Portrait
Guylène Barbot, agricultrice de cœur
Portrait
A 21 ans Guylène Barbot faisait le choix de s’installer en tant qu’agricultrice. Seize ans plus tard cette
mère de quatre enfants a en charge au sein de l’exploitation une partie du troupeau allaitant et l’élevage des chevreaux.
Guylène Barbot, une agricultrice « bien dans sa tête et bien avec son entourage ».
©
DR
Avec Angélique âgée de 17 ans à ses côtés et Cécile, 3 ans sur ses genoux, Guylène se livre.
« L’agriculture ! Pourquoi comment ? Je ne sais pas s’il y a une raison. Déjà au collège, j’avais l’idée de rester à la ferme. Je suis née comme çà, voilà », sourit-elle en jetant un regard à l’aînée de ses filles qui les yeux dans le vague ne perd pas une miette du témoignage de sa mère. L’installation en ligne de mire dès son plus jeune âge, Guylène Barbot a fait fi tout au long de sa scolarité des points de vue et des conseils de ceux qui l’encourageaient à revoir son orientation. « On me disait, tu peux faire mieux que ça ; à cette époque nombreuses étaient les personnes qui pensaient que la filière agricole était pour ceux qui ne pouvaient pas faire autre chose », se souvient-elle. Troisième, seconde, première, terminale, la jeune fille restait insensible à tous les découragements, y compris ceux de sa mère pour qui l’avenir de ses enfants était ailleurs. A 18 ans, l’agricultrice en herbe décroche son BTA à l’Ireo de Bressuire. Aide familiale sur l’exploitation de ses parents, elle se mariera et donnera naissance à Angélique. A 21 ans, âge à partir duquel les jeunes agriculteurs (trices) peuvent prétendre aux aides, elle s’installe à Rorthais. Son père et sa mère deviennent ses associés. Le Gaec compte alors 75 ha, un troupeau de vaches allaitantes et quelques chèvres. Au gré des installations – ses deux frères ont aujourd’hui repris les parts de leurs parents dans la société familiale – la structure s’est développée. Elle se compose aujourd’hui de deux sites d’exploitation. Le troupeau de 70 vaches allaitantes est divisé en deux. Guylène s’occupe du lot des 35 bêtes dont les vêlages sont programmés en septembre. Elle élève aussi les chevreaux, produits de l’élevage caprin. Théophane prend en charge les 35 vaches dont les
mises-bas sont calées en hiver. Samuel suit le troupeau laitier composé de 500 chèvres. Enfin, c’est ensemble que les trois associés cultivent les 170 ha de terres.
Des excuses pour rester agricultrice
« Le métier est difficile », reconnaît l’exploitante évoquant les travaux de forces pas toujours faciles à accomplir lorsque l’on est d’un gabarit moyen. Mais jusqu’à aujourd’hui, et probablement encore très longtemps compte tenu de la force de caractère qui singularise Guylène, ses convictions lui ont donné les moyens de contourner les obstacles. Après 16 ans d’activité marqués par quelques années de sécheresse, de crises sanitaires, des réformes déstabilisantes de la politique agricole commune, la détermination de l’agricultrice reste intacte. « Parfois on se dit que si on n’avait pas autant d’emprunts, on raccrocherait. Mais franchement, je crois que dans ces moments-là, les emprunts ont bon dos. Je pense qu’ils sont l’excuse que l’on veut bien se donner pour ne pas faire autre chose », analyse la jeune mère de famille pour qui sans la passion, les raisons de raccrocher auraient pu être nombreuses.
Maman d’Angélique âgée de 1 an à son installation en 1991, Guylène donnera naissance à Camille en 1992, puis à Alexis en 1995.
« Pour Cécile subitement arrivée en 2004, raconte-t-elle en caressant les cheveux de la petite dernière installée sur ses genoux, la maternité a été difficile. » A défaut de trouver une personne pour la remplacer, Guylène a poursuivi son activité. « Si 14 ans plus tôt, pour l’aînée, j’ai repris le travail une semaine après l’accouchement, là ce n’était pas pareil », confie-t-elle.
Aucun regret
Installée à la table de la cuisine de son modeste pavillon, Guylène Barbot entourée de deux de ses enfants, pendant que les deux autres sont avec son mari, affirme ne rien regretter. C’est simplement et naturellement, sans contraintes et généralement avec plaisir, qu’elle suit son bonhomme de chemin. Elle travaille dehors, s’occupe des animaux, possède la liberté
— « parfois relative », juge-t-elle en évoquant les politiques agricoles — d’entreprendre. « Je suis bien dans ma tête et bien avec mon entourage », confie-t-elle. Avant de reconnaître entre deux regards complices lancés à Angélique : « En agriculture, vie de famille et vie professionnelle sont très liées. Un surcroît de stress au travail et le soir à la maison, je démarre au quart de tour ». L’aveu de faiblesse semble suffisant pour être pardonné ; ou peut-être est-ce la disponibilité à laquelle s’astreint Guylène pour suivre ses enfants dans leurs activités sportives, ou les accompagner dans leur parcours scolaire qui lui vaut cette reconnaissance silencieuse mais manifeste de l’aînée. Agricultrice de cœur, la maman qu’elle est souhaite à ses enfants un cheminement aussi naturel. Pas toujours facile, elle en témoigne, mais évident. Dans quelques mois Angélique passe son bac.
« Ce qui importe aujourd’hui c’est de l’aider à trouver sa voie. » Pour Camille, l’an prochain ce sera l’entrée en maison familiale.
« Elle est moins ‘mamouse’ que sa sœur », plaisante la jeune mère. Elle sera pensionnaire et gagnera en même temps le doit d’avoir un téléphone portable.
« Les gosses nous tannent de plus en plus tôt. Ces biens matériels ne sont pourtant pas essentiels », juge-t-elle. L’amour du travail, l’enthousiasme, la détermination, la passion, sont les valeurs que Guylène aimerait, plus que tout, transmettre à ses enfants. Et si en plus il leur venait l’envie de s’épanouir professionnellement au sein d’une exploitation agricole… Heureuse aujourd’hui, la jeune femme le serait encore plus demain.
« L’agriculture ! Pourquoi comment ? Je ne sais pas s’il y a une raison. Déjà au collège, j’avais l’idée de rester à la ferme. Je suis née comme çà, voilà », sourit-elle en jetant un regard à l’aînée de ses filles qui les yeux dans le vague ne perd pas une miette du témoignage de sa mère. L’installation en ligne de mire dès son plus jeune âge, Guylène Barbot a fait fi tout au long de sa scolarité des points de vue et des conseils de ceux qui l’encourageaient à revoir son orientation. « On me disait, tu peux faire mieux que ça ; à cette époque nombreuses étaient les personnes qui pensaient que la filière agricole était pour ceux qui ne pouvaient pas faire autre chose », se souvient-elle. Troisième, seconde, première, terminale, la jeune fille restait insensible à tous les découragements, y compris ceux de sa mère pour qui l’avenir de ses enfants était ailleurs. A 18 ans, l’agricultrice en herbe décroche son BTA à l’Ireo de Bressuire. Aide familiale sur l’exploitation de ses parents, elle se mariera et donnera naissance à Angélique. A 21 ans, âge à partir duquel les jeunes agriculteurs (trices) peuvent prétendre aux aides, elle s’installe à Rorthais. Son père et sa mère deviennent ses associés. Le Gaec compte alors 75 ha, un troupeau de vaches allaitantes et quelques chèvres. Au gré des installations – ses deux frères ont aujourd’hui repris les parts de leurs parents dans la société familiale – la structure s’est développée. Elle se compose aujourd’hui de deux sites d’exploitation. Le troupeau de 70 vaches allaitantes est divisé en deux. Guylène s’occupe du lot des 35 bêtes dont les vêlages sont programmés en septembre. Elle élève aussi les chevreaux, produits de l’élevage caprin. Théophane prend en charge les 35 vaches dont les
mises-bas sont calées en hiver. Samuel suit le troupeau laitier composé de 500 chèvres. Enfin, c’est ensemble que les trois associés cultivent les 170 ha de terres.
Des excuses pour rester agricultrice
« Le métier est difficile », reconnaît l’exploitante évoquant les travaux de forces pas toujours faciles à accomplir lorsque l’on est d’un gabarit moyen. Mais jusqu’à aujourd’hui, et probablement encore très longtemps compte tenu de la force de caractère qui singularise Guylène, ses convictions lui ont donné les moyens de contourner les obstacles. Après 16 ans d’activité marqués par quelques années de sécheresse, de crises sanitaires, des réformes déstabilisantes de la politique agricole commune, la détermination de l’agricultrice reste intacte. « Parfois on se dit que si on n’avait pas autant d’emprunts, on raccrocherait. Mais franchement, je crois que dans ces moments-là, les emprunts ont bon dos. Je pense qu’ils sont l’excuse que l’on veut bien se donner pour ne pas faire autre chose », analyse la jeune mère de famille pour qui sans la passion, les raisons de raccrocher auraient pu être nombreuses.
Maman d’Angélique âgée de 1 an à son installation en 1991, Guylène donnera naissance à Camille en 1992, puis à Alexis en 1995.
« Pour Cécile subitement arrivée en 2004, raconte-t-elle en caressant les cheveux de la petite dernière installée sur ses genoux, la maternité a été difficile. » A défaut de trouver une personne pour la remplacer, Guylène a poursuivi son activité. « Si 14 ans plus tôt, pour l’aînée, j’ai repris le travail une semaine après l’accouchement, là ce n’était pas pareil », confie-t-elle.
Aucun regret
Installée à la table de la cuisine de son modeste pavillon, Guylène Barbot entourée de deux de ses enfants, pendant que les deux autres sont avec son mari, affirme ne rien regretter. C’est simplement et naturellement, sans contraintes et généralement avec plaisir, qu’elle suit son bonhomme de chemin. Elle travaille dehors, s’occupe des animaux, possède la liberté
— « parfois relative », juge-t-elle en évoquant les politiques agricoles — d’entreprendre. « Je suis bien dans ma tête et bien avec mon entourage », confie-t-elle. Avant de reconnaître entre deux regards complices lancés à Angélique : « En agriculture, vie de famille et vie professionnelle sont très liées. Un surcroît de stress au travail et le soir à la maison, je démarre au quart de tour ». L’aveu de faiblesse semble suffisant pour être pardonné ; ou peut-être est-ce la disponibilité à laquelle s’astreint Guylène pour suivre ses enfants dans leurs activités sportives, ou les accompagner dans leur parcours scolaire qui lui vaut cette reconnaissance silencieuse mais manifeste de l’aînée. Agricultrice de cœur, la maman qu’elle est souhaite à ses enfants un cheminement aussi naturel. Pas toujours facile, elle en témoigne, mais évident. Dans quelques mois Angélique passe son bac.
« Ce qui importe aujourd’hui c’est de l’aider à trouver sa voie. » Pour Camille, l’an prochain ce sera l’entrée en maison familiale.
« Elle est moins ‘mamouse’ que sa sœur », plaisante la jeune mère. Elle sera pensionnaire et gagnera en même temps le doit d’avoir un téléphone portable.
« Les gosses nous tannent de plus en plus tôt. Ces biens matériels ne sont pourtant pas essentiels », juge-t-elle. L’amour du travail, l’enthousiasme, la détermination, la passion, sont les valeurs que Guylène aimerait, plus que tout, transmettre à ses enfants. Et si en plus il leur venait l’envie de s’épanouir professionnellement au sein d’une exploitation agricole… Heureuse aujourd’hui, la jeune femme le serait encore plus demain.