Cessation d'activité
La transmission, il n’est jamais trop tôt pour s’en préoccuper
Chambre d’agriculture, Jurifor, Civam : ces organismes proposent des sessions pour préparer au mieux les agriculteurs à transmettre leur patrimoine. Le processus prend du temps, autant anticiper bien avant la retraite.
Chambre d’agriculture, Jurifor, Civam : ces organismes proposent des sessions pour préparer au mieux les agriculteurs à transmettre leur patrimoine. Le processus prend du temps, autant anticiper bien avant la retraite.
« Sur l’ex Poitou-Charentes, selon Vivéa, 54% des exploitants ont plus de 50 ans et 17% plus de 60 », pose d’emblée Anne-Laure Lenoir, chargée de mission chez Jurifor, l’organisme de formation créé en 2011 par l’union des Fnsea départementales de Nouvelle-Aquitaine. Face à ce constat, le besoin de préparer la transmission des fermes n’a jamais été aussi criant.
Et de nombreux acteurs du monde agricole insistent sur la nécessité d’anticiper les choses, de mûrir sa réflexion, lever les blocages, rencontrer différents repreneurs et envisager plusieurs solutions. « Notre formation annuelle (dates en encadré) se fait ainsi en plusieurs rencontres, en petits groupes de 12-14 personnes, afin de favoriser l’échange sur tous les sujets : fiscaux, sociaux, fonciers, juridiques, psychologiques, etc.
L’idée est que les futurs retraités comprennent qu’il y a tout un tas d’étapes à planifier dans le temps et qu’ils ne se retrouvent pas au pied du mur lors de leur cessation d’activité ». Jurifor propose des formations en Nouvelle-Aquitaine et Centre Val de Loire essentiellement, mais aussi nationalement. Le module « transmission », dont le coût est entièrement pris en charge par Vivéa, est dispensé en Deux-Sèvres depuis trois ans et « nul doute qu’il va prendre de l’ampleur » face à la population vieillissante des exploitants agricoles, certifie la chargée de mission.
Evaluer et promouvoir sa ferme
A la chambre d’agriculture 17-79, des temps dédiés à la transmission sont aussi organisés chaque année (dates en encadré) pour accompagner les agriculteurs dans cette phase délicate à multiples enjeux. Des enjeux qui se sont complexifiés au fil du temps, selon Anne-Laure Lenoir : « on transmet de moins en moins à ses enfants, il s’agit donc de promouvoir sa ferme auprès d’inconnus ».
Conseiller en investissement financier chez DM Conseils, Damien Merceron ne renie pas ce dernier point. En tant qu’intervenant pour le Civam Haut-Bocage lors de rencontres transmission, mais aussi dans le cadre de son activité indépendante, il aide les agriculteurs à estimer la valeur de leur patrimoine : « Il faut repérer les atouts que peuvent avoir une ferme et son environnement pour des repreneurs qui n’auront probablement pas du tout le même projet. Cela nécessite aussi de distinguer les différentes valeurs des biens : actuelle, comptable et économique ».
« On transmet de moins en moins à ses enfants, il s’agit donc de promouvoir sa ferme auprès d’inconnus », pointe Anne-Laure Lenoir, de Jurifor.
Valeur affective
En agriculture se surimpose un autre questionnement : faut-il quitter la maison où l’on vit ? Sièges d’exploitation et maison d’habitation sont souvent localisés au même endroit. Toutes les formations transmission convergent vers la même idée : partir et faire une vraie coupure lève des freins chez les repreneurs.
« Là encore la décision ne se prend pas en deux heures, souligne Damien Merceron. Tout un éventail de dispositifs peut en tout cas accompagner la transition : emprunts (les taux étant en plus très bas en ce moment), vente à terme avec prêt entre particuliers, portage financier… ».
Les formations prennent en compte ces aspects d’ordre plus psychologique, le Civam Haut-Bocage ayant même consacré une de ses rencontres thématiques Transmission aux échanges avec un psychologue. La clé d’une transmission réussie réside dans la parole et le temps. Alors autant s’y prendre vraiment en amont : cinq à dix ans avant la retraite restant le meilleur timing.
Des dates de formations à venir