Manifestation
"La terre nourrit, les promesses affament" accusent les manifestants
Dix jours après le 15 octobre, date de réception des aides Pac, 17 % des agriculteurs français n'ont toujours rien reçu. Les syndicats JA 79 et Fnsea 79 ont organisé une manifestation, mercredi 25 octobre, pour dénoncer "le manque de parole" de l'État.
Dix jours après le 15 octobre, date de réception des aides Pac, 17 % des agriculteurs français n'ont toujours rien reçu. Les syndicats JA 79 et Fnsea 79 ont organisé une manifestation, mercredi 25 octobre, pour dénoncer "le manque de parole" de l'État.
Une centaine d'agriculteurs se sont mobilisés, mercredi 25 octobre, pour rejoindre le centre-ville de Niort et manifester leur mécontentement au pied du Donjon, avec un convoi de quarante tracteurs.
À l'initiative des Jeunes agriculteurs des Deux-Sèvres, la manifestation a rallié à sa cause la Fnsea 79, qui déplore également "une exigence à sens unique concernant les règles de la Pac", dans un communiqué de presse paru la veille du rassemblement.
Un mauvais signal envoyé aux jeunes
En effet, la nouvelle Pac 2023-2027, dont les premiers versements devaient arriver le 15 octobre, connaît de nombreux ajustements a posteriori : "L'aide complémentaire jeune agriculteur (ACJA) est passée de 4 400 € à 3 100 € sans qu'on soit averti", illustre Flavien Favre, jeune agriculteur.
"L'écorégime a diminué de 20€ par hectare", ajoute Thierry Bernier, secrétaire général de la Fnsea 79.
En plus des baisses du montant des aides, celles-ci ne sont pas encore arrivées sur le compte en banque des chefs d'exploitation : "Aucun jeune agriculteur n'a reçu l'ACJA, relève Flavien Favre. En France, seulement 83 % des exploitants ont touché une aide, mais partielle. Certains ont reçu 75 % des aides, d'autres 45 %".
Sur les 4 100 dossiers Pac déposés dans le département, seuls 3 300 d'entre eux ont reçu une partie des subventions.
Est-ce que l'État prend en considération l'avenir de notre métier ?
"Comment motiver la jeunesse de demain si dès le début de l'installation, on nous empêche d'exercer notre métier ?" s'est indigné Thierry Bernier, qui prend pour exemple des éleveurs laitiers, prêts à installer deux jeunes sur leur exploitation, mais qui "n'ont reçu aucun droit paiement, ni les paiements redistributifs, ni la partie verte écorégime".
Un contexte de hausse des charges
Ces retards et sous-évaluations des aides aggravent la situation pour des exploitations déjà mises à mal par la hausse des charges. "+21 % d'augmentation de l'ensemble des charges en deux ans", stipule le communiqué.
Les trésoreries des agriculteurs qui s'étaient projetés financièrement sur des aides plus élevées sont fragilisées. Ceux dont les annuités des emprunts tombent actuellement doivent contacter leur banquier pour reporter l'échéance.
"Quand on signe la Pac, on signe un contrat avec l'État. Nous nous devons de le respecter. L'État s'octroie le droit de nous enlever de l'argent, vitupère Thierry Bernier. Si la loi Egalim était effective, ce serait moins problématique".
À 11 h 30, la préfète Emmanuelle Dubée a reçu les délégations syndicales. "Elle s'est engagée à pousser fermement la DDT à réaliser son travail, en priorité pour les agriculteurs qui n'ont reçu aucun versement et pour les jeunes agriculteurs en attente de l'ACJA", a rapporté Denis Mousseau. Concernant Egalim, "un groupe de travail sera mis en place avant la fin de l'année".