Dans la région, des disparités criantes en matière d’irrigation
Alors que la région vient tout juste d’être créée, les pratiques d’irrigation sont disparates d’un département à l’autre. Les associations planchent sur une harmonisation des pratiques.
Au vu de la taille du territoire, les conditions de ressources en eau et de pratiques dans la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes sont très disparates. Selon les secteurs, le cumul annuel de prix peut passer du simple au triple. Pour gérer cette ressource, on compte deux SDAGE, Loire Bretagne et Adour Garonne (ce dernier représentant près de 70 % de la grande région), ainsi que trente SAGE, dont une partie est toujours en cours d’élaboration. Près de 20 % des agriculteurs d’ALPC sont irrigants, soit un peu plus de 15 500 exploitants (1), dont 27 % sont du Poitou-Charentes, pour seulement 3 % issus du Limousin et 70 % en Aquitaine. En surface, un peu plus de 450 000 hectares sont irrigués, soit autour de 12 % de la SAU grande région. Sur ce chiffre, le Poitou-Charentes représente près de la moitié des surfaces, ce qui laisse supposer que les irrigants de la région auront un poids non négligeable sur la mise en place des politiques d’irrigation en région.
L’Aquitaine en pointe
Au total, l’irrigation en région représente 780,5 millions de m3, dont 510 en Aquitaine, 265 en Poitou-Charentes et 5,5 en Limousin. Côté cultures irriguées, l’éventail est très grand. Si on retrouve du maïs dans tous des départements, l’Aquitaine a, elle aussi, des cultures légumières, fruitières et vergers. Dans le Limousin, on compte aussi de l’arboriculture, des cultures de pommes de terre et du maraîchage. Enfin, en Poitou-Charentes, on irrigue également des céréales à paille, prairies, melons, tabac, arboriculture et maraîchage. « On attend beaucoup de cette nouvelle grande région », lance Louis-Marie Grollier. L’irrigant du Sud Vienne, également président d’Aquanide, espère que cette nouvelle dimension permettra d’harmoniser les pratiques. « Actuellement, les choses sont vraiment très différentes d’un département à l’autre, alors même qu’on est parfois sur un même bassin ». L’association, qui compte six sections locales d’irrigants, est la seule à cette échelle. Trois autres associations existent en grande région : G164 (groupement des irrigants de Pyrénées Atlantiques), l’association des irrigants des Landes et ADI24 (association des irrigants de la Dordogne). Des associations qui vont donc devoir faire entendre leur voix auprès des structures régionales impliquées dans la gestion de l’eau, c’est-à-dire le conseil régional, la préfecture de région, la Draaf et la Dreal. Tout juste mise en place, la nouvelle grande région n’a d’ailleurs pas encore fait connaître sa position sur le dossier de l’irrigation. « On avance sur nos dossiers », lance Olivier Pin, président de Réseau Clain, association qui regroupe les coopératives de mise en place de réserves de substitution sur le bassin du Clain, dans la Vienne. « Mais les projets sont lourds et difficiles à mettre en place. Ce qui pose problème également, c’est le coût de ces études et des projets. » Pour mémoire, le volume prélevé sur ce bassin doit passer à 17 millions de m3 d’ici 2018 (contre 30 en 2015), notamment grâce à la mise en place de ces retenues qui devrait compenser la baisse de 13 millions de m3 mais qui se fait très difficilement.
Une collaboration plus forte avec les élus
« Pour ces projets, il faut que nous construisions un type de gouvernance et un pilotage nouveau », ajoute Gilles Chevalier. Le président de l’association des irrigants de la Vienne avait choisi pour thème de son assemblée générale la grande région. « La question est de savoir comment nos élus peuvent réellement intervenir et être de véritables acteurs de notre ruralité, en permettant à l’économie que représente l’irrigation de continuer à exister ». Et Gilles Chevalier de rappeler la décision du tribunal administratif de Poitiers qui a annulé, à l’automne dernier, l’autorisation pour la réserve de Benon et Ferrières, en Charente-Maritime. « En attendant que nos réserves se fassent, nous n’accepterons pas de nouvelle baisse de volume ou de modification de seuil de coupure » prévient, excédé, le président de l’Adiv, qui regrette que la réglementation soit toujours à charge contre l’irrigation. « Nous ne devons plus nous contenter de subir » Une interpellation entendue par Philippe Chartier. Même s’il est dans l’opposition, et ne peut donc pas donner la position de la nouvelle région, l’élu poitevin propose une rencontre à Bordeaux entre le conseil régional et une délégation d’irrigants pour présenter les dossiers en cours et les enjeux.
À l’issue de l’assemblée générale de l’Adiv, l’association a célébré ses cinquante ans.
Aquanide
Par souci de cohérence, les associations d’irrigants des Deux-Sèvres, de Charente ainsi que de Charente-Maritime viennent de changer de nom. Ils se nomment désormais Aquanide 79, Aquanide 16 et Aquanide 17.