Ils conçoivent leur matériel pour améliorer leurs conditions de travail
Loïc et Laure Rochard ont participé à la conception d’une distributrice autonome pour leurs volailles afin de répondre à leurs propres besoins et ainsi faciliter leurs conditions de travail. Elle devrait débarquer sur l’exploitation d’ici quelques mois.
Ils avaient du mal à trouver la machine idéale, alors ils ont décidé de la créer. D’ici quelques mois, Loïc et Laure Rochard espèrent pouvoir bénéficier de la distributrice autonome à capacité intermédiaire (150 à 300 kg) qu’ils conçoivent avec l’entreprise Nemak, basée à Nueil-les-Aubiers. Une machine qui doit révolutionner les conditions de travail de Laure, chargée de l’approvisionnement des 33 000 volailles de l’Earl La ferme de Mathurille, à Genneton. Car après douze ans à porter annuellement près de 100 tonnes, entre les 50 t de céréales produites sur les 53 hectares de la ferme et autoconsommées et les aliments achetés en complément, principalement pour le démarrage et la croissance, elle a dit stop. « Physiquement, ça devenait beaucoup trop dur », assure-elle.
De la demande en volailles en vente directe
Laure a beau avoir suivi des formations pour atténuer son mal de dos, il fallait des changements plus profonds. D’autant plus que la production de volailles est en constante augmentation, portée par la vente directe. « En cinq ans, nous sommes passés de 1500 à 6000 volailles vendues en direct », ont-ils constaté.
Alors il y a deux ans, le couple commence sérieusement à rechercher un matériel qui puisse la soulager au quotidien. « Les machines qui sont actuellement sur le marché ont la capacité que nous recherchions mais pas la motricité suffisante. Avec le terrain que l’on a, il faut du matériel carrossable, qui rentre dans le parcours des volailles l’hiver, ce qui peut se révéler assez chaotique. Ou alors, les matériels coûtaient entre 30 000 et 50 000 euros, beaucoup trop cher par rapport à notre production », explique Loïc. Le couple scrute le marché de l’occasion, surtout dans le Sud-Ouest, où ce type de matériel est fréquent dans les élevages de canards gras.
Une machine pour les terrains difficiles
C’est finalement au cours d’une discussion informelle avec Jérémie Onillon, un ami à eux, dessinateur-concepteur dans le milieu agricole, que l’idée de concevoir leur propre matériel s’est dessiné. « Il s’est rendu compte qu’il y avait de vrais besoins sur le terrain. Il y a plusieurs petits élevages dans le coin qui peuvent être intéressés », relate celui qui s’est installé dans le nord du département il y a seize ans.
Les deux éleveurs lui exposent alors leurs envies : une machine qui peut contenir entre 150 et 300 kg, capable d’approcher un bâtiment sans effort, attelable facilement sur les terrains difficiles. « Ce qui est révolutionnaire, c’est sa polyvalence et surtout son procédé de distribution », confie l’éleveur, qui ne peut en dire plus à ce stade de développement.
L’exploitation sert de test grandeur nature à la machine, pour que Jérémie Onillon puisse peaufiner les réglages. « Globalement, le gros procédé est au point. La distributrice est légère, maniable, facilement connectable aux cabanes mobiles, le système de distribution est au point mais on n’est pas encore au stade de production. Il reste encore du travail à faire côté esthétique et domotique (mise en marche de la machine) », précise Loïc.
7 000 euros de dotation
En deux ans, le couple a ainsi investi du temps et de l’argent pour financer le prototype. Début juillet, il a reçu un coup de pouce inattendu en remportant le concours Terres d’idées, organisé par Mutualia. Un prix qui s’accompagne de 7 000 euros de subvention. « On n’en revenait pas, on était sur un nuage ».
Le couple se prépare maintenant à accueillir la machine. Un silo spécial, en hauteur, avec un déversoir adapté, n’attend plus que la distributrice. À l’avenir, les deux associés espèrent l’utiliser pour d’autres fonctions. « Elle est très polyvalente. Elle peut être utilisée demain dans des élevages de porcs en plein air, de ruminants, pour emmener de l’aliment partout dans les champs, quelle que soit la production. Et puis pourquoi pas la développer en automotrice ». En tout cas, une chose est sûre, ils ne veulent plus continuer comme avant.