L’achat d’un tracteur doit d’abord répondre à un besoin technique
Investir pour réduire les cotisations obligatoires est un jeu dangereux et pas toujours pertinent. Même avec la mesure de suramortissement prévue par la loi Macron.
Indispensable, le matériel de traction est aussi un poste de dépenses considérable dans une entreprise agricole. Il génère « environ la moitié du coût du parc matériel » et est donc un sujet « à regarder de près pour maîtriser ses charges », explique Daniel Colin. « Tant qu’on ne réfléchit pas à ce poste, on ne peut pas réduire les charges de mécanisation », insiste même le conseiller machinisme à la chambre d’agriculture. Si rembourser un crédit ne pose normalement aucun problème durant les bonnes années, cela s’avère plus épineux en période morose. Le calcul doit impérativement être basé sur des moyennes de conjoncture et la décision de l’investissement doit « répondre en premier lieu à un besoin technique. »
Suramortissement Macron
Néanmoins, l’achat d’un tel matériel impacte nécessairement les prélèvements obligatoires (fiscaux et sociaux) qui pèsent sur le revenu des exploitants en générant des charges d’amortissement. Depuis que les dotations pour investissement (DPI) ne s’appliquent plus aux investissements amortissables, le levier de l’achat de matériel est moins efficient et « la réflexion doit être différente », rappelle Sébastien Caulliez, conseiller entreprise à la chambre d’agriculture. En revanche, depuis quelques mois, les agriculteurs peuvent constater une recrudescence des sollicitations de la part des acteurs du machinisme agricole qui mettent en avant de nouveaux avantages. En effet, dans le cadre de la récente loi pour la croissance (loi Macron), un suramortissement de 40 % est prévu pour encourager les investissements des entreprises. Le but est d’accélérer la modernisation de leur outil de production pour leur permettre d’être plus compétitives. Dans les faits, « pour un tracteur neuf acheté 100 000 €, l’amortissement pris en compte dans le calcul de l’impôt sera de 140 000 € », résume Sébastien Caulliez.
Mais derrière l’intitulé séduisant se cachent toutefois quelques subtilités qu’il convient de considérer. Le conseil alerte : ce suramortissement ne concerne que la fiscalité. « Il ne s’applique pas dans le calcul fait pour déterminer les cotisations sociales (MSA). » Il y a donc « des opportunités pour des agriculteurs qui payent beaucoup d’impôts et n’ont plus beaucoup d’amortissements. » En revanche, pour ceux qui ne paient pas ou peu d’impôt, le dispositif n’apporte rien. Et dans tous les cas, « la carotte fiscale ne doit pas être une raison de payer son matériel plus cher », rappelle Sébastien Caulliez.
A lire un dossier de trois pages dans Agri 79