Continuité pédagogique
La formation agricole à l’épreuve du confinement
Les établissements de formation agricole organisent la continuité pédagogique depuis un mois. Les équipes éducatives et les élèves s’adaptent, tout en espérant un rapide retour à la normale.
Les établissements de formation agricole organisent la continuité pédagogique depuis un mois. Les équipes éducatives et les élèves s’adaptent, tout en espérant un rapide retour à la normale.
Les établissements scolaires, fermés depuis le 16 mars, organisent le travail à distance, motivés par un objectif : maintenir le lien avec les élèves et leur famille. Un point essentiel pour Thierry Métayer, directeur de la Fédération territoriale des MFR du Poitou. Les MFR ont mis en place un rendez-vous téléphonique hebdomadaire avec les parents, qui apprécient cet échange en direct.
Pour Stéphanie Réau, mère de deux enfants scolarisés à la MFR Saint-Loup, ces échanges ne remplacent toutefois pas la présence du professeur. Avec le travail personnel, les leçons à revoir, les nouvelles notions à acquérir, « c’est difficile pour eux de rendre le travail en temps et en heure, témoigne-t-elle. Je les pousse pour qu’ils avancent, mais ce n’est pas toujours évident sans cours. » Le directeur de la MFR Saint-Loup, Rémi Douat, précise que des temps de soutien et de révisions seront mis en place à la rentrée de septembre.
Du côté des établissements publics, « la continuité pédagogique est bien réelle », se réjouit Benoît Dieltiens, directeur de l’EPLEFPA Terres et Paysages Sud Deux-Sèvres. Grâce à l’implication du personnel éducatif, il constate que la très grande majorité des jeunes bénéficie d’un suivi régulier.
Une organisation qui repose sur le numérique
Les enseignants rivalisent d’inventivité pour assurer leur enseignement à distance : cours en visio, exercices en ligne à compléter, vidéos avec tableau tactile.... Tous les outils sont bons, même ceux traditionnellement réservés à la sphère privée comme Skype ou WhatsApp, qui permettent des milliers de connexions en même temps. L’outil proposé par le conseil régional a explosé avec l’afflux d’internautes, explique Benoît Dieltiens.
L’outil numérique étant devenu incontournable, il révèle aussi des inégalités. Environ 5 % des élèves par classe n’ont pas accès au numérique, d’après Thierry Métayer. Pour cette minorité d’élèves, il a fallu s’adapter : transmission des cours par courrier, prêt d’ordinateur, accès au matériel informatique de l’entreprise pour les apprentis. Parfois, c’est le système D, les élèves prennent en photo leurs exercices avec leur smartphone pour les envoyer à leur professeur.
Valider son diplôme en 2020
La formation agricole dépend du ministère de l’agriculture, qui n’a pas encore donné des directives sur la validation des diplômes. Ce qui est certain, c’est que les épreuves du bac et du brevet sont annulées. Dans la famille Réau, c’était l’année du bac pour l’aîné et du brevet pour le second. Cédric Réau, en terminale à la MFR Saint-Loup, regrette de ne pas passer son bac, une épreuve formatrice pour lui. « Je n’aurai pas cette confrontation au stress, à l’oral, regrette-t-il. Ça n’aide pas à se préparer pour les années d’après. » Il souhaite s’orienter vers un BTS ACSE l’an prochain. Actuellement en apprentissage, il jongle entre le travail en entreprise et les cours.
Son frère, Julien Réau, devait passer le brevet cette année. « Pour passer en seconde, je n’ai pas appris assez de choses. Ça va être compliqué », s’inquiète-t-il. Même s’il peut contacter son moniteur principal tous les jours via la plateforme de la maison familiale, Classroom, il est plus difficile pour lui d’apprendre à la maison. Mais le plus difficile, c’est quand même de ne plus voir ses amis. Leur père étant agriculteur, Julien apprécie de travailler à la ferme de temps en temps, où il peut « s’aérer la tête ».
Préparer la rentrée scolaire
Les directeurs des établissements de formation partent du principe que la rentrée aura lieu normalement début septembre. Les inscriptions sont ouvertes. Les familles peuvent toujours contacter les établissements. Thierry Métayer espère qu’en mai ou juin, il sera possible d’organiser des visites. Les admissions postbac continuent elles aussi.
Benoît Dieltiens se montre vigilant sur la question du renouvèlement des maîtres d’apprentissage pour l’année prochaine. Certains n’ont pas pu mettre en place les gestes barrières et ont demandé à leur apprenti de rester chez lui. S’ajoutent des difficultés économiques pour certaines entreprises, qui pourront se faire sentir dans plusieurs mois. « L’enseignement agricole est résilient, il sait s’adapter », conclut Benoît Dieltiens, confiant.