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"Il faut une politique qui arrête de dépencer le monde rural"

Il y a quelques semaines, le Premier ministre a présenté son « Agenda rural ». Les 173 mesures annoncées émanent d’un rapport remis mi-juillet par deux parlementaires et trois maires. Alain Pichon, président de l’association des maires, réagit à ce plan.

© Elisabeth Hersand

Depuis quelques jours, on en sait un peu plus sur « l’Agenda rural » du gouvernement. Qu’en pensez-vous ?
On ne connaît pas encore le détail de toutes des mesures qui ont été retenues. Mais j’ai un peu l’impression que le gouvernement prend un virage intéressant. Est-ce qu’on s’intéresse enfin aux territoires ruraux ? Je me dis que l’annonce de ce plan est peut-être un signe qui indique qu’on va arrêter de dépecer le monde rural.

Vous êtes optimiste ?
Oui, un peu plus qu’il y a un an. J’ai l’impression qu’on écoute plus les maires, notamment depuis les gilets jaunes. Dans le grand débat, ce sont souvent les maires ruraux qui ont organisé les débats. Et que cela nous a donné plus de légitimité, notamment auprès de nos électeurs. C’est important, notamment parce que les élections municipales approchent Au final, dans la Vienne, 60 % des maires vont briguer un nouveau mandat. C’est le même taux que d’habitude.

Pensez-vous qu’il faille faire évoluer le statut des élus ?
Oui, dans le cadre des municipales, j’avais d’ailleurs proposé à l’association nationale des maires que la parité soit obligatoire pour toutes les communes, y compris celles qui ont moins de 1 000 habitants. Dans la Vienne, 22 % des maires sont des femmes, alors qu’au niveau national, c’est un peu moins : 18 %. La proposition n’est pas passée, mais il y a eu assez peu d’oppositions, les choses avancent ! Ce qui est inquiétant aussi, c’est l’âge des élus. 60 % des maires sont retraités. Il faut que l’on trouve des gens en activité, et plus jeunes. Et c’est là que la réforme peut avoir un intérêt. Notamment pour faciliter les choses pour un salarié, qui interrompt son activité plusieurs années pour se consacrer à la mairie. Il faut qu’il puisse revenir dans des conditions acceptables. C’est le cas chez les fonctionnaires, mais pas pour les salariés. Il faut que cela soit plus encadré par la loi. La question des retraites des maires est également importante, ainsi que la gouvernance intercommunale.

Quelles pistes vous paraissent intéressantes dans les annonces faites ?
Le travail sur la consommation d’espace rural me paraît très positif, d’autant que dans le même temps, la question de la rénovation des bourgs est abordée. En favorisant la rénovation des bâtiments existants, ou l’occupation des friches, cela ne limitera pas le dynamisme des communes, et c’est un travail important pour le maintien du patrimoine. Sur les nouveaux contrats de ruralité, on n’a pas beaucoup de détails, mais j’espère que la nouvelle formule permettra des financements importants. Il semble que le développement numérique fasse partie des axes privilégiés. C’est bien, mais les départements ont souvent pris la main sur ce développement, et malheureusement, je n’ai rien vu sur la téléphonie. Pourtant, il y a encore beaucoup de secteurs où rien ne passe.

Que pensez-vous du projet évoqué autour des
licences IV ?
Ça me parait une bonne idée de permettre aux communes d’acheter ces licences, et ce quelle que soit la forme que prendra ensuite l’exploitation de cette licence : bistrot associatif, entreprise.. C’est toujours un élément important d’avoir de lieux de convivialité dans nos bourgs. Mais c’est une mesurette. Car si dans le même temps, on vide les campagnes des services publics, ça ne change rien.

À quels services pensez-vous en particulier ?
Les trésoreries publiques ! Aujourd’hui, 13 sur les 20 que comptait le département sont ouvertes, et la réforme prévoit qu’il n’y en ait plus que 3 en 2021. Alors effectivement, il n’y a pas de fermeture en 2020, comme annoncé par le ministre, mais c’est juste parce que les fermetures se font en 2021. Il y a une quinzaine de jours, nous avons envoyé un courrier à la Préfecture et la DGFIP pour qu’il y ait au moins une trésorerie dans chaque communauté de communes. Ce document a été signé par les présidents des 7 EPCI et les élus de l’association des maires. C’est vrai que dans le même temps, la possibilité d’aller régler ses impôts chez les buralistes, c’est une bonne idée, mais ça n’empêche pas de garder plus de trésoreries.

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