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Des agriculteurs qui se sentent soutenus… mais pas par le gouvernement

Même s’ils avaient laissé leurs tracteurs dans leurs exploitations, les agriculteurs du Poitou-Charentes se sont mobilisés le 3 septembre dernier pour participer à la journée d’action nationale, à Paris. A défaut d’être satisfaits des mesures annoncées par le gouvernement, la journée leur a permis de se sentir soutenus par le grand public.

7h30, Saint-Arnoult. Certes, le déplacement était moins long que celui de leurs confrères, venus de Bretagne, Bourgogne ou Normandie en tracteurs, mais les agriculteurs du Poitou-Charentes, étaient tout autant déterminés à exprimer leur détresse, leur colère, et leur volonté de continuer leur activité. Après quelques minutes de pause, les 3 bus affrétés par la FNSEA et les JA des quatre départements reprennent la route en convoi. Direction Nation. A bord, des éleveurs, bien sûr, mais aussi des céréaliers. Des actifs, des retraités, mais aussi beaucoup de jeunes, dont certains en cours d’installation. Même des élèves en BTS ACSE de la Vienne, qui ont convaincu leurs enseignants de l’intérêt de participer à cette mobilisation. Si dans le bus, l’ambiance est conviviale, les slogans qui s’inscrivent sur les pancartes, tout au long du voyage, laissent deviner le malaise  : « La mort est dans le pré », « Passionnés par notre métier. Laissez nous travailler », « Attention, danger, paysans en colère », « L’élevage pour tous », « Céréaliers en colère », « France, n’abandonne pas tes paysans »… En pénétrant dans Paris, le convoi est rejoint par les autres cortèges de bus et tracteurs, venus des péages de Chamant-Senlis, Coutevroult, ou Fleury-en-Bière. Alors que le trafic ralentit de plus en plus, la réaction des Parisiens se fait sentir. Sur les ponts enjambant le périphérique, le long des avenues, les agriculteurs sont surpris d’entendre des applaudissements, des encouragements au mouvement. À l’arrivée à Nation, vers midi, c’est presque une haie d’honneur qui est faite par les Parisiens pour accueillir bus et tracteurs. Si les 3 bus stoppent rapidement, et que les agriculteurs doivent donc rejoindre la place à pied, la « mimimobile », voiture de « gendarmerie locale » de la Baie des Champs à Sèvres Anxaumont, rejoint les tracteurs déjà stationnés. Conduite par Yves Debien, le véhicule, qui a voyagé sur une plateforme depuis Poitiers, et qui sert habituellement à l’animation des Fêtes de la Terre et autres manifestations agricoles, devient le point de ralliement des agriculteurs de la région. Sur la scène installée devant Nation, et au milieu des quelque 1 700 tracteurs disséminés tout autour, se succèdent alors les présidents des FNSEA locales, des sections animales, végétales, alors que le casse-croûte s’organise, jusqu’à 14 h 30. Tout juste arrivé de Matignon, où il a rencontré Manuel Valls, Xavier Beulin vient détailler les mesures gouvernementales en soutien à l’agriculture. Si les agriculteurs sont au départ particulièrement attentifs, un bruit de fond se fait rapidement entendre. « On avait eu peanuts il y a quelques semaines. Là, on a deux fois peanuts » lance Michel Caillé. L’éleveur de la Vienne, tout comme les autres présents autour de la scène, ne cache pas sa déception. « On souhaitait des mesures qui nous donnent des perspectives » ajoute Philippe Moinard, président de la FNSEA Poitou-Charentes. « Tout cela va juste permettre aux plus en difficulté de survivre quelques mois de plus, c’est tout » ajoute Michel Caillé. À quelques mètres de la scène, et alors que les premiers sifflets commencent à être entendus, les agriculteurs de la Vienne prennent la route vers Bastille, à bord de la MimiMobile. « Le Foll démission » entend-on rapidement dans un cortège qui souhaite exprimer son mécontentement face à ces mesures. À quelques mètres de la Bastille, les agriculteurs sont stoppés par une ligne de CRS. Après quelques éclats de voix, le cortège fait demi-tour, et rejoint la place de la Nation. Même si les annonces du gouvernement restent décevantes pour ces agriculteurs, tous repartent tout de même le moral regonflé par l’ampleur du rassemblement (5 000 agriculteurs et 1 700 tracteurs), mais aussi par l’accueil des Parisiens. « On s’est sentis soutenus » commente Denis Bergeron. Le président de la FNSEA de la Vienne rappelle d’ailleurs que le bus du département affichait complet. Lui, qui est allé à l’assemblée nationale rencontrer les députés, se dit tout de même déçus. « En Poitou-Charentes, un seul député était présent, et pas un seul de la Vienne… ». Sur les annonces, il est également déçu, mais relève tout de même la pause réglementaire annoncée jusqu’en février 2016. Dès lundi, réunie en bureau, la chambre d’agriculture de la Vienne a d’ailleurs pris acte de cette décision. « Puisqu’il y a une pause, nous avons décidé de ne plus siéger, jusqu’en février, dans les différentes instances de décision liées à ces normes » explique Dominique Marchand. Le président de la chambre d’agriculture de la Vienne a d’ailleurs demandé un rendez-vous à la préfète pour lui expliquer cette décision, et espère être suivi par les autres chambres de la région.

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