Circulation
Étang de Beaurepaire : la digue fermée à la circulation complique le quotidien
La fermeture de la route qui traverse l’étang de Beaurepaire oblige à faire un détour de 10 kilomètres. Les fonds pour mener les travaux manquent depuis trois ans. Une piste laisse entrevoir un espoir pour 2022.
La fermeture de la route qui traverse l’étang de Beaurepaire oblige à faire un détour de 10 kilomètres. Les fonds pour mener les travaux manquent depuis trois ans. Une piste laisse entrevoir un espoir pour 2022.
Une route se ferme et tout devient difficile. Dans le nord des Deux-Sèvres, une voie traverse l’étang de Beaurepaire, reliant les communes de Saint-Maurice-Étusson et de Cléré-sur-Layon (Maine-et-Loire). D’abord interdite à la circulation des véhicules de plus de 7,5 tonnes en 2018, elle est totalement fermée depuis le 12 avril dernier. Les riverains, dont font partie des agriculteurs, sont contraints de faire un détour de dix kilomètres, soit dix minutes en voiture, vingt-cinq avec un tracteur chargé.
Jérôme Bazantay, polyculteur-éleveur à Saint-Maurice-Étusson, et Jacky Giraud, éleveur bovin viande à Cléré-sur-Layon, vivent chacun d’un côté de l’étang, mais possèdent une partie de leur exploitation sur l’autre rive : 110 hectares pour le premier, 35 pour le second. Pour éviter le long détour, ils ont obtenu l’autorisation de propriétaires privés de passer par un chemin de terre. « C’est un passage bricolé, on ne peut pas se croiser. Il faut faire marche arrière avec le tracteur. C’est assez dangereux », déplorent-ils.
En 2018, l’étang a été mis en assec, ce qui provoque une difficulté supplémentaire pour Jérôme Bazantay, autrefois irrigant. Pour nourrir ses 350 chèvres, il produisait du maïs grain irrigué et du foin de luzerne grâce à l’eau de l’étang. Plus aujourd’hui. « J’avais acheté deux pompes et deux enrouleurs. Les échéances et les prêts tombent encore, même si je n’irrigue plus », déclare-t-il, amer.
Je pars à la retraite bientôt. Si je n’avais pas eu mon fils, qui est mon associé, jamais je n’aurais trouvé un repreneur, relève Jacky Giraud. Ma ferme ne vaut plus rien ».
Une digue dangereuse
Cette route interdite à la circulation est aussi une digue, qui sert de barrage à l’étang de Beaurepaire. En 2014, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN), devenu propriétaire-gestionnaire du lieu en 2012, mène des expertises sur l’ouvrage hydraulique. Conclusion : l’édifice risque de s’effondrer. « Les études ont mis en évidence la présence de “ renards”, qui sont des cavités dans le corps de la digue, provoquées par l’érosion », explique Raphaël Grimaldi, responsable Deux-Sèvres du CEN.
La mise en assec, faite à la demande de l’État, est aussi déplorée par le Conservatoire, dont la mission première est la préservation de la biodiversité. « Les oiseaux d’eau ne viennent plus. Les espèces végétales à fort intérêt patrimonial peuvent supporter l’absence d’eau comme les inondations, sauf si la situation perdure, ce qui commence à être le cas », regrette Raphaël Grimaldi.
À la recherche de fonds
Le projet du CEN est de restaurer la digue, ainsi que la circulation des poids lourds de plus de 25 tonnes. Montant des travaux : 900 000 €. L’association cherche à réunir cette somme auprès de différents partenaires. Les départements (Deux-Sèvres et Maine-et-Loire) ont donné leur accord de principe, l’agglomération du Choletais et la région Pays de la Loire sont aussi favorables. Le CEN espère aussi du côté de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, mais l’organisme public a déjà fait connaître sa position : « Nous accompagnons des projets de préservation des zones humides, pas la réfection des ouvrages. Ce problème relève de la responsabilité du CEN », explique Marine Ruaux, responsable de la délégation du Mans. Une réponse est également attendue courant mai, juin au plus tard, en ce qui concerne des fonds de l’État via le plan de relance.
Le CEN ambitionne de réunir les fonds d’ici la fin de l’année, dans l’optique de commencer les travaux à la saison sèche, au printemps-été 2022. En attendant, une solution temporaire consisterait à soutenir le mur de la digue, côté gauche, afin de rouvrir la circulation aux véhicules légers. Pour les machines agricoles, une piste serait aménagée au pied de la digue.
Créé au XIVe siècle au cœur du bocage argentonnais, cet étang couvre une superficie de 60 hectares, faisant de lui le plus grand du département. Lié au château de Beaurepaire et à l’artisanat (meunerie, pisciculture…), il constitue un patrimoine historique. En amont du cours d’eau du Layon, sur le ruisseau Saint-Nicolas, il possède un intérêt biologique exceptionnel. Il est placé sur l’axe migratoire des oiseaux d’eau (oie cendrée, canard, barge à queue noire…) qui partent de l’Europe du Nord vers l’Espagne et l’Afrique de l’Ouest. Des espèces rares ou menacées trouvaient aussi refuge sur ses berges, comme le fuligule milouin. Au-delà de son intérêt écologique, l’étang était aussi un lieu de fête. « Des gens ont appris à nager ici. On observait les oiseaux migrateurs, c’était de toute beauté », se rappelle Jérôme Bazantay.