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Des coupures qui inquiètent

  Depuis le 1er novembre, il est possible pour les fournisseurs d’énergie de couper l’électricité pendant les périodes de tensions, pour éviter le black-out. Si cette situation ne devrait pas intervenir avant la mi-novembre, elle pourrait concerner particuliers comme professionnels et collectivités.

Le site MonEcoWatt (https://www.monecowatt.fr/) permet de visualiser l’état du réseau électrique.

Pour ceux qui ont lu « Ravage », le livre écrit par René Barjavel en 1972, l’annonce de coupures de courant est un peu anxiogène. Mais pour les fournisseurs d’électricité qui se préparent à l’éventualité depuis plusieurs mois, tout est désormais prêt. SRD Énergies Vienne a d’ailleurs convié la semaine dernière des entreprises et les collectivités locales à une réunion d’information sur les modalités de mise en œuvre de ces opérations de délestage. Dès qu’une tension importante sera constatée, le fournisseur préviendra par SMS ses clients qu’une coupure pourrait intervenir dans les trois jours. Les clients aillant téléchargé « MonEcoWatt » seront dans le même temps alertés par l’application. La veille de la coupure, à partir de 20h, une carte sera disponible sur le site internet de SRD (https://www.srd-energies.fr/), sur laquelle les zones de coupures seront précisées, avec les horaires concernés. Il sera possible d’écrire son adresse pour se repérer plus facilement. « Le délestage se fera par disjoncteurs, avec un système tournant, sur les 6 échelons que nous avons mis en place » explique Vincent Giraud, PDG de SRD. Les différentes zones seront coupées pendant des plages de 2h, les unes à la suite des autres, mais toujours dans ces horaires : entre 8h et 13h puis 18h et 20h. Le fournisseur d’accès assure que ses clients seront avisés à plusieurs reprises par SMS ou mails dans les jours qui précéderont ces coupures.

Vigilance sur la chaîne du froid

Pour les particuliers, même si la perspective d’être privé d’électricité ne réjouit évidemment pas, le fait que ces coupures n’excèdent pas deux heures, devrait permettre de ne pas avoir trop d’impact. S’il reste clos, un congélateur peut notamment conserver le froid pendant deux heures. Mais en revanche, pour les professionnels de la restauration, la réglementation stipule notamment que « la chaîne du froid (conservation entre 0° et 3°) ne doit jamais être rompue ». Des contraintes sanitaires qui concernent également l’agriculture. Parmi les exploitations les plus inquiétées par les coupures d’électricité possible, se trouve l’élevage laitier pour qui l’énergie est nécessaire à la production. « On a un tank avec du lait à l’intérieur. Si on nous coupe le courant, et que le lait n’est plus conforme au moment de la livraison, il va y avoir un problème ! », signalent Mathieu Caillé et Cédric Chavigneau, du Gaec des 5 Chemins, à La Chapelle-Bâton. « Les horaires de coupures possibles, tombent au moment des heures de traite. Ce sont des plages horaires qui ne correspondent pas à notre métier. Si mon robot d’alimentation ne fonctionne pas, c’est moins grave, on peut trouver des solutions. Mais pour la traite, on ne peut pas faire autrement. » Les deux éleveurs s’inquiètent aussi de la bonne marche de plusieurs équipements si le courant venait à manquer. « On a des cartes électroniques qui gèrent le pilotage de la salle de traite, les compteurs à lait. Il ne faut pas qu’une coupure grille ces installations ». Et se préparent utiliser leur génératrice (lire en page 3). En dehors de la réfrigération, les boutiques, alimentaires comme les autres, disposent de caisses la plupart du temps électriques. À l’exception d’un règlement en espèce, payer dans une boutique n’ayant plus d’électricité paraît donc impossible. « Ça risque d’être pénalisant pour nous », confie Stéphane Fournier, gérant de la boulangerie La Galmoisine, à Saint-Maurice La Clouère, qui pense aussi au stockage de ses matières premières dans ses frigos et aux horaires de mise en route de son four. Du côté des grandes et moyennes surfaces, concernées elles aussi par le délestage, le recours à des groupes électrogènes est envisagé - quand elles en ont. Non délestables elles aussi, les mairies vont devoir accepter les coupures. «Ça ne m’affole pas plus que ça» explique Bernard Biet, le maire d’Availles en Châtellerault. «La mairie ne sera pas fermée, mais effectivement, elle n’aura plus d’électricité ni de chauffage le temps des délestages. Mais ça ne remet pas en cause son fonctionnement». Même chose pour l’école, pour laquelle une coupure à l’heure du repas serait évidemment plus embêtante. «C’est gênant, mais pas plus. Il faut rester positif!» conclut le maire.

 

Producteurs d’énergie?

Même si couper les équipements qui produisent de l’énergie alors qu’on en manque, paraît un peu étrange, assez peu de méthaniseurs ou centrales photovoltaiques font partie des non-délestables. « Une bonne partie des méthaniseurs de la Vienne sont équipés en groupes électrogènes » rassure Yves Debien, le président de Valeurs Agri Métha, « mais il faut qu’on soit prévenu suffisamment avant ! ». Laurent Lambert, éleveur laitier à Marigny-Brizay et également méthaniseur, ajoute qu’il faudra prévoir la présence de deux personnes sur le site dans le cas d’une coupure. « Dans mon exploitation, on a aussi les vaches à traire… » Et d’ajouter qu’en cas d’arrêt de l’unité de méthanisation, le réarmement prendrait ensuite du temps.
 
 
 

« Non-délestables ? »

Le Préfet de la Vienne a publié un arrêté préfectoral précisant la liste des usagers devant bénéficier du maintien de l’électricité, et qui ne seront donc pas concernés par ces coupures.  Il s’agit des établissements de production d’eau potable, des structures de santé et des infrastructures sanitaires, des installations industrielles classées et des entreprises de communication, d’énergie, média, sécurité, défense et transports. Ils représentent 38% des clients.
 
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