Créati Viti met en perspective les pratiques culturales biologiques
Le salon Créati Viti grandes cultures s'est déroulé le 12 mai sur une parcelle de l'Earl J'y Crois à Breville. Au programme : présentation des essais réalisés sur place, ainsi que des démonstrations de désherbage mécanique et d'outils de travail du sol.
Quelques semaines après la journée technique de la station viticole le 28 avril à l'occasion de laquelle l'interprofession a mis en avant la viticulture durable, on peut dire que le salon technique Creati Viti grandes cultures tombe à pic ! "On sent que les choses bougent même si cela ne se fera pas du jour au lendemain", a expliqué à ce propos Pascal Rousteau, de l'Earl J'y Crois, et nouveau président de Vitibio, qui regrette toutefois que les maisons de cognac ne valorisent pas les eaux-de-vie des fournisseurs aux pratiques culturales biologiques. La première édition de Créati Viti s'est déroulée en septembre 2014 au lycée agricole Renaudin à Jonzac. Cette fois-ci, le salon a fait escale à Breville sur une parcelle de vignes et de grandes cultures en bio de l'Earl J'y Crois de Pascal et Agnès Rousteau. Les organisateurs et le principal financeur, l'agence de l'eau Adour Garonne, ont choisi un secteur situé sur l'aire d'alimentation des captages prioritaires de Coulonge et Saint Hippolyte, particulièrement sensible en matière de qualité de l'eau. Sarah Paulet, de Charente Eau, a pu rappeler les objectifs de réduction des nitrates et de produits phytosanitaires sur les territoires à enjeux eau et la volonté de l'agence de l'eau de privilégié l'aide à l'achat de matériels adapté sur ces zones.
Organisée par Vitibio, la MAB 16, le GAB 17 et Agrobio Poitou-Charentes, Creati Viti cherche à faire la promotion de l'agriculture bio et de ses modes de production. "C'est aussi l'occasion de voir ce qui existe sur le marché des outils de désherbage mécanique, explique Pascal Rousteau. On a 17 types de matériels différents en présentation. Hormis, le Sitevi ou des salons de ce genre, on a rarement une concentration aussi importante. Sauf qu'ils seront essayés sur des parcelles de vigne avec le cavaillon enherbé". En effet, les vendeurs de matériels étaient là en force parmi les 25 exposants pour présenter leurs outils de désherbage mécanique en grandes cultures, sur culture de printemps comme des houes rotatives ou des roto-etrilleuse. Des démonstrations d'outils de travail du sol du cavaillon et de l'inter-rang en viticulture ont eu lieu également l'après-midi. Le désherbage en plein devrait être proscrit par le référentiel viticulture durable qui sera dévoilé par le Bnic en septembre prochain. "On peut très rapidement l'abandonner, affirme Pascal Rousteau. Pour le cavaillon à la limite mais pour l'inter-rang on sait faire. On a des rangs larges chez nous. Ce n'est pas très compliqué".
Association
Cette journée a permis de découvrir le fonctionnement de l'exploitation des hôtes du jour (voir encadré), mais aussi les résultats des essais de fertilisation et d'association de cultures avec Pierre Gaborit de la MAB 16, et ceux sur la phytothérapie et la réduction des intrants par Jean-Christophe Gérardin, de la chambre d'agriculture de la Charente. "L'association céréales et protéagineux est un bon moyen de valoriser les potentiels limités", selon Pierre Gaborit.
L'Earl J'y Crois
Converti au bio à partir de 1998 pour son vignoble, l'Earl J'y Crois comprend 18 ha de vignes, dont 4 ha récemment plantés, avec de la vente directe de cognac, de pineau et de vin, et un contrat en 00 avec Martell. À cela s'ajoutent 50 ha de grandes cultures, convertis en 2003, et transformés à 100 % via le GIE Ferme de Chassagne. La main d'oeuvre est composée de 3,8 UMO : Pascal et Agnès Rousteau, un salarié, un apprenti et parfois des stagiaires et de la main d'oeuvre familiale. "On ne cherche pas s'agrandir à outrance, dit Pascal Rousteau. On veut être les plus nombreux possible avec les cultures les plus rémunératrices pour vivre sur la structure".
En matière d'intrants, le coût de traitement des vignes s'élève à 600 EURha/an (cuivre, soufre, huiles essentielles, argile, Pyrevert). Aucun apport n'est réalisé en grandes cultures avec un objectif d'autonomie par l'azote des précédentes légumineuses mises dans les assolements. En moyenne 10 traitements de la vigne sont réalisés avec environ 4 000 g de cuivre métal/ha/an. L'argile est soupoudré à raison de 30 kg/ha sur les parcelles à risque de pourriture. À noter l'utilisation occasionnelle de tisanes d'ortie et de fougère, et d'huiles essentielles (eucalyptus, lavande...). "Nous n'utilisons pas de produits chimiques de synthèse, ajoute Pascal Rousteau. Mais nous sommes aussi concernés par la réduction des doses de cuivre et de soufre".