Escapade
Et soudain, Exoudun... un village bouillonnant
Au centre d’un triangle St-Maixent-Melle-Lusignan, à équidistance de Poitiers et de Niort, se niche à flanc de colline le village d’Exoudun. Un joyau de calme et de verdure qui ravira tous les férus d’Histoire et de randonnées.
Au centre d’un triangle St-Maixent-Melle-Lusignan, à équidistance de Poitiers et de Niort, se niche à flanc de colline le village d’Exoudun. Un joyau de calme et de verdure qui ravira tous les férus d’Histoire et de randonnées.
Débarquer à Exoudun au détour d’un sentier, c’est faire un saut dans le temps. Partout le bâti témoigne du passé : les lavoirs, fontaines et fours à pain jalonnent les ruelles dont les maisons gardent les vestiges d’autrefois (fenêtres à meneaux, tombes de Templiers, pierres apparentes et anciens canaux d’égouts en pierres passant sous les habitations…).
Si la commune, composée de cinq villages (Exoudun, Souil, Le Brieuil, Loubigné et Bagnault) compte aujourd’hui 600 habitants – pour 4000 chèvres ! –, elle constitua longtemps un carrefour commercial culminant jusqu’à 5000 habitants au sortir du Moyen-âge. « L’endroit servait au commerce de la farine issue du Poitou (Vendée, Vienne, Deux-Sèvres), véritable grenier à blé de l’Ouest de l’Europe, indique Jean-Marie Auzanneau, ancien maire du village et journaliste passionné d’Histoire, par ailleurs conférencier intarissable sur les ordres templiers. En témoignent les nombreuses bâtisses de belle taille qui étaient autrefois des hôtels abritant marchands et pèlerins de Compostelle, ou encore la place du minage où l’on hissait les sacs de farine… Le « minot de Bagnault », une unité équivalente à deux sacs de farine, était alors connue jusqu’aux Amériques ! ». Le blé empruntait un chemin de muletiers ponctué d’abris sous la roche, avant de rejoindre la Sèvre navigable, à Niort, jusqu’au port de La Rochelle. Le sel, en provenance de la côté Atlantique, prenait le chemin inverse.
Gaulois, Templiers, protestants
Bien avant cet âge d’or, les Celtes avaient élu ce lieu pour sa position haute idéale (Exoudun signifiant « forteresse élevée » en gaulois). Un dolmen, des tumulus ou encore un arbre magique aux pouvoirs druidiques sont à découvrir au gré des balades. En souvenir de cette époque, l’association Tanialos reconstruit sur le plateau des Chaumes un fort gaulois, et y organise fréquemment des reconstitutions historiques et visites culturelles.
Chaque période de l’Histoire viendra ensuite marquer son empreinte sur le village, la commune comptant ainsi deux autres forteresses : la tour rasée (époque féodale) et le Logis de Boissec (Renaissance). « Templiers et Croisés participent aussi aux légendes d’ici », indique Jean-Marie. « Ces derniers auraient d’ailleurs ramené de leurs croisades les roses d’outre-mer – et non « trémières », comme la langue l’a déformé plus tard – qui fleurissent à tous les coins de rue ». Petite cité de caractère, Exoudun est aussi un haut-lieu du protestantisme qui garde des traces de son passé religieux : coexistence d’un temple et d’une église, pin parasol qui servait de repère aux rassemblements des adeptes de la Réforme… « Même les chèvres sont révélatrices de cette Histoire chargée : les saanen sont considérées comme protestantes, car apportées de Suisse par les croyants calvinistes, et les alpines sont catholiques ! », ajoute celui qui n’est jamais à court d’anecdote.
Pique-nique et randonnée
Pour ceux que les cours d’histoires ne passionnent pas, la commune aux cinq villages offre la possibilité de multiples excursions, à pied ou en vélo : « il y a près de 240 km de chemins de randonnée sur une surface de 2580 ha, notre localité étant l’une des plus étendue du département », pointe Murielle Heurtebise-Daniaud, l’actuelle maire tout récemment élue. Disposant d’un grand parc, de centres de vacances et d’hébergement pour les groupes d’enfants, ainsi que d’une demi-douzaine de gîtes, Exoudun n’accueille pour l’instant aucun commerce ni restaurant. « Avec le nouveau conseil municipal, nous envisageons de créer un café, à la fois lieu d’accueil et d’exposition », révèle Murielle Heurtebise-Daniaud. Comptant sur un vivier associatif très actif (la commune compte près de 20 associations), nul doute que ce type de lieu devrait voir le jour prochainement. En attendant, pique-nique pour tout le monde !
Une histoire au fil de l’eau