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Culture de soja non-OGM : essai peu concluant en Charente-Limousine

Quarante hectares de soja non-OGM ont été implantés en Charente-Limousine, dans le cadre de la création d’une filière soja non-OGM, encouragée par la Région. Une mission qui permet de mettre en action Soléo Développement, créée par plusieurs coopératives régionales, dont Charentes Alliance.

En août 2013, Ségolène Royal, alors présidente de la région Poitou-Charentes, entreprend une visite très médiatisée de l’exploitation d’Eric Simon, à Thorigné dans les Deux-Sèvres. Le producteur, qui est aussi président de la coopérative céréalière Sèvre et Belle, fait partie d’une expérimentation pour l'implantation de sojas non-OGM. Il s’agit alors ni plus ni moins que de lancer en Poitou-Charentes, « la première filière de soja non-OGM ». L’objectif : permettre aux éleveurs de la région de s’assurer une alimentation du bétail sans OGM, gagner en autonomie alimentaire et ainsi s’affranchir des importations de protéines américaines sans garantie. Pour ce qui est alors qualifié de « première expérience française », la Région Poitou-Charentes a accordé une aide de 30 000 euros la première année, avec pour objectif la production de 15 000 ha de soja non-OGM d'ici à trois ans. Plus d’un an après, où en est-on de l’avancée de la filière ? La structure Soléo Développement, créée par les trois coopératives céréalières : Charentes Alliance, Sèvre et Belle et Coréa Poitou-Charentes, est devenue un acteur impliqué dans le lancement de la filière, aux côtés d’Alicoop, fabricant d’aliments composés situé à Pamproux (79). Rappelons que Soléo Développement, qui compte désormais un quatrième membre avec la coopérative Faye sur Ardin, est justement chargée de soutenir et de promouvoir l’élevage dans la région. Autre avancée significative : le soutien de la région à la création de la filière a pris la forme d’une aide de 150 euros par hectare, dans le cadre de ce dispositif expérimental. Fin octobre 2014, le service Agriculture de la Région annonçait avoir reçu 100 demandes de soutien (sous réserve d’acceptation des dossiers), représentant une surface de 570 hectares de soja, destinée à l’alimentation animale via Alicoop.

40 hectares en Charente-Limousine


En Charente-Limousine, deux agriculteurs, dont Philippe Mondion, administrateur de Charentes Alliance, ont répondu positivement à l’offre de mettre en place des hectares de culture-test (40). Antoine Pérucaud, Responsable Région de Charentes Alliance, les suit. A Saint-Gervais, Philippe Mondion a donc semé une parcelle de 10 hectares de soja, le 15 mai. A la mi-septembre, juste avant la récolte, l’agriculteur et le technicien de Charentes Alliance ont dressé un premier bilan de la culture. Sans relever de souci majeur (hormis les températures fraîches d’été), car même l’insecticide prévu est resté au placard. « Une conduite pas embêtante » juge alors l’exploitant, conscient toutefois que « tout va se jouer à la récolte ». En cause : « le stade problématique de la première gousse, pas assez élevé (à 5 cm du sol) pour le ramassage », confie l’agriculteur.



Culture moins gourmande en azote


Installé sur une exploitation céréalière (180 hectares) et allaitante (un troupeau de 30 mères charolaises), il explique sa motivation pour cet essai par « le souci d’allonger les rotations et de mettre en place des cultures moins gourmandes en azote ». Dans ce cadre-là, Philippe Mondion vient aussi de semer pour la seconde année 54 hectares de lupin. A l’heure de la récolte, la semaine dernière, Philippe Mondion confirme ses craintes : « Je suis déçu du résultat. Soit 19,5 quintaux par hectare, alors que l’on misait au départ sur un rendement d’environ 25 quintaux par hectare ». L’agriculteur cherche des explications : « Je pense que le rendement final est bien imputable aux températures de cet été. La plante n’était pas assez développée et à la récolte, les premières gousses se sont retrouvées trop basses, entraînant beaucoup de déchets ». L’entrepreneur de travaux agricoles, chargé de récolter les 10 hectares, a pourtant ralenti la vitesse de la moissonneuse-batteuse pour éviter ces pertes. « La culture ne semble pas facile dans nos terres », note Philippe Mondion. Il s’appuie sur le témoignage d’autres agriculteurs pour se forger cette opinion : « L’autre producteur de Charente-Limousine n’a pas fait mieux que moi et un exploitant du nord-Charente n’a réalisé que 23 quintaux par hectare en irriguant ».Antoine Pérucaud tient à relativiser : « Attention, il s’agit d’une première année d’expérimentation, qui nous permet aussi de collecter des données. Maintenant, nous allons tout analyser : la nature des sols, les conditions climatiques, les températures pendant la culture, le besoin ou non d’irrigation… Ce bilan technique de la culture devrait être effectué d’ici la fin de l’année et il y aura un retour vers les producteurs ». De quoi, peut-être, faire changer d’avis Philippe Mondion, qui pour l’instant se dit peu tenté pour reconduire l’expérience. Ce qui serait dommage car, de son côté, Benoît Biteau, vice-président de la Région Poitou-Charentes confie que « s’il faut pérenniser cette aide de 150 euros/ha, on le fera. Pour l’instant, on va la voter d’année en année, en fonction de la dynamique ». Notons aussi que la prime spécifique protéagineux devrait tourner autour des 200 euros l’hectare.

Coût moyen des charges opérationnelles de l’essai :


- Semences (densité de 450 à 500 000 grains par hectare, soit 4,5 doses par hectare) : 247 euros


- Inoculum (inoculation Force 48 ; 1 dose/ha) : 32 euros


- Désherbage (Mercantor Gold : 1,4 l/ha ; Pulsar 40 : 1 l/ha) : 104 euros


- Fertilisation : 69 euros


- Pas de fongicide, ni d’insecticide nécessaires.

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