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Fredon Charente-Maritime
Indispensables piégeurs volontaires !

Alors que la lutte contre les nuisibles aquatiques reste toujours le fer de lance de la Fredon 17, un grain de sable vient enrayer la dynamique. Trois syndicats mixtes et une CDA n’ont toujours pas adhéré.

Remise de cages à ragondins, vendredi 9 septembre, à Longèves, pour les piégeurs bénévoles conventionnés Fredon 17.
© Laurence Guilemin

Vendredi 9 septembre, à Longèves, Jean-Louis Bouju, président du groupement intercommunal de défense des organismes nuisibles (Gidon), a remis 100 cages à ragondins (qu’il a financées) aux piégeurs bénévoles qui luttent contre ces rongeurs aquatiques. Même si le prix de la cage a augmenté, passant de 28 € à 46 €, en peu de temps, le président souhaitait ainsi « mettre en lumière tous ces hommes, leurs investissements, leurs passions ». Ils sont tous conventionnés avec la Fredon 17, structure reconnue en tant qu’organisme à vocation sanitaire et habilité à mener des actions dans le cadre de la santé animale et du végétal. Les 20 Gidons sont des réseaux locaux de la Fredon 17.

Cette matinée était aussi l’occasion pour le président de la Fredon 17, Pierre Borde, de tirer la sonnette d’alarme. « Jusqu’en 2017, le Département finançait la lutte collective contre les rongeurs aquatiques. La loi NOtre est passée par là et dans le cadre de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques prévention des inondations), la compétence est confiée aux intercommunalités, comme les communautés d’agglomération, les communautés de communes, les syndicats mixtes. Si bon nombre d’organismes ont adhéré, il n’en est pas de même pour le Syrima (syndicat mixte des rivières et marais d’Aunis), le SMCA (syndicat mixte Charente Aval), le SMBSN (syndicat mixte du bassin versant de la Sèvre niortaise) et la communauté d’agglomération de La Rochelle. » Or, l’adhésion est la première démarche « indispensable » à effectuer avant la mise en place des différentes luttes. La Fredon, a proposé de revoir à la baisse son tarif, pour la lutte collective contre les rongeurs aquatiques. Une proposition leur a été envoyée. Pierre Borde s’insurge quelque peu : alors que les trois-quarts de la prestation a été réalisée sur ces territoires, point d’adhésion à l’horizon pour l’instant. Un tiers des adhésions des collectivités sont reversées aux piégeurs bénévoles conventionnés qui sont indemnisés en fin d’année.

La présence de Gilles Gay, vice-président du Département, en charge de l’agriculture a  permis de montrer le soutien du Conseil Départemental à la structure et à ses activités. Une rencontre entre les deux organismes sera organisée dans les prochaines semaines.

Maintenir une lutte constante

« Je piège le ragondin par protection », lance à plusieurs reprises Sylvain Boucard, ancien agriculteur à Courçon, président du syndicat du marais mouillé 17 de la vallée de la Sèvre et du Mignon et vice président de l’Union des marais. Il considère qu’il est piégeur depuis toujours. Muni de sa carte dédiée mais aussi de  sa carte de tireur, « c’est obligatoire », il piège en dehors des périodes de chasse, puisqu’au moment de l’ouverture de la chasse, ce sont les chasseurs de l’ACCA qui prennent le relais. Et il le fait en connaissant les conséquences que cela peut avoir aussi bien sur les cultures, les ouvrages hydrauliques, que sur les animaux et les humains. « J’ai eu de dégâts considérables dans mes cultures. De plus, des problèmes sanitaires peuvent surgir, avec la leptospirose et perturber la reproduction des animaux. Les chevaux peuvent aussi mourir par blessure. Il s’agit d’une zoonose véhiculée par une bactérie provenant des urines de ragondins. » La maladie est aussi transmissible à l’homme et touche le foie ou les reins. Il a d’ailleurs alerté l’ARS, l’agence régionale de la santé, sur ce sujet.

À Courçon, on compte 25 tireurs. Chaque commune a les siens. En tant que président de syndicat de marais, Sylvain Boucard a décidé de « prendre les choses en main » afin de mener une lutte sur l’ensemble du territoire syndical. Le comité a donc acheté, voilà 5 ans, 100 cages. Actuellement 120 cages sont sur le territoire, de Cramchaban à Marans, soit 2 000 ha de superficie piégeage. Le résultat a été très positif. « La première année, nous avons capturé 1 200 ragondins, sur l’ensemble du territoire, puis 1 500, 1000 et là nous sommes à 800 captures. » Cette diminution s’explique : « Nous avons piégé beaucoup plus tôt avec l’hiver très sec que nous avons eu. Nous l’avons fait dès les premières colonisations. Il n’y a pas eu de reproductions. Sachant qu’un couple de ragondins, c’est 90 descendants en deux ans. Et puis s’il y a une baisse c’est aussi grâce à une lutte constante. » Tous les jours, Sylvain Boucard va relever les cages. « Il n’y a pas de jour de relâche. On repère les endroits, on met des appâts dans les cages. À nous d’aller voir si un ragondin est pris. Il peut arriver qu’un autre animal de la faune sauvage soit capturé. À ce moment-là, nous le relâchons. » Le suivi est rigoureux. Chaque jour, le piégeur prend deux heures et parcourt 16 kms pour 12 cages. « Certes, cela demande du temps, représente un coût avec l’augmentation du prix du carburant. La Fredon reverse 3,50 € par queue de ragondin. Il faut avoir la motivation au départ. »

Un temps et un coût considérables

Passionné, didactique, il explique les difficultés du piégeage lorsqu’il n’y a plus d’eau dans les canaux. « Sur les grands cours d’eau, il y a toujours de l’eau, c’est plus simple. Mais ici, on est dans du chevelu (NDLR : petits canaux), cela reste donc difficile d’accès, il faut des connaissances. Quand on n’a plus d’eau, les ragondins suivent l’eau. Le ragondin peut aussi rester sur des parties hautes sans eau, toute l’année dans les galeries. »

Il regrette que le Syrima (syndicat mixte des rivières et marais d’Aunis) ne piège pas sur l’ensemble du territoire et juge la situation aberrante : « on paie une taxe Gemapi sur les surfaces de marais mouillé, la lutte  des ragondins est transféré au syndicat mais il refuse de le faire. » Cependant, il reconnait que cela demande du temps et représente un coût considérable. Le marais mouillé se compose notamment d’endroits difficiles d’accès, « on ne peut pas y mettre les pieds, c’est tourbeux, vaseux. Il n’y a pas d’activité agricole, donc personne y va. »
Autre point soulevé par Sylvain Boucard, le renouvellement des générations. « Nous avons quelques jeunes, mais ils ne sont pas assez nombreux. Il faut les comprendre, ils n’ont guère le temps entre le travail et l’administratif à gérer. »

 

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