal de Loudun qui transforme les produits mais aussi Sérénity biscuits (pour les gâteaux) et La Mélusine, à Châtellerault ( pour les pâtes de fruits et chocolat, toujours au potimarron et betternut). La halte fermière du sud Vienne avait aussi son stand. Claudie Sardin (porc noir et gascon en plein air, vaches limousines et veau rosé) à Mauprévoir et Geneviève Eronte (vaches highland et brebis) présentaient leurs produits aux visiteurs. Cette dernière qui vient d’ailleurs de remporter 4 médailles dans la catégorie « Saveurs à découvrir » au concours des saveurs Nouvelle-Aquitaine pour sa saucisse sèche, sa noix de gigot, son chorizo et le confit de brebis au thym. Les deux femmes présentaient aussi leur projet d’outil de transformation porté avec plusieurs producteurs du sud Vienne. « L’intérêt du salon c’est aussi de voir des collègues avec qui on pourrait travailler, et de voir des visiteurs curieux et contents de nos produits » souligne Geneviève Eronte.
Bovins Croissance 86: les meilleurs élevages honorés
Bovins Croissance 86, présidé par Bertrand Bousseau, a remis les prix de son challenge les « Sabots de bronze » à deux élevages du département. Il salue l’évolution de leurs performances de croissance sur les 4 dernières années, et le travail de partenariat entre les éleveurs et le technicien de l’association. La première récompense revient à Patrice Thaudière, de l’EARL des Châteliers, à Fleuré, en vaches Limousines. « C’est un très bon engraisseur. Les bêtes sont bien conformées », note Vincent Vigneau, technicien de Bovins Croissance. L’autre prix a été attribué à Sabine Charbonneau, de l’EARL des Noyers, à Saint-Secondin, en vaches Charolaises. « Cet élevage mérite un jour d’avoir les Sabots d’or ! », commente Vincent Vigneau. « Les veaux sous la mère y ont été de mieux en mieux conduits, en étant sevrés plus lourds. »
Charolaise : le Label Rouge fait sa place
Depuis bientôt deux ans, une vingtaine d’éleveurs (la plupart coopérateurs à la Celmar) de la Vienne certifient leurs troupeaux Charolais en Label Rouge. Le but, dès le départ, était de valoriser localement les volumes produits, tout en s’assurant une plus-value (30 à 40 cts de plus par rapport aux cours du marché) pour l’éleveur. Alain Tranchant, responsable du rayon boucherie du Leclerc de Châtellerault, a été le premier à faire partie de l’aventure pour la partie commercialisation. Depuis, le succès est au rendez-vous, grâce à des consommateurs satisfaits de cette nouvelle offre. « Ils apprécient la proximité », signale Denis Garreau (à droite sur la photo ), un des associés du Gaec de la Chaboissière à Nouaillé-Maupertuis, et administrateur Celmar. « Les éleveurs sont aussi satisfaits de cette proximité, au nom du bien-être animal, car ils travaillent avec l’abattoir de Montmorillon ». Depuis peu, c’est le Leclerc du Grand Large à Saint-Benoît, qui commercialise aussi la viande Charolaise Label Rouge de ces producteurs. Le responsable de la boucherie traditionnelle, Alain Jaunay, et son boucher, Laurent Retailleau (à gauche et au centre sur la photo), étaient tout spécialement à la Ferme s’Invite ce week-end pour rencontrer les éleveurs. Trois Charolaises certifiées Label Rouge étaient sur place : deux (venant du Gaec de La Chaboissière) étaient destinées aux Leclerc de Châtellerault et de Saint-Benoît, et une autre (venant de l’élevage de Bruno Girard) était réservée pour la boucherie Joris à Angoulême. Chaque année, 150 vaches Charolaises sont labellisées Label Rouge dans la Vienne.
Les propriétaires présentent leurs nouveautés
Leur toute première venue à la Ferme s’Invite a été l’occasion pour les représentants du syndicat départemental de la propriété privée rurale de présenter leurs nouveautés. À commencer par leur site internet, en ligne depuis quelques jours. Un outil ouvert à tous, avec une partie réservée aux adhérents, sur lequel il est possible de retrouver l’actualité mais aussi des données techniques. « Nous présentons également notre nouvelle adhésion, qui inclue une responsabilité civile » explique Hervé de Monvallier, le président du syndicat. « C’est un service de plus que nous proposons, et qui peut notamment servir lors de dégâts sur des lignes aériennes… »
Des races plus confidentielles
Parmi les animaux plus rares dans la Vienne comme dans le reste de l’hexagone, il y avait notamment des vaches highlands venues d’Auvergne. C’est Guillaume Pobeaud, qui élève une centaine de ces animaux dans sa ferme pédagogique en Auvergne, qui avait fait le déplacement avec plusieurs vaches et veaux. «Ils n’ont pas besoin de bâtiment, grâce à leurs poils qui leur tiennent chaud, et ils ont une vraie facilité de naissance: 98% des vêlages se font sans aide». Et même si le poids de carcasse de ces animaux est faible (330 kg pour un animal de 3 ans), l’éleveur assure que la vente directe est intéressante, notamment parce que les morceaux sont plus petits, et adaptés aux demandes des consommateurs. Et si ses animaux ont attiré les visiteurs, c’est aussi parce que l’agriculteur vient de participer à l’émission «L’Amour est dans le Pré». C’est donc en stars de la télé que deux veaux (et leur propriétaire) ont d’ailleurs été pouponnés dans le camion de la Barbière, installé à l’extérieur du bâtiment. Un salon mobile de coiffure et de taillage de barbe, imaginé par Le Fauteuil 54 / Barber shop, à Poitiers, pour les évènements. Parmi les autres races confidentielles présentes lors de la Ferme s’Invite, il y avait aussi les Black Angus d’Olivier Poirier, éleveur à Surin. L’agriculteur a régalé les visiteurs, avec des saucisses, steaks hachés et autres morceaux grillés sur le brasero imaginé par Grégory Bibard, artisan tout juste installé à Parthenay .
Bêtes de concours
Du côté des Limousines, 65 animaux étaient présents, et ont été jugés par Rikke Benoît, éleveuse au Gaec Benoît (36). 11 Élevages ont concouru : Frédéric Poirier/ Gaec Cailletière- Guilloteau / Gaec Domaine Coiffard / Earl de la Porcelaine/ Scea du Courtiou / Gaec de Nodigeon / Gaec du Marronnier / Alexandre Humeau /Lycée de Montmorillon / Gaec Duverger / Gaec le Chacloue. Mâles de l’année né décembre/ novembre : Soko - Gaec Cailletière-Guilloteau. Males de l’année né octobre : Secret23 - Gaec Cailletière-Guilloteau. Mâles de l’année né septembre : Sushi – Gaec Domaine Coiffard. Mâles de 21-36 mois : Rhum – Gaec Du Marronnier. Mâles + 36 mois : Pompon - Gaec Cailletière-Guilloteau. Jeunes femelles : Tocasse – Scea du Courtiou. Femelles de l’année né décembre/novembre : Séverine - Gaec Cailletière-Guilloteau. Femelles de l’année né octobre : Samantha - Gaec Cailletière-Guilloteau. Femelles de l’année septembre : Sublime – Gaec de Nodigeon. Femelles 15-21 mois : Salière – Frédéric Poirier. Génisses 24 mois : Romandie - Gaec Cailletière-Guilloteau. Vaches pleines moins de 5 ans : Olise- Gaec Cailletière-Guilloteau. Vaches pleines plus de 5 ans : Laponie – Gaec de Nodigeon. Vaches suitées : Ottawa – Gaec du Marronnier. Champion mâle junior - Soko - Gaec Cailletière-Guilloteau. Champion jeune mâle - Sushi – Gaec Domaine Coiffard. Champion mâle adulte - Pompon - Gaec Cailletière-Guilloteau. Championne femelle junior - Séverine- Gaec Cailletière-Guilloteau. Championne jeune femelle - Salière – Frédéric Poirier. Championne femelle adulte - Laponie – Gaec de Nodigeon. Meilleur mâle du concours : Pompon - Gaec Cailletière-Guilloteau. Meilleure femelle du concours : Laponie – Gaec de Nodigeon. Meilleur animal du concours : Laponie – Gaec de Nodigeon.
SBM Agripartage: du conseil agricole spécialisé
Les agriculteurs avec lesquels on travaille sont des partenaires », lancent Benjamin Maillochaud et Sébastien Bégon, pour décrire la relation de confiance qu’ils veulent instaurer avec leurs clients. Ces deux associés, fins connaisseurs de la production bovin viande pour le premier, et des grandes cultures pour le second, viennent de créer SBM Agripartage, une SARL de conseils agricoles spécialisés, basée à Journet, et intervenant sur les départements limitrophes. « Notre regard reste neutre. Les agriculteurs restent dans l’autonomie pour leurs achats d’intrants, d’aliments… » L’essentiel pour les deux conseillers est que la viabilité de l’exploitation soit maintenue et que l’agriculteur assure un revenu. Concernant les productions végétales, le conseil porte sur l’assolement, le suivi des cultures. « Mais j’interviens aussi sur la conduite des prairies », précise Sébastien Bégon. De la même manière, Benjamin Maillochaud propose de l’appui technique dans les élevages bovins allaitants. Il accompagne la conduite des troupeaux en vue de développer les résultats technico-économiques et donc augmenter la rentabilité de l’élevage. « On est aussi en appui sur le volet commercialisation. » Les deux associés participaient à la Ferme s’Invite qui leur a permis d’engranger de nombreux nouveaux contacts.