Et au milieu coule une rivière
Les signataires du protocole d’accord continuent sur la voie du dialogue. Sur le terrain, l’opposition s’affirme.
Vendredi 21 juin, la chambre d’agriculture ouvrait la période de travail avec les exploitants concernés par la gestion collective de l’eau par un temps de formation. Huit adhérents de la Coop de l’eau, concernés par la réserve n° 17, programmée sur le secteur de Mauzé-sur-le-Mignon (dont cinq raccordés), prenaient connaissance dans le détail des droits et des devoirs liés à la construction des ouvrages et à la gestion collective de l’eau qui en découle.
Comme eux, au travers de seize journées au total, l’ensemble des bénéficiaires – également contributeurs – du programme de stockage d’eau pourront formaliser leur engagement en réalisant les diagnostics d’exploitation, un préalable à la construction des ouvrages. « Les diagnostics d’exploitation permettent de faire un état des lieux à un instant T du fonctionnement de la ferme, des pratiques développées. Il s’agit là d’un point de référence, un point de départ à partir duquel nous devrons nous engager dans la mise en oeuvre de pratiques respectueuses de la biodiversité, l’environnement en général », explique François Pétorin, agriculteur à Priaires. Tout au long de l’été, un agent de la chambre d’agriculture accompagnera les exploitants dans cette étape.
Bon état écologique
À quelques jours d’un rassemblement annoncé par le collectif Bassines non merci – le 30 juin à Mauzé-sur-le-Mignon – visant à établir « un premier camp de résistance et de surveillance » pour s’opposer à la construction des réserves, les signataires du protocole continuent à croire aux effets positifs du dialogue.
Après une présentation et un échange en salle sur les possibles à développer dans les fermes pour répondre aux attentes sociétales consignées dans le protocole d’accord, le groupe de travail a retrouvé, au bord du Mignon, sur la commune de Priaires, des représentants de Deux-Sèvres nature environnement, des fédérations de la pêche et de la chasse, de l’association de coordination du Marais poitevin, du Parc naturel régional du Marais poitevin et les syndicats des eaux et de rivières.
Face au barrage construit il y a plus de cinquante ans pour retenir l’eau, sur fonds de pêche électrique pour appréhender la vie aquatique, il a été question de bon état écologique de la rivière. Convaincus par la fédération de la pêche, les agriculteurs qui auraient pu s’opposer à tout réaménagement, de peur de voir filer trop rapidement l’eau, ont présenté l’intérêt d’un rétrécissement du Mignon en ce lieu et de la pose d’obstacles pour oxygéner d’eau. « Les agriculteurs veulent retenir l’eau autant que possible, nous voulons la continuité écologique. Par ces travaux programmés, nous aurons les deux », se félicite Yanick Maufras, le président de DSNE.
Émergence de solutions par le dialogue
Ces temps d’échanges avec les membres des associations qui ont signé le protocole d’accord sur la construction des réserves de substitution devaient permettre de poursuivre le travail de concertation. « Au premier abord, certains de nos objectifs ne semblent pas compatibles. Le fait de mieux se connaître, d’échanger dans le respect mutuel, des solutions, des compromis émergent », certifie François Pétorin. « Le projet de retenues d’eau a un réel sens, tant pour la biodiversité que pour l’économie des exploitations, juge Yanick Maufras. Sensibles à la posture du dialogue, les agriculteurs s’impliquent. Parce qu’ils sont partie prenante, on peut espérer que la dynamique de progrès soit pérenne ».
Ces échanges sur le terrain amènent François-Marie Pellerin, vice-président de la coordination du Marais poitevin « à ne pas regretter la signature du protocole ». Une formule pensée dans l’objectif de rappeler sa vigilance. Fidèle à ses engagements, il oeuvre pour l’amélioration du milieu. Le programme de substitution doit conduire à celle-ci, certifie-t-il.