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"Ce qui est grave, c'est le manque d'infos !"

Chez les éleveurs de la Vienne, la progression de la FCO est suivie avec inquiétude, d'autant que les informations qu'ils reçoivent arrivent au compte-goutte.

Quentin Chausteur estime que les informations sur la progression du serotype-3 ont manqué, y compris auprès des professionnels et de l'administration.
Quentin Chausteur estime que les informations sur la progression du serotype-3 ont manqué, y compris auprès des professionnels et de l'administration.
© Elisabeth Hersand

Depuis son exploitation de Joussé, Quentin Chausteur a suivi à distance la progression du sérotype 3, tout l'été. L'éleveur, d'origine Belge et qui a repris une exploitation ovine il y a deux ans, connaît plusieurs agriculteurs touchés. "Les moutons tombent comme des mouches, depuis trois semaines" s'inquiète-t-il, alors que certains éleveurs de sa connaissance ont perdu jusqu'à 50 % de leur cheptel. Connaissant la situation sur place, il a rapidement contacté plusieurs vétérinaires, le GDS et la DDT, mais a vite constaté que les informations n'étaient pas encore remontées. "Je n'ai eu aucun renseignement. Il y a un vrai manque de réactivité. Les autorités belges n'ont pas réagi, et ce n'est pas mieux ici". Nicolas Mauguit, éleveur à Saulgé (450 ovins et 40 bovins), rappelle notamment que les cas en Hollande datent de l'année dernière, ce qui aurait dû permettre une organisation de la réaction et des vaccinations.

Même impression pour Kamel Filiali, sélectionneur en Texel, installé en Corrèze. "Je pense que le problème, c'est que ce sont des politiques qui prennent les décisions, et qu'ils ne suivent pas les préconisations et conclusions des scientifiques". L'éleveur estime pourtant que l'expérience de 2008 aurait dû servir de leçon. "Je suis inquiet, bien sûr, mais surtout en colère" ajoute-t-il. "La réaction est trop tardive. Je connais un éleveur dans l'Aisne qui devait vendre 21 broutards. 14 étaient positifs. Le fait de lui offrir une vaccination gratuite, ce n'est pas ça qui va vendre ses animaux. Ils sont bloqués pour 90 jours".

Le sélectionneur, qui estime que seules les gelées hivernales vont ralentir la progression du virus, trouve la situation ubuesque. "C'est comme s'il y avait un feu et que les pompiers courraient derrière, au lieu de l'attaquer et protéger les maisons qui sont devant !".

Prix et disponibilité du vaccin FCO-3

À Joussé, Quentin Chausteur a rapidement demandé à pouvoir vacciner ses quelque 1 700 brebis Texel contre le serotype-3. "On m'a dit d'attendre que la maladie se déclare chez moi ! " peste-t-il, alors que l'expérience de la Belgique montre que le vaccin diminue vraiment drastiquement la mortalité. "On connaît pourtant la maladie depuis 2006, et on n'est pas capable de réagir quand elle revient ! On a peu de données aussi sur les effets des vaccins. Si je vaccine pour le 3, quelle infertilité auront mes animaux ? Je déssaisonne, donc j'ai aussi des brebis pleines. Quel est le risque d'avortement ?

Depuis la semaine dernière, et la confirmation de trois cas en France (dans l'Aisne, le Nord et les Ardennes) la vaccination est possible. Mais encore faut-il disposer de ces vaccins. "Mon vétérinaire ne sait pas quand il pourra avoir des vaccins contre le sérotype-3, ni à quel prix" s'étonne Nicolas Mauguit (mercredi, le protocole de commande a été précisé). Lui aussi d'origine belge, l'agriculteur était en train de vacciner son cheptel en début de semaine contre les sérotypes 4 et 8. "Je pensais vraiment qu'on allait passer à côté" reconnaît-il. S'il est inquiet de l'arrivée du 3 et du problème de disponibilité de vaccins, il se dit aussi très surpris de la rapidité de progression du 8. En prévention d'une éventuelle arrivée du sérotyope-3, Quentin Chausteur a passé une bonne partie de l'été à booster l'immunité de ses animaux : vitamines, compléments alimentaires, mais aussi traitements anti-insectes. "J'ai eu la chance d'avoir une bonne herbe". Mais ce n'est malheureusement pas le cas partout dans la Vienne. L'éleveur se pose aussi beaucoup de questions sur les indemnisations lors de cas avérés. "Que prévoit le fond sanitaire auquel nous cotisons ? Et pour être indemnisé, faudra-t-il avoir vacciné ? Ou alors, faudra-t-il que ce soit un vétérinaire qui l'ait fait ? Et le coût des anti-inflammatoires ?"

La seule certitude qu'il a, c'est que la FCO (quel que soit le sérotype) va certainement passer par son élevage, comme une grande majorité des autres de la Vienne.

 

Lire aussi l'article sur la progression des 2 sérotypes

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