Irrigation : optimiste pour 2025, mais attentif
À quelques jours de l'assemblée générale de l'Adiv, qu'il préside, le point avec Nicolas Giraud sur les enjeux de 2025.


Du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, près de 1 400 mm de pluies sont tombés dans le Civraisien. Sur l'ensemble du département de la Vienne, le chiffre se situe au-dessus de 1000, alors que la moyenne est plutôt autour de 750 mm. Une pluviométrie qui a été catastrophique pour les rendements et la qualité des céréales (mais aussi du foin), mais qui aboutit au final à une bonne recharge des nappes phréatiques. "On est parfois à des niveaux historiques" se félicite Nicolas Giraud, président de l'association des irrigants de la Vienne. Selon le bilan dressé par le BRGM au 1er janvier, "les nappes réactives du socle du sud-est du Massif armoricain et des calcaires jurassiques de la Brenne au seuil du Poitou restent à des niveaux très hauts depuis mai 2024". Nicolas Giraud envisage donc la campagne d'irrigation de 2025 de façon positive. "Il y a deux ans, on nous disait que plus jamais on ne pourrait avoir des recharges en eau importantes, à cause du changement climatique. Comme on le disait, nous, à l'époque, on voit bien que le changement climatique n'aboutit pas forcément à une diminution de la quantité des eaux de pluie". Selon lui, c'est plus "la structuration des cours" d'eau qui pose problème. "Malgré les restrictions qui sont réalisées depuis des années, rien ne s'est amélioré. En 2000, on pompait 66 millions de m3 dans le Clain. Aujourd'hui, c'est 33 millions, et les problèmes sont les mêmes". L'agriculteur estime qu'il faut "remettre les barrages, des réserves". Et alors que l'arrêté cadre commence à se préparer, l'Adiv entend demander que les fourrages soient réintégrés dans les dérogations, que les seuils Hmuc ne soient pas utilisés. Pour mémoire, l'étude Hmuc et ces seuils ne sont pas encore votés (ils pourraient l'être en juin), mais ne devraient pas être appliqués avant 2027. Mais l'administration recommande d'utiliser ces chiffres comme des "seuils pédagogiques".
Cette étude Hmuc est en revanche toujours une crainte qui plane au-dessus de la tête des irrigants. Son vote en Cle du Sage Clain a été conditionné à la réalisation d'une étude socio-économique, que le conseil départemental est en train de mener, et qui vise une réalisation en juin. "On rappelle quand même que l'étude Hmuc a été menée en 2019, et que les conditions ont déjà beaucoup changé. Pour nous, Hmuc est obsolète". Nicolas Giraud espère que cette étude "fera prendre conscience aux élus l'impact qu'ait une application des seuils". Il pointe notamment la production de beurre AOP Charentes-Poitou, mais aussi des exemples hors agriculture. "La Roche-Posay, par exemple, ne disposerait plus de volumes pour ses thermes. Ce qui signifie un arrêt de la station, du Casino..."
Le PTGE, également en cours de réalisation par le Département, devrait aussi être près pour le mois de juin.