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La ferme aux 480 chèvres laitières

L’EARL des 40 Printemps à Theil-Rabier a accueilli ce mardi 8 novembre les agriculteurs de Charente et de Vienne dans le cadre des Rendez-vous de l’élevage organisés par les chambres d’agriculture de la Charente et de la Vienne. Patricia Chauvaud et sa fille Élodie Godeaux ont présenté leur élevage de 480 chèvres.

Élodie Godeaux et Patricia Chauvaud.
Élodie Godeaux et Patricia Chauvaud.
© Céline Clément

Sur la «plaine caprine» entre Charente et Vienne, à Theil-Rabier, Patricia Chauvaud et Elodie Godeaux travaillent toutes deux sur l’exploitation familiale jadis tenue par les grands-parents. Elles y élèvent 480 chèvres. L’originalité c’est qu’elles sont mère et fille, et comme la formule semble fonctionner, Élodie, 29 ans, a décidé de s’installer avec sa mère au 1er janvier 2017. L’exploitation changera alors de nom pour devenir le Gaec des Printanières. “On fait beaucoup d’heures de travail donc il vaut mieux aimer ça, raconte Élodie Godeaux. On se dit les choses avec franchise, on s’organise bien et cela rend le travail moins pénible”. Titulaire d’un Bac S et d’un BTS production animale, Élodie a toujours su qu’elle reprendrait un jour la ferme familiale. Auparavant technicienne à la Chambre d’Agriculture, elle a également travaillé dans plusieurs élevages de Charente avant de revenir sur ses terres natales. “J’ai ça dans le sang. Les tracteurs, je les conduis depuis l’âge de 8 ans et les chevreaux, je les sors depuis l’âge de 6 ans. On m’a souvent dit que c’était un boulot d’homme mais je ne me suis jamais découragée.” Alors quand la crise sévit en 2008, Élodie est aux côtés de sa mère pour relever l’affaire. “Il y a encore quatre ans on aurait pu mettre la clef sous la porte mais notre rigueur dans la gestion et la comptabilité nous ont sauvées.” La passion pour l’élevage caprin aussi, dans un département qui ne compte plus que 80 éleveurs de chèvres, dont beaucoup approchent de la retraite. Confrontées à des problèmes sanitaires récurrents, Patricia et Élodie ont décidé il y a deux ans de changer l’alimentation de leurs chèvres. Elles troquent alors les granulés pour une alimentation plus respectueuse de l’animal : de la luzerne séchée en grange achetée à un céréalier. Les résultats sont probants : la mortalité baisse et la production repart à la hausse. Aujourd’hui les éleveuses produisent 1 000 litres de lait par chèvre à l’année, revendu à la coopérative Terra Lacta.

À l’affût des innovations

Très attentives au bien-être de leurs animaux, Patricia et Élodie le sont aussi à toute forme d’innovation capable d’améliorer leurs conditions de travail. Elles investissent il y a trois ans dans une mélangeuse et ont pour projet d’acheter à la mi-2017 un robot pour repousser l’alimentation. “On essaye de suivre ce qui se fait pour améliorer notre qualité de vie et pour le gain de temps”, résume Élodie. Et il est vrai qu’en dehors de son élevage de chèvres, la jeune femme a une vie bien remplie qu’elle ne souhaite pas sacrifier. Mère de deux enfants de 5 et 8 ans, férue de sport et de sorties, elle reste une femme moderne avant tout. “Je suis très féminine et j’aime prendre soin de moi. On n’est plus les paysans d’il y a cent ans.” Pour Élodie et Patricia, la clef d’un travail bien mené reste avant tout son organisation. Les agricultrices tournent en rotation un week-end sur deux et la semaine, elles se libèrent chacune d’une journée de travail. Pour Élodie c’est le mercredi : “J’en profite pour sortir avec mes enfants, faire de l’aquagym et de la course à pied.” Une autre manière de fonctionner, pour plus de confort et de temps libre car comme l’explique Julie Renard, responsable du service élevage à la Chambre d’Agriculture de Charente et de Vienne, “Aujourd’hui il y a de plus en plus de jeunes qui ont envie d’avoir du temps pour eux et nombreux sont ceux qui doivent trouver des organisations atypiques.” Atypiques ou non, Élodie et Patricia ont trouvé la leur. Et si une plus grosse exploitation caprine doit s’installer dans les environs, elles ne comptent pas s’agrandir pour autant afin de préserver le bien-être des­­ chèvres. ­Celles-ci sont bien à l’abri dans la chèvrerie et le bâtiment chevrette, quand le vent souffle sur la plaine de Theil-Rabier.

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