Concilier engrais verts et couverts favorables à la faune sauvage en viticulture
La Chambre régionale d’agriculture, la Fédération régionale des chasseurs et l’Office français de la biodiversité ont mené en Charente-Maritime des expérimentations agronomiques pour favoriser la faune sauvage en milieu viticole.
Agrifaune est un réseau qui rassemble depuis 2006 les acteurs du monde agricole et cynégétique. Il contribue au développement de pratiques agricoles qui concilient économie, agronomie, environnement et faune sauvage.
En Nouvelle-Aquitaine, la Chambre Régionale d’agriculture, la Fédération régionale des Chasseurs et l’Office français de la biodiversité (ex-ONCFS) se sont mobilisés pour mettre en œuvre un programme d'action régional visant à constituer un réseau de ferme de référence pour y réaliser des aménagements favorables à la biodiversité.
En Charente-Maritime, pour la période 2019-2021, le choix s’est porté sur la thématique « Favoriser la mise en œuvre de pratiques et d’aménagements favorables à la faune en viticulture et autres cultures pérennes en Nouvelle-Aquitaine ».
L’action s’insère dans les travaux du Groupe Technique National sur la viticulture qui a pour objectif d’identifier et de favoriser la mise en œuvre de pratiques favorables à la petite faune, chassable ou non chassable, en viticulture et d’assurer les partages de connaissances entre les différentes régions viticoles.
L’objectif est de concilier l’implantation d’un engrais vert avec un intérêt pour la faune sauvage (couvert attractif et pénétrable). Quatre exploitations, situées entre Saintes et Saint-Jean-d’Angély, sont entrées dans le programme. Pour la première année, le choix a été fait de tester le mélange Vitifaune 1, mis au point par la FDC17 (20 % avoine, 70 % Vesce et 10 % Trèfle d’Alexandrie - coût de la semence en 2020 : 31 € le sac de 20 kg), à différentes doses. Un viticulteur a souhaité comparer avec de la féverole et un autre a testé un mélange radis-avoine (Radis chinois 6 kg/ha, avoine brésilienne 70 kg/ha – dose en plein).
Suivis faunistiques
Pour la faune sauvage, deux types de suivis ont été effectués d’octobre à février. Tout d’abord un passage diurne et pédestre chaque mois, en matinée, pour détecter visuellement la présence de la faune sauvage qui séjourne dans la parcelle où les couverts expérimentaux sont implantés. Merle, grive, perdrix rouge, faisans lièvres ou encore chevreuil ont pu être comptabilisés. Le suivi nocturne à partir d’un véhicule équipé d’un phare directionnel, a permis d’observer dans la parcelle expérimentale éclairée une fois par mois d’octobre à février, les espèces qui fréquentent les aménagements de nuit, tout au long de l’hiver, chouette effraie, fouine, renards, lièvre ou chevreuil.Dans chacune des 3 parcelles équipées, un piège photographique a été positionné sur un rang aménagé et un second sur un rang enherbé. Au total, 62 % des clichés sont déclenchés sur les rangs cultivés.
Pour les espèces de faune sauvage, les pièges photographiques ont permis de mettre en évidence la présence de sanglier mais surtout la fréquentation du blaireau dans les vignes aménagées. Ces espèces n’avaient pas été détectées par les techniques de suivi nocturnes au phare.
Les suivis ont révélé l’absence de fréquentation des couverts par les faisans. On y trouve en premier lieu des lièvres et aussi une forte fréquentation du blaireau. Les couverts attirent également les grives et les chevreuils notamment dans l’avoine.
Suivis agronomiques
Les conditions climatiques (fin d’été et début d’automne secs, hiver très pluvieux) ont généré un développement inégal des couverts selon les parcelles voire au sein des parcelles.Des pesées de biomasse ont été faites en mars-avril, sur 3 des 4 parcelles avec la méthode MERCI (Méthode d’Estimation des Restitutions potentielles de N, P, K par les Cultures Intermédiaires – outil développé par la Chambre régionale Poitou-Charentes). Les couverts trop peu développés n’ont pas été pesés.
Compte-tenu des conditions climatiques (sécheresse automnale en 2019 suivie d’une longue période de pluies), les couverts ont eu du mal à s’implanter puis à se développer. L’essai a malgré tout permis de voir l’intérêt potentiel du radis (bon développement malgré les conditions climatiques, végétation haute mais permettant une circulation de la faune au sol) et d’envisager l’intégration d’un peu de radis au mélange Agrifaune 1 pour la deuxième campagne d’essai.
D’un point de vue agronomique, les crucifères restituent de la potasse (K) et du soufre, structurent le sol en profondeur et sont adaptées aux sols calcaires.