Foncier agricole : les inégalités se creusent dans le monde
La Coalition internationale pour la terre (ILC, groupe d'experts) et Oxfam dénoncent, dans un rapport paru le 24 novembre, la concentration actuelle du foncier agricole à travers le monde et pointent du doigt son accroissement depuis 40 ans. Après avoir décliné des années 1920 jusqu'au milieu des années 80, à l'exception d'un rebond dans les années 60, les inégalités se creusent légèrement parmi les propriétaires des terres agricoles (exprimées en surfaces).
Les auteurs, dont un chercheur du Cirad, constatent que l'indice Gini, qui mesure les inégalités de répartition, est passé de 0,6 au milieu des années 80 à 0,62 en 2017 pour le foncier agricole. Qui plus est, les experts estiment que ce calcul sous-estime largement les inégalités d'accès au foncier, en ce qu'il n'intègre pas les agriculteurs qui ne possèdent aucune terre, et la valeur de la terre. Lorsque ces deux variables sont intégrées, l'indice de Gini atteint alors 0,75 en 2017.
Autrement dit, résume le rapport, au niveau mondial, «les 10 % les plus riches de la population rurale contrôlent 60 % de la valeur des terres agricoles, tandis que les 50 % les plus pauvres de la population rurale se partagent en tout et pour tout 3 % de la valeur des terres.» Ce coefficient atteint leurs plus forts niveaux en Amérique du sud, à environ 0,85.