Jean-Bernard de Larquier, nouveau président de l'interprofession du cognac
Le viticulteur de Charente-Maritime a été élu à la présidence du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), le 18 novembre. Portrait.
38 ans qu'il bourlingue dans les arcanes syndicales cognaçaise. Quelques faits d'armes, des heures interminables de «négociations», des conversations sur la marche du microcosme cognaçais. Jean-Bernard de Larquier, installé en 1978, a connu tous les sièges et strapontins pour finir, cette semaine, au siège de président du BNIC. Sourire toujours de mise, sauf lorsqu'il fronce les sourcils, signe de déraillement du dialogue, source d'une explication circonstancielle, précise et étayée. Une marque de fabrique apprise dans le syndicalisme jeune, le sillage de la chambre d'agriculture, le panier de crabes syndical des années de crises. « Faire l'union n'était pas évident » résume-t-il «entre crus, personnes, intérêts et manipulations.» L'homme séduit par son aplomb, sa connaissance approfondie des dossiers. Cognac, pineaux, vins de pays, rien ne semble avoir de secrets techniques, administratifs ou juridiques. Un parcours formateur pour les négociations au long court, face aux prises de positions et aux postures à tenir, Jean-Bernard de Larquier garde intact «son expérience JA.» Tout autant que «l'épisode du blocus de cognac de 98», selon lui, «ciment de l'unité retrouvée de la région délimitée.» Un mot revient souvent : regrouper, rassembler. Pour lui, une évidence. Plus difficile à réaliser tant sont divers les avis dans la région délimitée. Même dans l'interprofession. «Ma passion était le vin... et l'est toujours.» Nourri au virus du syndicalisme viticole, il donne beaucoup au fil des ans «peut-être au détriment d'une présence en famille ou sur l'exploitation.» Des multiples casquettes qui le pousseront à un «passage plus calme», «pour refaire le point.» Homme de synthèse, il a poussé les fers pour «regrouper», «prendre de la hauteur dans les problématiques.» Virage de la gouvernance d'une génération qui conduira à l'UGVC, «un changement de culture» où l'énergie doit être mise entre metteurs en marchés et viticulteurs, nouveaux marchés et innovations. Un acquis des 15 années pour «l'intérêt général.» Une unité qui ne naît pas ex-nihilo, mais à force de persuasion. De l'habit du casque bleu à celui de diplomate, il ancre sa démarche dans la compréhension des spécificités. «L'unité aujourd'hui est solide, mais peut toujours éclater. Solide, si on garde en mémoire pour les 15 à 20 ans à venir, dans la volonté de faire ensemble.» Une génération suit l'autre.
Une méthode
«Garder son calme, écouter tout le monde, synthétiser, ne pas mécontenter la majorité, mettre sous le boisseau parfois ses propres convictions» sont la ligne de conduite. Formé dans les instances syndicales à la négociation, il n'apprécie pas le dilettantisme : «siéger ne suffit pas, le poste forme l'homme. La position multi-casquette est parfois difficile à tenir, mais tellement formatrice ! Il faut avoir bien en tête les positions sur l'échiquier de chacun et apprécier les tactiques de chacun. C'est extraordinaire de maîtriser ainsi le jeu, car on sait jusqu'où aller pour que l'autre puisse défendre sa position.» Négocier n'est pas bloquer l'autre. «Mon expérience passée va servir au BNIC. On n'abandonne pas sa famille en prenant la présidence. Au contraire. Ma volonté est de porter l'interprofession plus loin qu'elle n'est aujourd'hui. On est l'homme de la synthèse sur les deux familles pour permettre au produit de se développer. Le dialogue entre les deux familles peut encore s'améliorer. Les outils, dont nous disposons, pour que les deux familles continuent de travailler ensemble, doivent se perfectionner. L'interprofession cognac a longtemps été décriée, car elle ne rentrait pas dans les critères d'une ODG viticole. Président du BNIC, «un bâton de maréchal» ? «Jamais voulu être notable. Nous ne sommes pas sur terre pour soi. Mon père m'a légué cela. Je me suis enrichi... humainement.»