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Des projets d'urbanisme qui fragilisent l'agriculture

Entre le développement d'une commune et la pérennité d'une exploitation agricole, il faut faire des choix. Surtout à l'aube de l'adoption d'un plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI). À Nouaillé-Maupertuis, La Folie Bergère pourrait se voir privée de 10 % de sa surface.

À la Folie Bergère, Laurence Gauthier, Benoît Lelaure et Anne Deguéret élèvent des moutons et des poules pondeuses et font du maraîchage. Il manque sur la photo, Amélie Lomont de la Gaiété fruité et Mélissa Marguerite, en parrainage, comme Anne, en vue d'une installation. Difficile, à 5, de se passer de 6,5 ha de surfaces agricoles.
À la Folie Bergère, Laurence Gauthier, Benoît Lelaure et Anne Deguéret élèvent des moutons et des poules pondeuses et font du maraîchage. Il manque sur la photo, Amélie Lomont de la Gaiété fruité et Mélissa Marguerite, en parrainage, comme Anne, en vue d'une installation. Difficile, à 5, de se passer de 6,5 ha de surfaces agricoles.
© Marine Nauleau

"On a besoin de vous", le titre de la newsletter des agriculteurs de la Folie bergère à Nouaillé-Maupertuis reçue il y a quelques semaines ne prêtait aucun doute : l'exploitation est en danger. Il n'était ce jour-là pas question de parler de la production des fruits et légumes ni de la santé des 230 brebis ou des poules pondeuses. Ni même du magasin de vente directe. Mais des impacts négatifs du Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI), soumis à l'enquête publique depuis le 20 novembre et jusqu'au 22 décembre. " Avec des zones d'habitat, d'équipement public, d'un terrain sportif et d'une route, le PLUI met gravement en péril l'exploitation. Nous perdrions 10% de notre surface de 64 ha " clame Laurence Gauthier et Benoît Lelaure qui se prélève déjà moins d'un Smic chacun. Les deux chefs d'exploitation se sont installées en 2015 avec un PLU qui classait la zone "agricole". Pas de crainte à l'époque. " Mais des propriétaires privés ont attaqué ce PLU et on est revenu à celui de 2007 où cette partie était "à urbaniser". Il est certain qu'on ne se serait pas installé dans ces conditions" ajoute le couple qui peut s'enorgueillir de nourrir 120 foyers des alentours et de participer à l'installation de 3 autres personnes sur le site.

" On finit par fermer des écoles "

Le débat s'est ouvert avant l'enquête publique. " Nous avons une fin de non-recevoir à nos rencontres et courriers " poursuit le couple qui ne se satisfait pas des compensations proposées. " Une parcelle en plein milieu d'un lotissement et une autre à l'autre bout du village. Ce n'est pas comparable ". Du côté de la municipalité, le maire, Michel Bugnet atteste "tenir à cette exploitation, comme à toutes les autres exploitations agricoles " mais il met en avant "les intérêts privés des exploitants" contre l'intérêt général des habitants qui auraient besoin d'une commune qui propose des logements et des équipements publics. " En tant que maire, je me dois de prévoir ce type d'équipements. Il n'y a rien d'arrêté, nous repérons des espaces. C'est l'avenir de la commune qui est en jeu. Quand on ralentit l'urbanisation, on raréfie la possibilité de construire, on fait monter les prix et cela devient de plus en plus difficile de s'installer pour des jeunes ménages. On finit par fermer des écoles " explique Michel Bugnet qui ne manque pas non plus de renvoyer la balle à l'intercommunalité, les Vallées du Clain en l'occurrence, dont, c'est vrai, le PLUI dépend. Le président, Gilbert Beaujanneau, se défend en précisant que " les maires des 16 communes ont décidé que les décisions et la planification du PLUI resteraient communales. Nous nous sommes partagés une enveloppe à construire définit par le Scot. Nouaillé-Maupertuis a son enveloppe, les élus pouvaient décider de la mettre ailleurs" ajoutant que " les choix faits peuvent en effet poser question mais ce sont les choix des élus".

"Pas de justifications de décisions"

Des choix qui ne sont d'ailleurs pas remis en cause que par les exploitants agricoles. " La population est derrière nous" assurent-ils. À l'image des membres de l'association Nouaillé-Environnement qui sont montés au créneau dès 2022, d'autant que le dossier a été arrêté en février 2022, soit 1 mois après la création de l'association. Et si cette première copie ne passe pas auprès des personnes publiques associées (Chambre d'agriculture, DDT, préfecture), celle de 2023 passe mais ne leur semble pas meilleure. " Le dossier n'est pas lisible et cela pose question pour son application. Il y a des erreurs et des commissions qui auront des conséquences graves. Les justifications des besoins d'urbanisme ne sont pas établies, la solidité juridique est contestable " liste Cyril Gomel, co-président de Nouaillé Environnement. L'association a alors organisé des réunions publiques et parvient à mobiliser les citoyens. Il faut dire que le power point est étayé. Sans doute parce qu'au sein de l'association, les compétences en matière d'urbanisme et d'environnement sont bien présentes. "Nous aurions pu co-construire un projet avec les élus mais ce n'est pas ce qui a été choisi. Nous regrettons le rapport de force qu'engage forcément une enquête publique" poursuit Cyril Gomel, d'autant plus critique sur le choix d'une urbanisation à l'entrée nord de sa commune que " c'est un choix qui met en péril une exploitation mais plus largement des espaces naturels et donc des écosystèmes". Fin janvier, le commissaire enquêteur rendra sa décision. Jusqu'au vendredi 22 décembre, les habitants de Nouaillé-Maupertuis et des 16 communes peuvent publier leurs observations sur les registres ouverts au siège de la communauté de communes et de leurs mairies et lors de la dernière permanence du commissaire-enquêteur, vendredi 22 décembre, de 9h à 12h à la mairie de Nueil-L'espoir. Les élus pourront bien sûr passer outre son avis mais des recours seront toujours possibles.

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