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Vandalisme
Dégradation du matériel agricole : «c’est écœurant»

Dans la nuit du 12 au 13 septembre, un ou plusieurs individus ont volé un télescopique et l’ont ensuite utilisé pour dégrader une station de pompage et une rampe d’irrigation. C’est un coût financier élevé pour les trois exploitations visées et, au-delà, un préjudice moral.

Le télescopique volé a servi à emboutir la cabane comme un tracteur bélier.
© Gaec La Fontaine

« Je n’ai pas de sentiment de révolte. On va réparer », déclare Jacky Mesmin en philosophe. Cet éleveur bovin d’Aigondigné aurait pourtant de quoi s’indigner : sa rampe d’irrigation, toute neuve, montée par ses propres soins, a été détruite en partie dans la nuit du 12 au 13 septembre. Le ou les auteurs ont volé le télescopique du voisin et renversé la rampe à partir du porte-à-faux. « C’est la première année où je suis passé à l’irrigation, témoigne l’agriculteur. L’installation a coûté 120 000 euros. J’avais fait attention au choix du matériel pour réduire la consommation d’eau et d’énergie ». Les sécheresses répétées et la baisse des rendements l’ont amené à se tourner vers l’arrosage.

À quelques pas de là, au Gaec la Fontaine, c’est un « sentiment d’écœurement » qui prédomine. Henri Bonneau, installé depuis 2006, a constaté dimanche matin que la station de pompage avait été emboutie par le télescopique. « Psychologiquement, ce n’est pas évident, mais on va rebondir. On n’a pas l’habitude de se laisser abattre. » Les trois agriculteurs victimes ont déposé une plainte à la gendarmerie et une enquête est en cours.

« Inacceptable » pour JA et Fnsea

Dans un communiqué commun, les deux syndicats majoritaires expriment leur indignation : « C’est une nouvelle attaque contre le monde agricole, et une énième fois sur des outils d’irrigation, ce qui ajoute une couche supplémentaire au climat déjà tendu à ce sujet. Nous sommes indignés par ce type de comportement. A quel moment avons-nous cessé l’échange et le dialogue ? Quand avons-nous fait passer la vengeance avant le civisme ? Aucun désaccord, aucune colère ne peut justifier de tels actes ». Thomas Gaillard et Grégory Nivelle, présidents des JA 79 et de la Fnsea 79, déplorent que le dialogue établi avec la société ne soit pas possible avec « une poignée d’extrémistes », « toujours dans la non-discussion, l’opposition et les dégradations. Ils s’en prennent à nos outils, nous empêchant d’effectuer notre travail correctement. C’est inacceptable ! ».

 

Pour le Président de la chambre d’agriculture, Jean-Marc Renaudeau, ce vandalisme touche l’agriculture dans son ensemble, pas seulement les irrigants. « Il existe plusieurs modèles d’agricultures et ils sont complémentaires. Mais est-ce que dans ce pays on se parle ? Ou on agit par des moyens lâches ? », s’indigne-t-il.

Le Président de la Coop de l’Eau, Thierry Boudaud, dont l’exploitation avait été prise pour cible il y a un an, s’est également exprimé dans un communiqué pour dénoncer ces actes malveillants. « C’est d’autant scandaleux que cela touche de jeunes agriculteurs, installés sur des exploitations d’élevage. Ils travaillent dur dans un contexte difficile. Aujourd’hui, ils sont très choqués, ainsi que leurs familles. » Ils peuvent compter sur le soutien de toute la profession, y compris de la Fédération des Cuma, déclare son président Joseph Guérineau. « Ces actes malveillants n’entameront pas notre volonté de poursuivre le dialogue avec tous nos interlocuteurs pour faire avancer notre projet », poursuit Thierry Boudaud. Si toutefois les dégradations avaient un lien avec le projet de réserves de substitution, Joseph Guerineau tient à rappeler que : « La FDCUMA soutient ce projet d’envergure, porté par des agriculteurs du territoire, dans l’objectif de maintenir une production végétale et de l’élevage à long terme. Ce projet de réserves permettra de participer à notre souveraineté alimentaire et notre économie locale tout en permettant des évolutions de pratiques agricoles ».

Opposants aux réserves : « On veut avoir gain de cause par la voie légale »

Le 9 septembre, le mouvement Extinction Rebellion revendiquait par communiqué de presse « la mise en œuvre d’actions de désobéissance civile, non violente, après le 11 octobre (ndrl : journée de mobilisation) pour manifester son opposition au projet de construction de bassines dans la région ». Contacté par la rédaction suite aux dégradations constatées le week-end dernier chez trois agriculteurs du sud Deux-Sèvres, le groupe affirme : « Nous n'avons pas eu d'échange collectif sur la question (ndlr: les dégradations) et ne pouvons donc pas nous positionner sur cette action ». Par ailleurs, le groupe assure : « Nous pratiquons à visage découvert et revendiquons toutes nos actions ». Sur cette délicate question de l'eau, Julien Le Guet veut clairement réaffirmer la position du collectif Bassine Non Merci : "Il est hors de question de s'en prendre aux individus ou aux outils de travail». Le collectif espère obtenir gain de cause par les voies légales, juridique et politique. "Si des actions de désobéissance civile devaient être entreprises, elles viseraient les décideurs politiques, c'est-à-dire les collectivités et l'État qui n'auront pas su être garants de l'intérêt général et du respect des réglementations en vigueur en terme de gestion de l'eau (directive Cadre sur l'eau...) », déclare Julien Le Guet.

 

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