Artisanat
Chaussures de Gâtine sur le chemin du succès
En 2021, Sophie Brulé et Clémence Nerbusson ont repris Chaussures de Gâtine, à Pompaire, alors en liquidation. L'atelier est l'un des derniers en France à assurer la totalité de la fabrication de ses chaussures, avec des tours de main et une méthode d'assemblage traditionnels.
En 2021, Sophie Brulé et Clémence Nerbusson ont repris Chaussures de Gâtine, à Pompaire, alors en liquidation. L'atelier est l'un des derniers en France à assurer la totalité de la fabrication de ses chaussures, avec des tours de main et une méthode d'assemblage traditionnels.
C'était un projet un peu fou, sans doute. Deux femmes dans le monde très masculin de la chaussure, candidates à la reprise d'une entreprise en liquidation judiciaire, en pleine période de Covid-19. Deux femmes qui ont envie d'entrepreneuriat et de concret. En mars 2021, Sophie Brulé et Clémence Nerbusson ont repris les rênes de l'atelier Chaussures de Gâtine, à Pompaire, pour poursuivre l'activité fondée en 1957 par Charles Gilbert.
Assaillies par les commandes
Les deux amies, l'une parisienne, l'autre airvaudaise, se sont associées en 2018, autour d'un projet – déjà – de fabrication de chaussures, " Fleur de souliers ". Clémence, de formation bottière, à la conception, Sophie à la gestion.
Fin octobre 2020, l'entreprise Chaussures de Gâtine est en liquidation. Clémence et Sophie se positionnent et obtiennent les clés en février 2021. " Nous avions la certitude que le savoir-faire et le produit étaient bons. Il y avait un potentiel ".
La condition sine qua none était que les salariés de l'entreprise Gilbert continuent avec nous, car sans leur expérience et leur connaissance des machines, rien n'était possible.
Fin mars 2021, la production redémarre. " La condition sine qua none était que les salariés de l'entreprise Gilbert continuent avec nous, car sans leur expérience et leur connaissance des machines, rien n'était possible ", expliquent les nouvelles gérantes. Parmi ceux-là, Bernard Gilbert, fils de fondateur, mémoire des savoir-faire de l'entreprise.
180 des plus importants clients suivent aussi, et assaillent l'atelier de commandes à l'annonce de la reprise d'activité. " Entre les difficultés de l'entreprise et le Covid, les points de vente n'avaient pas été approvisionnés depuis un an ". Le raz-de-marée est absorbé par une équipe dévouée.
30 paires par semaine
Chaussures de Gâtine a conservé son process historique. C'est l'un des derniers ateliers français à utiliser la méthode d'assemblage Kneipp à double couture, une technique " rapide et solide " pour l'assemblage de la tige et de la semelle. Les cuirs ont été sélectionnés pour leur qualité auprès de deux tanneries espagnole et portugaise*. De la découpe de la pièce de cuir au prêt à chausser, il faut compter cinq étapes (la coupe, la piqûre, le montage, le semelage et le bichonnage) et 70 machines. " Ce savoir-faire et cet outillage, c'est la signature de Chaussures de Gâtine ", estiment Clémence et Sophie.
L'atelier sort entre 29 et 30 paires de chaussures par semaine, expédiées dans la France entière, auprès de 228 revendeurs. Les clients finaux sont dans la grande majorité des hommes, du milieu agricole, équestre, de villes rurales moyennes, fidèles à la marque.
Simple, intemporel, résistant
Appuyés par un prestataire commercial et une communication renforcée sur le web et les réseaux sociaux, les débouchés se sont élargis, avec notamment des revendeurs dans les grandes villes, et un développement à l'export, vers le Luxembourg, la Suède et le Japon.
Après 11 500 paires de chaussures fabriquées depuis la reprise de l'atelier, l'équipe s'apprête à s'attaquer à un nouveau marché. " Nous entrons dans une phase de croisière, après avoir absorbé le rush des commandes de la réouverture. C'est le moment de dynamiser notre offre ". Le catalogue s'enrichira ainsi d'une nouvelle gamme en 2024, baptisée " Gâtine Select ". " Une ligne plus citadine, pour toucher les clients urbains, sans renier nos valeurs : simple, intemporel, résistant ".
* L'approvisionnement auprès de la dernière tannerie française, en Alsace, ne permettrait pas de respecter la gamme de prix.