La retraite ne sera plus comme avant... en 2025
Le chantier est en cours : conclusions en juin, loi au Parlement à l’automne. Tous sur le même pied.
Disserter plus d’une heure et demi sur un projet de réforme, faut-il que le sujet soit capital pour l’assemblée générale de la MSA des Charentes le choisisse. Il l’est : les retraites. Inviter Jean-Jacques Marette, ancien directeur de l’ARCO-AGIRC, l’un des « concocteurs » de la réforme éponyme, l’affubler des deux « spécialistes » , Antoine Leroy, directeur d’Agrica et Nicolas Bondonneau, directeur délégué de la politique sociale de la caisse nationale de MSA, c’était « un plateau » de choix. Et le premier n’a pas manqué de mettre les pieds dans le plat sur les « infox » qui circulent sur la retraite. Il rétablit des vérités : « nous avons le meilleur système de répartition au sein de l’OCDE », « notre protection nationale est la seule unité nationale », « nos régimes de retraite sont aujourd’hui à l’équilibre », « c’est 13,8 % de la richesse nationale. Plus que le budget de l’État hors la dette et le salaire des fonctionnaires », « la capitalisation, même avec l’assurance vie, ce sont seulement 4 % », « le taux de remplacement* est proche des 74 %, alors qu’il n’est que de 63 % dans les pays de l’OCDE »… Alors, pourquoi réformer ? Selon Jean-Jacques Marette, le défi est démographique, conséquence de l’allongement de la durée de vie et de la décroissance salariale. Des alarmes de Michel Rocard aux mains dans la cambouis de Jean-Paul Delevoye, de réformes avortées ou repoussées, il applique la règle des 3 S : souplabilité, solidarité, simplicité. Les Français attendent l’égalité sur les retraites, il faut la combiner avec la durée et le montant de cotisations. « Il nous faut avec cette nouvelle réforme retisser un pacte de confiance », lance-t-il, aussi difficiles que soient les chemins pour y parvenir : « la réforme doit être systémique. » S’il démonte le mécanisme des « régimes spéciaux », les ramenant à une juste proportion, Jean-Jacques Marette détaille les points phare : un euro cotisé pour tous, une gouvernance universelle. Antoine Leroy, maintes fois interpellé, comme ses acolytes, estime que « les agriculteurs n’ont pas à rougir du système de compensation de leur régime. C’est le principe-même. »
La MSA présente dans l’élaboration
Nicolas Bondonneau défend la place de la MSA dans la réforme, au même titre que la « spécificité agricole », écartant la notion de « pénibilité » comme inhérente à ce métier : « ce sont les partenaires sociaux qui négocient… Même si on donne des arguments. » Selon lui, les statuts de conjoints collaborateurs ou d’aides familiaux vont disparaître. Tous trois convenaient que les « opérateurs » actuels demeureraient. Jean-Jacques Marette, escamotant les chances d’aboutir de la réforme ou un quelconque calendrier, sinon celui d’une mise en place en 2025, invoquait une « union nationale » pour mettre en place cette « refondation ». Édouard Philippe (non invité à la MSA !) annonçait que Jean-Paul Delevoye devra rendre son rapport en juillet, avant la présentation d’un projet de loi « à la fin de l’été ». Emmanuel Macron (non invité lui aussi !) a promis, durant sa campagne, de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite mais de modifier en profondeur le fonctionnement des retraites françaises et promettait une retraite minimale de 1000 € lors de sa conférence de presse, jeudi.
Tous trois ont-ils rassuré, inquiété ou laissé dubitatifs les délégués présents à Rouillac, vendredi dernier ? Toujours est-il qu’après l’exposé et leurs déclarations, les commentaires allaient bon train. D’autant que pour les 114 077 retraités de la MSA des Charentes (38 M€ de prestations) la situation actuelle ne pourrait tendre seulement vers un 85 % du SMIG pour les non-salariés. Les chiffres qu’a donnés Fatiha Abdelkader, responsable du secteur retraite au guichet unique qu’est la MSA, montrent « une réalité » : le montant moyen de la pension est de 956 € pour les non-salariés agricoles de la MSA des Charentes et de 1039 € pour les salariés.
*Le pourcentage de son revenu d’activité que conserve un salarié lorsqu’il fait valoir ses droits à pension.