Internet : «La fibre optique ira jusqu'à la ferme la plus éloignée...»
Equiper tous les foyers de Charente-Maritime d'un accès possible à la fibre optique, quelle que soit sa localisation, le pari doit être relevé avant 2022.
Sans l’avance technologique, prise il y a quelques années sous l’impulsion de Claude Belot, le département de la Charente-Maritime serait dans le gros du peloton des départements équipés en haut débit. Il est en passe de devenir le numéro 1 en installant sur quatre ans, avant 2022, la fibre optique pour les 270 000 foyers. Un accord unique, voté à l’automne dernier, vient d’être officiellement signé entre le Conseil départemental et l’opérateur Orange pour arriver à cette fin. «Cette opération s’inscrit dans le cadre du schéma directeur d’aménagement numérique (SDAN) départemental visant à couvrir 100 % du territoire de la Charente-Maritime en fibre optique, soit près de 450 000 prises au total» soulignait-on, jeudi dernier au Conseil départemental. Dominique Bussereau, secondé par Jean-Marie Roustit, détaillait les modalités d’intervention
Accélération
Un planning des communes qui seraient « progressivement » équipées était donné. Y figurent non seulement des villes, mais surtout des zones rurales pour qui la fourniture de la fibre optique représente une avancée technologique importante.
Et cette cartographie ne privilégie pas que les zones côtières, riches en touristes, mais à plusieurs reprises on a parlé des attentes du monde agricole dans ces nouvelles technologies engendrées par la fibre optique. Le très haut débit va donc d’ici quatre ans supplanter le haut débit (ADSL) existant. «Un réseau FttH (c’est son nom en fibre optique) offre des débits plus rapides que l’ADSL. C’est la possibilité» soulignait Pierre Louette, le directeur général adjoint d’Orange, «de profiter de tous les usages simultanés sur tous les écrans du foyer. Le FttH permet d’accéder à une nouvelle dimension de partage des données, de divertissements et de sensations, streaming vidéo, contenu ultra haute définition, stockage sur les nuages, son haute définition, caméra 360°, téléchargements rapides.» Orange va donc creuser les sillons (17 000 kms) en utilisant au maximum les fourreaux existants et équipés les foyers, les entreprises de boîtiers fibre optique. En équivalent temps plein cela représente 425 emplois et 80 000 heures d’insertion sociale et 12 000 heures de formation. Ensuite les offres des fournisseurs de connexions seront multiples. Orange, naturellement, mais aussi Bouygues, SFR, Free, France télécom, R=D, etc. Déjà certains d’entre eux font de l’affichage publicitaire, notamment dans les agglomérations.
Fibre 100 Mega pour tous
Cette opération entre Orange et le Département exclus de l’accord des «zones AMII» (172 000 prises), des territoires ou des intercommunalités qui ont choisi d’autres opérateurs pour réaliser le «câblage» de la fibre optique. Les premières ébauches du SDAN envisageaient une construction de ces lignes à 20 ans… en 2022, Dominique Bussereau affirme qu’il veillera au grain, la fibre optique sera une réalité «dans tout le département» : «tous les foyers seront desservis. Pendant 25 ans, tous les nouveaux foyers seront raccordés.» Le SDAN avait comptabilisé 40 000 foyers «isolés.» Ce qui pouvait faire craindre une nouvelle éviction des modèles économiques des opérateurs de la fibre optique. Autre aubaine de ce montage technique, nommé «délégation de service public», celle de l’engagement financier de l’opérateur Orange. La facture du Conseil départemental est divisée par trois par rapport à celle envisagée en 2013. Du coup, les intercommunalités n’auront pas à financer. Le coût de cette opération se monte à 430 M€ annonçait Pierre Louette et le Département devrait débourser une dizaine de millions d’euros pour être le premier département français entièrement équipé. Régis Baudoin, invité à être sur les fonds baptismaux de cet accord, soulignait les liens entre très haute définition et téléphonie mobile : «la difficulté dans cette opération résulte aussi dans les attentes fortes qui se font jour» ajoutait le directeur national de la mission France THD. «Ces travaux sont à hauteur des projets du Grand Paris !» Jean-Marie Roustit résumait : «une opération où 86 % du montant se fait sur des fonds privés.» Le calendrier du déploiement va, certes, susciter des commentaires dans les «ordres de priorité définis», mais le tout devra être finalisé en 2022. Une complémentarité avec l’opérateur créé pour le haut débit, Numérique-17 est à l’étude.