Manifestation
« Des prix de plus en plus déconnectés de ceux de la production »
Patrice Coutin, président de la FDSEA, était mardi à la tête d’une délégation qui est allée relever les prix de quelques produits dans une grande surface de Parthenay. Résultat : le grand écart entre prix à la production et à la consommation se confirme.
Mardi, vous avez appelé à une action syndicale dans une grande surface à Parthenay. Que se passe-t-il ?
- Patrice Coutin : On veut faire des relevés de prix et une fois de plus dénoncer les écarts entre les prix à la production et les prix à la consommation. Plusieurs études confirment que les prix à la consommation sont de plus en plus déconnectés des prix agricoles. On veut mettre en évidence les marges les plus importantes. Sachant qu’il ne semble pas faire de doute qu’elles sont du côté de la grande distribution. Nous sommes d’autant plus mécontents que le revenu agricole a baissé de 15% !
Nous avons besoin de cette lisibilité sur les marges. Depuis dix-huit mois, les prix alimentaires à la consommation ont progressé de 5,7%, ce qui correspond à un point d’inflation, soit autant de pouvoir d’achat en moins pour le consommateur. On voudrait nous faire entendre que la baisse de notre revenu résulte de la hausse des matières premières (fuel, engrais ….). Pour nous, il n’y a pas que cela. On veut donc que la lumière soit faite à ce sujet.
Un rapport Besson, il y a quelques mois, mettait déjà en évidence les marges importantes des distributeurs, notamment pour certains fruits et légumes et le porc. En janvier, une étude de l’association UFC-Que Choisir confirme cette tendance observée depuis dix-huit ans. C’est le sens de notre action de mardi dans une grande surface à Parthenay, juste avant le conseil d’administration de la FDSEA, avec dans la foulée, mercredi, une demande d’entretien à Madame la préfète.
Qu’allez-vous lui demander ?
- Nous allons lui faire part de nos constatations de prix et lui demander la mise en place d’un observatoire des prix et des marges. Cette mesure a été annoncée par le ministre de l’Agriculture à l’automne en même temps que le plan d’urgence. Que cet observatoire soit départemental ou régional, peu importe. Ce qui compte c’est qu’il soit effectif et pertinent. Malheureusement nous ne sentons pas réelle volonté politique d’aboutir alors que cet observatoire existe pour le porc !
Mais ce n’est pas notre seule revendication. Nous allons demander une table ronde réunissant la profession agricole, les GMS, les consommateurs et les élus pour s’expliquer, pour faire la lumière sur les prix.
Justement où en est ce plan d’urgence ?
- Les Deux-Sèvres ont été dotées de 2,1 millions d’euros. Et 2 000 dossiers ont été déposés. Il a donc fallu durcir les conditions d’accès. Si bien que seulement 500 à 600 agriculteurs du département pourront prétendre à ce qui n’est autre qu’une bouffée d’oxygène.
P. S. Entretien réalisé avant la manifestation de mardi 5 mai.