Adasea
Jeunes et cédants sur la piste du dialogue
Le 15 octobre à Saint-Aubin-de-Baubigné, le 26 novembre au Breuil-Bernard. L’Adasea organise des rallyes. Sur une journée, jeunes et cédants se rencontrent dans des fermes à transmettre. Il est question d’installation et de transmission.
En agriculture, le renouvellement des générations passe avant tout par la reprise d’exploitations. La création pure reste marginale.
Plus que dans d’autres branches professionnelles peut-être, la mise en relation est ici primordiale. Depuis plus de vingt ans maintenant, la profession s’est dotée d’outils performants pour atteindre ses objectifs. Dans les départements les répertoires à l’installation permettent aux cédants et repreneurs potentiels de se rencontrer, échanger, et dans le meilleur des cas de conclure une transmission.
En 2007 en Deux-Sèvres, le meilleur des cas s’est renouvelé une vingtaine de fois. Seuls ou en entrant dans une société, une vingtaine de jeunes se sont installés hors cadre familial.
Pour les équipes des Adasea, ces réussites ne doivent pas masquer une autre réalité. Chaque année, nombreux sont les candidats malheureux. Pourtant, les exploitations à transmettre ne manquent pas.
« L’inadéquation » entre les projets des jeunes et les structures proposées par les futurs retraités est mise en cause. Les jeunes veulent majoritairement s’installer seuls ou plutôt « concrétiser un projet personnel », explique Eric Ferré, conseiller Adasea. Côté cédant, le temps est à la cession de parts de sociétés.
« Il faut créer des espaces de discussion, donner l’occasion aux exploitants en fin de carrière de rencontrer les candidats à l’installation », encourage Jean-Pierre Charron, chargé de l’organisation des rallyes du 15 octobre et du 26 novembre.
La semaine dernière, du côté de Saint-Aubin-de-Baubigné le conseiller installation accompagnait étudiants en fin d’études et porteurs de projets au cœur d’exploitations à transmettre. Jacques Nivard, des Aubiers, propose à la location deux bâtiments avicoles de 1000 m2 chacun. Bernard Bigot de Saint-Aubin-de-Baubigné cède son exploitation individuelle. Aujourd’hui, des porcs y sont produits. Le Gaec La Tourelle recherche un associé. Le lait de vache y est la production phare. L’EARL Dumoulin à Argenton-les-Vallées vend un élevage de 200 truies plein air ainsi qu’une maison d’habitation.
Entre la formule location et l’élevage plein air, « ce sont des outils accessibles aux jeunes qui étaient présentés », juge Catherine Gonnord, agricultrice (*). Les investissements restant mesurés. Et pourtant, mercredi 15 octobre, parmi les nombreux échanges, rien n’a laissé entrevoir d’issues favorables. Kévin, 20 ans, décrochera d’ici juin 2009 son BPREA. Il se destine à l’aviculture et a écouté avec attention. Aujourd’hui toutefois, c’est vers la volaille label, avec parcours plein air, que son goût le porte. Christel, 25 ans, cherche des terres, « une quarantaine d’hectares situés à Argenton-les-Vallées ou à quelques kilomètres, pour concrétiser, avec mon frère, notre projet ».
Dialogue de sourds ou étape nécessaire avant que les choses n’avancent ? A l’Adasea on mise sur la seconde théorie. Aujourd’hui, les candidats ont des idées arrêtées. Aujourd’hui, les cédants proposent des outils dont l’orientation semble immuable. Mais en permettant -notamment dans le cadre des rallyes - aux deux publics de se rencontrer, l’organisme œuvre pour l’ouverture. Alors les jeunes apprendront peut-être à voir au-delà de la production, le potentiel de l’outil en rapport avec leur projet. Les cédants, interpellés par les jeunes, évolueront assurément dans leur approche de la transmission. Les outils ne sont que les supports d’un projet.
(*) Dans le cadre du dispositif en faveur de l’installation mis en place par le Pays du bocage bressuirais, cette agricultrice a pour mission d’aider, conseiller, accompagner les jeunes qui en exprimeraient le besoin.