Prévention
La lutte contre les feux de récolte se prépare maintenant
La Chambre d’agriculture, le Sdis 17 et la préfecture ont lancé le 5 juin à St-Jean-de-Liversay une nouvelle campagne de sensibilisation sur les risques d’incendies dans les cultures.
La Chambre d’agriculture, le Sdis 17 et la préfecture ont lancé le 5 juin à St-Jean-de-Liversay une nouvelle campagne de sensibilisation sur les risques d’incendies dans les cultures.
Après un été 2022 marqué par une forte sécheresse et par conséquent propice à de nombreux départs de feux, les forêts font l’objet d’une attention particulière en ce printemps 2023. Plusieurs annonces gouvernementales ont eu lieu pour éviter de revivre le désastre qui a frappé la Gironde l’an passé. Toutefois, il ne s’agit pas du seul risque incendie, a tenu à rappeler le préfet de la Charente-Maritime, Nicolas Basselier, lundi 5 juin à St-Jean-de-Liversay.
« On parle beaucoup des feux de forêt, mais il ne faut pas oublier qu’il y a chaque année des feux de récolte ; l’année dernière, il y en a eu plus de cent cinquante en Charente-Maritime, ce n’est pas rien ! »
Pour lutter contre ce phénomène, la préfecture, le Sdis 17 et la Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime s’étaient retrouvés une première fois l’an dernier pour lancer une campagne de sensibilisation, reconduite et amplifiée cette année. « Pour l’heure, le risque de feu est moindre par rapport à l’an dernier », souligne le contrôleur général Didier Marcaillou, directeur du Sdis 17. « Mais depuis dix jours, nous avons de fortes chaleurs et un vent d’est séchant ; les céréales changent de couleur rapidement, le risque peut arriver d’ici deux semaines, pour les premières récoltes. »
Savoir prévenir et réagir
La campagne met l’accent sur la prévention, « le meilleur moyen d’éviter les drames », pointe Nicolas Basselier. Mais les conseils visent également à proposer des solutions pour réagir en cas de départ de feu, car ils peuvent survenir très vite et même en étant bien préparé. Muriel Penon, qui représentait la Chambre d’agriculture lors de ce rendez-vous, en a fait l’expérience sur son exploitation de Virson l’an passé : « On a vu une fumée sortir de la coupe. C’était un caillou qui s’était coincé dans la machine… Heureusement qu’on avait l’extincteur ! »
Des fiches, flyers, affiches vont être diffusés en ligne et auprès des organisations professionnelles agricoles : coopératives, assureurs, MSA… Les partenaires pourront aussi s’appuyer sur une vidéo didactique et rapide, un outil qu’a apprécié la maire de St-Jean-de-Liversay, Sylvie Gatineau. « Ma population va me demander pourquoi les agriculteurs travaillent tôt le matin et tard le soir en faisant du bruit », a-t-elle confié en faisant référence à la préconisation de programmer les réunions aux heures les moins chaudes. « Là, j’aurai un argumentaire pour leur expliquer pourquoi ! » « Tout ça, c’est du bon sens », a conclu Muriel Penon. « Je pense que la majorité des agriculteurs le font bien… » Mais, à l’approche des récoltes, un petit rappel ne fait jamais de mal.
Les conseils à suivre
« Pour moi, le plus rapide, c’est le déchaumeur »
L’hôte de cette rencontre était Emmanuel Turgné, connu à St-Jean-de-Liversay en tant qu’agriculteur... mais pas que. Il est aussi le chef des sapeurs-pompiers de la commune. « En étant sapeur-pompier, on a un regard différent sur tout : les accidents de la route comme les risques d’incendie », explique-t-il. « Il y a des choses qu’on ne peut pas gérer, qui sont aléatoires, mais la majeure partie du temps on essaie d’être préventifs. » Il est donc bien au fait, et depuis longtemps, des bonnes pratiques à mettre en place lors des récoltes. « C’est une déformation de ma deuxième activité. Je prépare mon matériel et après, dans un deuxième temps, j’apporte soit un déchaumeur, soit une tonne à eau à proximité. Pour moi, le plus rapide, c’est le déchaumeur. »
Il conseille de bien réfléchir à sa stratégie. « La moisson à contre-vent, on le fait quand c’est possible ; des fois, on le fait à contre-vent de notre parcelle, mais le voisin a aussi une récolte... Il faut arriver à jongler entre tout ça. Si on ne pense qu’à soi, ce n’est pas mieux, il faut penser à l’ensemble du territoire », préconise-t-il. Lui-même n’a jamais subi un départ de feu sur ses parcelles. « Et je n’espère y être confronté », ajoute-t-il. « Mais on n’est à l’abri de rien. À tout moment, on peut regarder dans le rétroviseur de la moissonneuse et voir que ça fume, ou ne pas s’en apercevoir et que ce soit bien parti le temps de faire demi-tour... »