Éclairage scientifique sur l'agrivoltaïsme
Théo Gérardin, ingénieur de recherche au Pôle national de recherche, d'innovation et d'enseignement sur l'agrivoltaïsme (PNR Agri PV) de l'Inrae, intervient le 20 septembre à l'assemblée générale du syndicat départemental de la propriété privée rurale de la Vienne.
Vous intervenez lors de la prochaine assemblée générale du syndicat départemental de la propriété privée rurale de la Vienne, dont le thème est "valoriser son patrimoine rural avec l'agrivoltaïsme". Est-ce que votre intervention permet de conclure que l'agrivoltaïsme permet en effet de valoriser son patrimoine rural, notamment au regard des recherches du PNR Agri PV de l'Inrae ?
Ce n'est pas l'objet de mon intervention à l'assemblée générale du syndicat départemental de la propriété privée rurale de la Vienne. Et c'est de toute façon trop tôt pour établir des conclusions de ce type. Mon intervention a plutôt vocation à informer et sensibiliser, ici des propriétaires ruraux, sur l'agrivoltaïsme. Car c'est un phénomène complexe qu'il faut étudier, au regard des chartes et des règles différentes en fonction des départements de France. Mon intervention porte sur des faits scientifiques que nous étudions actuellement. C'est sans arrière-pensée et il s'agit ensuite aux participants de se positionner au regard de faits scientifiques que j'expose. C'est bel et bien la mission de l'Inrae, notamment dans le cadre du Pôle national de recherche, d'innovation et d'enseignement sur l'agrivoltaïsme, de partager la connaissance avec tous les publics intéressés.
Pouvez-vous rappeler les objectifs du Pôle national de recherche, d'innovation et d'enseignement sur l'agrivoltaïsme de l'Inrae ?
L'Inrae a installé le PNR Agri PV en 2023, à Lusignan en l'occurrence parce que le centre rassemblait trois compétences sur l'élevage, les prairies semées et la modélisation du rayonnement lumineux. L'Inrae était déjà pionnier dans les recherches sur l'agrivoltaïsme depuis quelques années mais il s'agissait, avec le pôle, d'inscrire ces travaux de recherche dans la durée et d'avoir une échelle nationale. Parce que nos résultats, en fonction des régions et des cultures, peuvent aussi différer selon les aléas climatiques. Le PNR Agri PV, c'est un consortium d'une soixantaine d'acteurs privés et publics, autour de la recherche et de l'innovation mais aussi de l'enseignement. Ce sont des géants de l'énergie mais aussi des PME, des agriculteurs, des coopératives, quelques chambres d'agricultures ou encore Agro Paris Tech notamment. Le but n'est pas de dire ici ou là il faut faire ça, mais bel et bien de fédérer les recherches et apporter un éclairage scientifique sur ce phénomène. Et nos travaux de recherches se concrétisent sur une quarantaine de sites expérimentaux, à différents stades de développement et sous différents protocoles.
Vous disiez qu'il était trop tôt pour tirer des conclusions sur les travaux sur PNR Agri PV. Est-ce que vous avez une échéance ?
La science est quelque chose de dynamique, on ne peut pas vraiment établir d'échéance pour ce type de recherche. Disons que d'ici quelques années, à l'horizon 2026 peut-être, nous aurons quelques éléments de réponses, des tableaux de référence.
Vous disiez que, parmi vos missions, il y avait celle d'informer tous les publics intéressés. Pour donner une image positive de l'agrivoltaïsme aussi ?
De toute façon faire de la science et de la recherche sans informer ne fonctionne pas. Il est donc important de partager nos connaissances. Mais l'agrivoltaïsme a aussi un ancrage territorial et va aussi repenser certains modèles agricoles. Alors on peut considérer que des panneaux photovoltaïques n'ont rien à faire sur des terres agricoles. Mais on est obligés aussi de réaliser les services rendus aux acteurs économiques, dont les agriculteurs. Au-delà d'une image positive il y a surtout des synergies à trouver.
Quels sont les perspectives, les projets du PNR Agri PV dans les prochains mois ?
Nous allons continuer à mettre en place des sites expérimentaux, que ce soit en végétal et animal et travailler autour de 12 sections thématiques. Pour cela nous allons mobiliser une communauté d'acteurs autour de ces sections. Il faut encore structurer le pôle. Un autre objectif concerne la formation avec l'installation d'écoles techniques Inrae, pour plancher sur des formations en agrivoltaïsme. Une première aura lieu en novembre, plutôt en interne pour tester le contenu pédagogique. Les formations pourront ensuite s'adresser aux porteurs de projets, agriculteurs ou techniciens et ingénieurs mais aussi pourquoi pas, élus et décideurs. Il y a un besoin de formation dans une filière en développement, qui sera et est déjà vecteur d'emploi mais dont la formation manque.