Des abattoirs devenus temple du son
En quelques années, les Abattoirs de Cognac sont devenus un lieu emblématique de diffusion des musiques actuelles. Comme son nom l'indique, le site abritait auparavant les anciens abattoirs de la ville.
Au XIXe siècle, Cognac a connu un essor spectaculaire, en majeure partie grâce à la célèbre eau-de-vie locale.
Les abattoirs de Cognac naissent à cette époque. Avant, il y avait des lieux d'abattage non réglementés dans les campagnes. Ce n'est que fin 1853 que l'emplacement est décidé. Il faut trouver le bon terrain, avec un accès à l'eau pour le nettoyage du bâtiment. "Un terrain est offert, par le maire, dans l'île de la Vigerie, et pour en faciliter l'accès, le bras de rivière dit fossé de la Corne-de-Bœuf est comblé et remplacé par une rue, l'actuelle rue de l'Abattoir". La construction s'effectue en 1857 et 1858. Au départ, une halle unique assortie de deux bâtiments tels que des écuries, une aire d'échaudage, une zone de flambage sont aménagés. "Le site épouse une architecture industrielle typique du XIXe siècle, avant l'introduction de l'architecture métallique, détaille Vincent Bretagnolle. Il est construit avec la pierre calcaire locale. Des travaux d'agrandissement sont effectués pour permettre l'installation de nouveaux saloirs et de cases supplémentaires pour les bouchers". Les abattoirs de Cognac vont fonctionner pendant plus d'un siècle. L'activité prend fin en 1987. Puis les lieux sont aménagés au début des années 1990 pour devenir un restaurant : "Le Val de Charente" puis est utilisé par Cognac Blues Passions pour accueillir des concerts pendant son festival estival. Avec l'aide de la Ville, l'association Westrock donne une nouvelle vie au lieu, en le dédiant totalement à la musique. "Nous organisions des concerts en centre-ville, dans le centre d'animation disposant de 250 places, explique Clément Marchal, régisseur général de Westrock, association qui gère la salle de spectacle. Mais nous rencontrions des soucis de voisinage. Nous avons été dans plusieurs lieux, avant de rebondir vers les abattoirs". Le premier concert se tient en avril 2006, avec Clawfinger et Tagada Jones. "Nous avons organisé un mini-festival sur une soirée. Nous avions fait venir une scène et tout le matériel. Pendant 3 ou 4 ans, nous avons commencé à prendre nos marques dans ce lieu. C'est pourquoi on a monté un dossier avec la mairie pour pousser plus loin l'aménagement". Les travaux commencent en 2011, avec l'isolation thermique et phonique des toitures (700 m2).
Depuis les Abattoirs et Westrock ont accueilli des dizaines de concerts. "Nous travaillons toujours dans un esprit de découverte. Nous avons fait venir des artistes désormais réputés, à leurs débuts : Clara Luciani, Soprano, Skip the Use, Moriarty, Cœur de Pirate, Camélia Jordana, Brigitte, Tété, etc.". Le site s'est enrichi d'un local de répétition et d'aménagements extérieurs. "Nous aimerions rapatrier notre école de musique, située en centre-ville, aux Abattoirs. Mais la zone étant inondable, ce n'est pas simple", conclut Clément Marchal.