Gendarmeries : un budget immobilier à revoir
Quand les comptes de l'État sont à sec, ses services sont aussi en difficulté. Comme les gendarmeries. Le sénateur de la Vienne, Bruno Belin, est justement l'auteur d'un rapport sur l'immobilier de la gendarmerie nationale.
Des gendarmeries qui ne paient pas leur loyer, ça paraît improbable, mais c'est pourtant ce qui se passe depuis plusieurs mois aux quatre coins de la France, pour un montant total de 200 millions d'euros d'impayés. Si cette dette a été dévoilée il y a quelques jours seulement, le sujet de l'immobilier de la gendarmerie nationale intéresse depuis des mois Bruno Belin, même s'il estime que ces impayés ne concernent pas les casernes et communes du département. Le sénateur de la Vienne a en effet signé un rapport sur le sujet en juillet dernier. "C'est un vrai sujet, car on évoque 100 nouvelles brigades en France, et la question, c'est donc : qui paye ?" explique l'élu. "Certaines sont vraiment en mauvais état, comme à Dijon, et là encore, on peut se demander à qui vont incomber les travaux". L'élu évoque des configurations de locaux ou de logements des gendarmes très datés, notamment à Valence-en-Poitou. Et alors que selon lui la mobilisation des gendarmes pendant les Jeux olympiques a coûté au minimum 60 millions d'euros, l'élu rappelle que l'enveloppe financière de la gendarmerie n'évolue pas, et ne risque pas d'augmenter dans le contexte budgétaire actuel. Sur les quelque 3 700 casernes en France, seules 649 sont "domaniales", ce qui veut dire qu'elles appartiennent à la gendarmerie. Pour les 3 075 autres, il s'agit de locations auprès des mairies, collectivités locales ou comme dans le département de Vienne Habitat, qui ont pris la charge la construction. "C'est un bon montage" estime Bruno Belin qui préconise ce recours au marché de partenariat. "Mais la tension budgétaire actuelle crée des difficultés". Le sénateur recommande aussi de réviser le montant des coûts plafonds pour la fixation des loyers, d'adapter les critères de cofinancement des travaux de rénovation énergétique des bâtiments, de mobiliser les marchés globaux de performance énergétique à paiement différé, d'identifier les investissements prioritaires d'entretien chaque année, de sécuriser une trajectoire triennale d'investissements et d'expérimenter la création d'un "gestionnaire immobilier indépendant". Dans le département, trois nouvelles casernes sont prévues, après la mise en service de celle de Scorbé-Clairvaux en juin dernier : Fontaine-le-Comte, Lusignan et Loudun. "Une réunion est prévue le 4 novembre pour la caserne de Loudun, avec Habitat Vienne, qui doit réaliser l'investissement". S'il s'inquiète de la conjoncture actuelle, le sénateur assure que le projet ira au bout. "On va trouver des solutions" explique l'élu qui estime que le souci se pose plus au niveau du fonctionnement que sur l'investissement. Dans son rapport, il rappelle que le poids des loyers versés chaque année "concentre 64 % du budget immobilier total de la gendarmerie" (de 923 millions d'euros), et que cela réduit "considérablement les marges de manœuvre" pour les investissements dans le parc domanial. Le sénateur assure également que le colonel Philippe-Alexandre Assou, patron des gendarmes de la Vienne, suit chacun de ces dossiers.
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