« Je ne changerais pour rien au monde »
Petit à petit, Vanessa Ghys concrétise son projet de plantes aromatiques et médicinales. La lourdeur administrative l’a un peu déconcertée, mais pas démotivée. Avec son mari apiculteur, le couple apprécie la qualité de vie.
Voilà maintenant 18 mois que Vanessa Ghys a participé à la journée installation, de JA17, à Saintes. Elle préparait un BPREA au Petit Chadignac et venait y chercher des informations. Un an et demi après, où en est-elle ? Il faut se rendre au Douhet pour la voir dans son champ de plantes aromatiques : guimauve, thyms, la lavande, verveine, dgéranium rosat, aubépine, achillée... « La sarriette a bien poussé », fait remarquer Vanessa Ghys sur sa petite parcelle de 10 ares. « Au départ, ici, il y avait des ronces et des fresnes sur un sol argilo-calcaire. Il a fallu dessoucher. » Très contente de montrer que son projet prend forme, elle explique toute souriante qu’elle veut pailler, mettre une bande enherbée ici, installer un système de goutte à goutte là. « Les plantes aromatiques sont moins gourmandes en eau », prévient-elle.
Vanessa Ghys réalise des tisanes, veut travailler sur des huiles essentielles, parle de miels aromatiques réalisés avec son mari Cyrille, apiculteur-éleveur, dont l’objectif est de passer de 160 ruches à 200 d’ici la fin de l’année. Il aimerait faire de la transhumance pour compléter sa gamme. De son côté, elle réalise aussi de la pâte à tartiner : miel noisette et miel amandes. « Nous faisons des marchés et des marchés fermiers. Nous avons créé une ruche pédagogique pour expliquer aux clients. Nous avons développé des points de vente du côté de St-Georges-des-Coteaux, Taillebourg, St-Hilaire, La Chapelle-des-Pots. Nous projetons aussi d’avoir une miellerie avec un point de vente, de participer à des marchés de Noël. »
Des Picards venus dans le Sud
Du chemin, Vanessa Ghys en aura parcouru avec son mari, tous les deux Picards. Voilà maintenant 14 ans qu’ils ont posé leurs valises dans le département, eux, les hors-cadre familiaux, qui ne se prédestinaient pas au départ à être dans le milieu agricole. Lui était plombier à son compte « avec un regard attentif pour les abeilles ». La jeune femme a occupé divers boulots, fait des remplacements dans les cantines scolaires. Elle a aussi aidé son mari dans la gestion administrative de l’entreprise. « Mon mari en a eu marre de la plomberie. Sept ans sans prendre de vacances, sans avoir trop de week-ends, car le client n’attend pas. On voulait travailler ensemble », explique-t-elle. De son parcours pour s’installer, elle retient la formation pour « apprendre les bases du métier, les rencontres avec les professionnels. On y va progressivement. Tous les conseils sont bons à prendre. » L’ombre au tableau, la paperasse : « l’administratif est pesant. Il faut être motivé. C’est lorsqu’on est dans les papiers que l’on s’aperçoit de la lourdeur administrative. Nous avons voulu créer un Gaec. Cela n’est pas possible. Lorsqu’on est en pleine période de production, on n’a pas le temps de s’occuper des papiers. » Elle regrette qu’on ne les ait pas plus informés, aiguillés sur les modalités du Gaec. « Il a manqué de l’anticipation, personne ne nous a bien renseignés en amont. Il aurait fallu poser les bonnes questions, mais quand on ne sait pas à la base, qu’il faut poser certaines questions, comment fait-on ? » Plus de mise en garde, d’anticipation auraient été les bienvenues. Elle insiste pour dire « qu’elle n’en veut à personne ». Elle pointe aussi le nombre d’interlocuteurs : banque, MSA, Chambre d’agriculture, DDTM,... et parfois cette impression d’être « trimbalée » d’un organisme à un autre, car elle n’a pas « la bonne personne » pour répondre. Comparé à l’artisanat, son mari trouve que le secteur agricole est assez lourd en démarches administratives, avec ce sentiment de perte de temps.Le couple est arrivé dans le monde agricole, sans préjugé, sans se poser de questions sur la vision qu’ils en avaient. « On nous a simplement dit que les Charentais-maritimes étaient des gens froids. Or c’est loin d’être le cas. » Elle parle d’entraide, de solidarité entre les agriculteurs. Des propos corroborés par son mari, qui a suivi notamment une formation, à Cherbonnières, chez Philippe Millot.
« Je suis au Gab 17, je participe à des réunions. Nous faisons des commandes groupées. Nous nous enrichissons mutuellement, sur nos pratiques », explique Vanessa Ghys qui semble épanouie dans ce qu’elle fait et qui « ne changerai pour rien au monde ». Avec un peu recul, elle concède qu’elle s’y prendrait un peu différemment pour la conduite des PAM. « Je commencerais à planter mes cultures un peu avant mon installation, afin d’en avoir au moment où je m’installe. » Elle conseille de bien réfléchir à son projet en amont, de poser toutes les bonnes questions et d’avoir conscience du travail administratif.