Des oliviers pour se diversifier
Lætitia Plumat a planté 3 000 oliviers sur son exploitation à Fouquebrune et tente ainsi une nouvelle diversification.
Face à la crise agricole, "il faut essayer de trouver des solutions, de se diversifier". Lætitia Plumat, agricultrice à Fouquebrune, a choisi de rejoindre le programme Oil'ive Green et de planter 3 000 oliviers sur 2 hectares. Son exploitation se composait déjà de 7 hectares de vignes pour le cognac, de chênes truffier et de 55 hectares de grandes cultures en conventionnel qu'elle réduit progressivement pour passer en bio. Elle produit également de la luzerne pour un éleveur voisin. Elle est installée depuis 2005 sur la ferme familiale. "Mon père disait : quand on a la terre et quand on a l'eau, tout est possible. Ici, on est sur des terres de groies qui sont parfaites pour l'olivier, pour le chêne et pour la vigne", explique l'agricultrice de 53 ans.
Lætitia Plumat démarre donc sa production avec 2 hectares dans un premier temps. Si tout se passe bien, elle pourrait aller jusqu'à 8 hectares. Oliv'Green produit les plants au Maroc et prend en charge la plantation, éventuellement la taille mécanisée, et la récolte. "Je m'occupe de la conduite de l'arbre : le palissage, le relevage, la taille, l'entretien du sol. Je passerai l'intercep entre les rangs. Je commence prudemment, et je ne pars pas en bio pour pouvoir utiliser l'insecticide en cas de problème. C'est beaucoup plus simple que la vigne." L'olive est aussi une culture peut consommatrice d'eau. "On est à moins de 500 mètres cube à l'hectare par an contre cinq fois plus pour le maïs". Il s'agit de varier les productions, "plutôt que de partir sur une course à l'hectare. L'huile d'olive se valorise bien, mieux que les autres huiles végétales."
Rentabilité
Pour Lætitia Plumat, l'investissement représente 33 000 € avec une rentabilité attendue de 750 €/ha, auquel il faudrait ajouter l'éventuelle revalorisation des déchets issus de l'olive et de l'olivier. "L'huile d'olive est un produit qui a une image plutôt vertueuse. Derrière, il y a une forte demande et peu de production". L'huile d'olive vient d'Espagne et du Maroc essentiellement. En France, elle se limite à une petite production haut de gamme en Provence à destination de l'épicerie fine. Avec Oil'Ive Green, la production des oliviers, en conventionnel, servira à produire une huile d'olive à destination d'un marché mondial haut de gamme en épicerie fine. L'huile d'olive française serait en effet difficile à valoriser pour les producteurs sur le marché national. En d'autres termes, l'huile des olives produites à Fouquebrune pourrait bien se retrouver dans une épicerie haut de gamme à New York ou Dubaï. "Mais je veux conserver 10 % de ma production pour faire une huile d'olive locale, vendue à la propriété", prévient Lætitia Plumat. Elle devra attendre trois ans pour sa première récolte.
Pendant ce temps, Oil'Ive Green lance sa première récolte et sa première transformation en huile d'olive. "Ce sont de petits volumes pour faire de l'analytique et de l'échantillonnage. Nous voulons faire les concours pour montrer que nous existons", prévient le directeur général Yannick Masmodet. L'objectif est de contrôler toute la chaîne, en gérant le nombre de producteurs qui rentrent dans la filière.
Enfin, plusieurs autres chantiers sont en cours du côté d'Oil'Ive Green : "Nous travaillons avec l'État pour débloquer des aides à la plantation et avec les banques pour des financements en prêts différés" Outre le marché à l'export, "nous étudions des opportunités nationales. Nous avons des demandes parfois surprenantes, par exemple venant des cosmétiques ou de l'agro-industrie pour des plats cuisinés." Mais, promet Yannick Masmodet, "il n'est pas question de faire n'importe quoi et de grandir n'importe comment. L'objectif reste d'avoir une source pour les agriculteurs" et d'éviter les crises de surproduction. "Le nombre d'agriculteurs sera limité par département", conclut-il.