« Être maire devient un métier à part entière »
Le premier congrès des maires de la Vienne se tiendra le 17 février. Organisé par l’association des maires du département, il sera émaillé de rencontres entre élus et entreprises, mais aussi de débats autour d’une fonction municipale en pleine transformation. Explications avec son président, Yves Bouloux.
Plusieurs départements le faisaient déjà depuis quelques années. Le 17 février prochain, la Vienne organisera son premier congrès des maires au Futuroscope. À la tête de l’ADM 86, le maire de Montmorillon, Yves Bouloux, souhaite recréer l’ambiance du congrès national pour permettre aux maires du département de nouer des contacts et de réfléchir à leur avenir.
Comment va s’organiser ce premier congrès des maires de la Vienne ?
Il y aura deux parties. La partie salon sera composée d’une cinquantaine d’exposants : des entreprises habituées à travailler avec les collectivités (bâtiment, voirie, communication, imprimerie…) et des institutions comme la gendarmerie ou les pompiers. En parallèle, se tiendra l’assemblée générale de l’association des maires de la Vienne (ADM 86), durant laquelle nous débattrons de la place des communes dans la nouvelle organisation territoriale.
Comment avez-vous préparé cet événement ?
Avec l’association des maires de Nouvelle-Aquitaine, on s’est rendu sur le salon des élus d’Aquitaine (Selaq) à Bordeaux. La Charente-Maritime organise elle aussi un congrès depuis déjà quelques années. Ce qui est intéressant dans la démarche, c’est la mise en relation des élus et des entreprises, avec des possibilités de passer des contrats. Cela permet de rendre service aux maires des petites communes, qui n’ont pas forcément l’occasion d’aller au congrès national à Paris. Il y a de la proximité, des informations à prendre et des solutions à trouver.
Alors que la loi NOTre est venue bousculer l’organisation territoriale du pays, quelles sont les préoccupations de vos collègues maires de la Vienne ?
Ce n’est pas nouveau, mais les communes rurales ont l’impression d’être les oubliées de la République. Avec la réforme territoriale, les centres de décision s’éloignent. Les grandes intercommunalités font peur, même si elles sont nécessaires pour faire entendre la voix des territoires dans cette grande région. Et puis, il y a le désengagement de l’État dans les services publics. D’ailleurs, cela ne va pas en s’arrangeant…
À quoi pensez-vous ?
La réforme de la carte d’identité, par exemple, est totalement ridicule. À partir de mars, seules les mairies équipées du matériel permettant de délivrer les passeports biométriques pourront délivrer la carte d’identité. Dans la Vienne, il n’y a que 15 communes qui sont équipées. Le personnel va y être surchargé, les délais d’attente seront insupportables. De leur côté, les citoyens, qui ne sont pas tous mobiles je le rappelle, devront faire davantage de route pour remplir les formulaires et retirer leur titre. Quant aux maires des communes non équipées, ils perdent un lien de plus avec leurs administrés.
L’actualité, c’est également le dispositif des communes nouvelles. Comment vous positionnez-vous sur ce sujet ?
J’apprécie que le processus soit fait sur la base du volontariat. Pour une fois que l’on n’impose pas… Si le regroupement entre communes est bien pensé, que la volonté est partagée, il faut y aller. Outre les économies, ce dispositif permet d’avoir des moyens d’action plus efficaces tout en gardant une proximité avec le citoyen.Attention toutefois, je ne partage pas la vision de certains technocrates qui pensent qu’il y a trop de communes en France et que c’est un frein à notre développement. Nos 35000 communes sont une vraie richesse, elles permettent de garder un lien de proximité dans les territoires les plus reculés. La mairie est bien souvent la dernière institution qui subsiste…
Dans cette période agitée, quel regard portez-vous sur le rôle du maire ?
Les communes ont un rôle irremplaçable et être maire devient un métier à part entière. Plus que jamais, le maire est le garant de la proximité. Pour toutes ces raisons, il devient de plus en plus difficile de concilier cette fonction avec une activité professionnelle. Il s’agit là d’un frein pour les gens qui aimeraient s’investir dans la vie municipale. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de maires de communes rurales sont des retraités. Pour lever ce frein, un gros travail reste à faire sur le statut de l’élu.