L’achat d’un taureau reproducteur, enjeu important pour les résultats du troupeau
En élevage allaitant le choix du reproducteur repose sur une bonne connaissance de son potentiel, l’appréciation visuelle ne suffit pas. Il engage les résultats de l’élevage et l’avenir du troupeau. Des outils et repères existent pour aider à faire le bon choix.
Le progrès génétique vise à améliorer les points faibles du troupeau tout en conservant les points forts. Contrairement à l’insémination qui permet de se fixer des objectifs vache par vache, la monte naturelle oblige à raisonner au niveau de son troupeau en définissant une stratégie globale. Les priorités sont multiples. Dans un premier temps, il faut produire des génisses de renouvellement présentant des qualités maternelles affirmées, à savoir la capacité à vêler facilement, à produire suffisamment de lait et à bien se reproduire. Ces futures vaches doivent avoir une bonne morphologie : du squelette mais aussi des muscles pour produire des vaches de réforme d’une haute valeur bouchère. Enfin il faut produire des jeunes veaux vendus broutards ou des taurillons après avoir été engraissés, présentant de bonnes croissance et une bonne conformation.
Incontournables index
Une fois ces objectifs définis, il reste à trouver dans un élevage, objectivement reconnu pour sa valeur génétique, le meilleur veau, issu des meilleurs reproducteurs et qui correspond le mieux à ces attentes. Puisqu’il y a opposition génétique entre les qualités maternelles et les aptitudes bouchères, l’objectif est d’avancer dans l’une de ces qualités sans régresser dans l’autre et le taureau reproducteur choisi devra apporter le meilleur compromis. Le choix du taureau sera alors affiné sur deux critères précis au maximum entre les aptitudes bouchères (croissance, conformation) ou les qualités maternelles (DS, fertilité, facilité de vêlage, production laitière).
Les informations disponibles pour aider au choix du taureau existent dans les élevages qui adhèrent à la chaîne vache allaitante. Il faut alors les demander à l’éleveur sélectionneur qui peut les expliquer. En production de viande, on dénombre sept index élémentaires et deux index de synthèse.
Sept index élémentaires
- IFNAIS : facilité de naissance. Traduit l’aptitude à produire des veaux qui naissent facilement grâce à un poids faible ou à une morphologie adaptée ;
- CRsev : capacité de croissance avant sevrage. Traduit l’aptitude d’un animal à gagner du poids entre sa naissance et son sevrage s’il est correctement élevé par sa mère ;
- DMsev : développement musculaire au sevrage. Traduit le rebondi musculaire au sevrage et donne une appréciation sur la conformation ;
- DSsev : développement squelettique. Traduit le format de l’animal ;
- AVel : aptitude au vêlage. Traduit l’aptitude d’une femelle à vêler facilement ;
- ALait : aptitude maternelle à l’allaitement. Traduit l’aptitude d’une vache à bien élever son veau de la naissance au sevrage grâce à un bon potentiel laitier (quantité et composition) et à un comportement ad hoc ;
- FOSsev : Finesse d’os au sevrage. Traduit la finesse d’os des animaux au sevrage, et indirectement, le rendement. C’est une nouveauté en 2013 pour la race Blonde d’Aquitaine .
Deux index de synthèse
- ISEVR : index au sevrage. Traduit les qualités de croissance et de morphologie d’un animal au sevrage. Cet index combine uniquement les index d’effets directs (IFNAIS, CRsev, DMsev, DSsev) et concerne tous les types d’animaux : vaches, taureaux et veaux ;
- IVMAT : index de valeur maternelle au sevrage. Traduit l’aptitude d’un reproducteur à produire des veaux de bonne qualité au sevrage. Cet index combine les index d’effets directs et les effets maternels (AVEL et ALait). Il intéresse en particulier les vaches et les taureaux, pères de futures reproductrices.
Ces index de synthèse traduisent les orientations de sélection raciale définie par chaque Herd Book. Un animal qui possède un index supérieur à la moyenne raciale est meilleur que la référence pour l’aptitude ou la synthèse considérée. Les plages de variation sont précisées dans le tableau ci-dessous.
Ces résultats sont obtenus grâce au pointage et à la pesée des animaux. Au-delà de ces chiffres, il faut observer les animaux, les parents et le cheptel globalement. Il est nécessaire de se renseigner sur les éléments de conduite (âge au sevrage, rang de vêlage, …) et l’alimentation (complémentation, …) pouvant influencer la présentation des animaux. Certains critères d’évaluation s’expriment visuellement tel que le développement squelettique et musculaire. Mais pour les autres critères, il faut avoir recours à d’autres modalités d’évaluation (croissance à 120 jours pour estimer la valeur laitière de la mère par exemple). C’est pourquoi le calcul des index donne une information incontournable et limitera les surprises.
Des stations d’évaluation pour aller plus loin
En Deux-Sèvres, trois stations d’évaluation des jeunes mâles existent en race charolaise, parthenaise et blonde d’Aquitaine. Elles permettent de comparer les animaux qui sont repérés parmi les meilleurs par des commissions d’éleveurs et de techniciens selon des critères définis. L’éleveur reste propriétaire du veau et paie une pension. Une ration identique, sur une période déterminée permet de contrôler les veaux et d’évaluer leurs performances dans une situation parfaitement comparable. Une mesure complémentaire, celle de l’ouverture pelvienne permet de repérer la capacité qu’auront les descendants femelles à vêler. Certains veaux peuvent être écartés s’ils ne répondent pas aux critères. En fin de période, ils sont mis en vente aux enchères ou de gré à gré.
Même si le choix des reproducteurs n’est pas une opération facile, il convient de se donner le maximum de chances pour recruter le bon sujet. C’est l’avenir du niveau génétique du troupeau dont il est question. Aujourd’hui, plus que jamais, les index et les stations apportent une aide précieuse à la décision. Il serait regrettable de s’en priver.