Ils puisent dans la rivière les volumes lâchés pour l’irrigation
En aval du Cébron et de la Touche Poupard, chaque mètre cube puisé
par un irrigant est un mètre cube qui a été lâché d’un des barrages. Le stockage d’hiver permet, par une gestion qui priorise les usages, de sécuriser autant que possible les besoins.
Ici ou là, de Saivres à Coulon, pour le secteur situé en aval du barrage de la Touche Poupard, et de Gourgé à Saint-Martin-de-Sanzay, pour celui qui bénéficie des lâchers du barrage du Cébron, les agriculteurs ont posé des affiches pour informer les riverains. « Eau de barrage en gestion », peut-on lire sur ces autocollants ou autres panneaux, collés ou installés, sur ou à proximité, des enrouleurs, canalisations ou stations de pompage. Cette information est essentielle pour Thierry Passebon, président de l’AIRB, l’association des irrigants réalimentés par les barrages, qui compte une centaine d’adhérents.
Effectivement, en plein coeur de juillet, alors que les restrictions d’irrigation pleuvaient sur le territoire deux-sévrien, « trop peu de personnes étaient informées de la particularité qui nous concerne ». Ce manque de communication laisse libre cours à des interprétations, des commentaires qui participent à une dégradation de l’image des agriculteurs, des irrigants. « Sur les secteurs ici cités, les quantités d’eau puisées dans le Chambon, la Sèvre niortaise ou encore le Thouet, ont préalablement été stockées dans les barrages, au cours de l’hiver.
Entre le 1er avril et le 30 septembre, sur la zone MP4 (aval de la Touche Poupard), et le 15 juin et le 30 septembre, sur le secteur aval du Cébron, chaque mètre cube puisé par un irrigant est un mètre cube qui a été lâché d’un des barrages. Le prélèvement n’appauvrit pas le milieu ». En conséquence, la centaine d’adhérents à l’AIRB n’est pas soumise aux arrêtés d’irrigation qui limitent les volumes et imposent des contraintes horaires. « L’eau est expédiée dans le milieu pour nous. Il faut la prélever quand elle passe ».
7 centimes par mètre cube
Constatant que dans les débats autour de la gestion de l’eau, de nombreux arguments sont construits sur « un manque de connaissance des spécificités, il nous semble important de rappeler certains cadres », pose l’élu professionnel.
Dans un souci d’équilibre économique, à la création des barrages, le stock d’eau a été affecté à différents usages. L’eau potable est la priorité absolue sur les deux ouvrages. sept des quinze millions de mètres cubes réservés à la Touche Poupard servent à sécuriser le besoin des populations. Sur le Cébron, ce sont huit des onze millions stockés qui sont achetés par les syndicats des eaux. Le soutien d’étiage, spécificité de la Touche Poupard, concerne cinq millions de mètres cubes. « Chaque ouvrage réserve trois millions de mètres cubes à l’irrigation », précise Thierry Passebon.
Ces volumes, commercialisés via les SPL, sociétés publiques locales, sont achetés sept centimes le mètre cube d’eau brute, dont les frais d’acheminement et de pompage sont à la charge des agriculteurs. Un prix qui correspond à l’amortissement des ouvrages construits au début des années 90. « Si, au 31 mars pour la Touche Poupard et au 31 mai pour le Cébron, les ouvrages ne sont pas pleins, l’ensemble des usages ne sera pas honoré. L’irrigation, usage dont la priorité est inférieure aux autres, est le premier à être privé ».
Les compteurs, outils de gestion
Six mois avant la saison, les adhérents à l’AIRB font une demande de volume à l’organisme unique de gestion collective (OUGC) du secteur. Selon les niveaux de remplissage des barrages, les volumes globaux délivrés par la SPL du Cébron ou de la Touche Poupard sont modulés. En saison, chaque lundi, les irrigants relèvent les index de consommation. Ils les transmettent à l’OUGC, intermédiaire de la SPL. Ces derniers, outre le suivi des consommations et leur facturation, permettent de programmer les lâchers à venir.