Lait : « La sortie de crise se confirme »
Même si la période caniculaire estivale entraîne une baisse de la collecte en Europe, il n’y a rien d’extraordinaire à attendre en termes de prix, annonce Benoît Rouyer, économiste à l’interprofession, le Cniel. Mais « la sortie de crise se confirme », ajoute-t-il.
Alors que les huit premiers mois de l’année 2018 ont enregistré une hausse de la collecte de 1,4 % en Europe et de 1,2 % en France, «une rupture de pente est amorcée», dixit Benoît Rouyer, économiste au Cniel, l’interprofession laitière. En effet, au mois d’août 2018, une baisse de la collecte de 0,1 %, due à la canicule, a été observée. Et «dans les mois à venir, la collecte sera peu dynamique en France et en Europe», prédit l’économiste.
En cause : la sécheresse, toujours, et donc la récolte fourragère qui n’a pas été bonne, cet été et cet automne. «Cela va entraîner une rupture de fourrage. Les éleveurs vont faire le ménage dans leurs troupeaux. Plus d’abattages, moins d’effectifs : moins de lait collecté», résume Benoît Rouyer. Les zones les plus touchées par cette baisse de la collecte sont l’est et le nord de la France, l’Europe centrale et du Nord.
«Si reprise de la collecte, il y aura, ce ne sera pas avant le printemps 2019, a priori», précise l’économiste du Cniel.
«Une bonne nouvelle»
Ce contexte de diminution de la collecte va assainir le marché, certes, mais un peu plus de 200 000 t de poudre de lait écrémé, - «un stock relativement important», d’après Benoît Rouyer -, de la Commission européenne (CE) viennent amortir la montée des prix tant désirée par les producteurs. «Les cours ne vont pas augmenter», prévient l’économiste du Cniel. Malgré tout, les stocks de la CE se vident. Ce sont 350 000 t que la CE mettait sur le marché en 2016. «C’est une bonne nouvelle», commente Benoît Rouyer. Quant au prix de la poudre de lait écrémé, la semaine du 8 au 14 octobre, il était de 1 550 €/t, en-dessous du prix d’intervention (1 698 €/t), «un prix très bas mais il était encore plus catastrophique il y a quelques temps», remarque l’économiste.Pour le beurre, les niveaux de prix sont relativement élevés mais plus raisonnables que l’an passé, quand on craignait une pénurie. «Les acheteurs se sont davantage couverts qu’en 2017. Ils ont un peu de stock. De plus, à cause de l’été très chaud, la consommation de produits laitiers et de beurre a été moins forte alors que la fabrication a augmenté de 8 %. Même s’il y a moins de collecte, tout cela freine l’envolée des prix», explique Benoît Rouyer. Cette fin d’année 2018 n’a donc rien à voir avec fin 2017 et la panique qui avait engendré la flambée des prix des matières grasses. Le prix du beurre, la semaine du 8 au 14 octobre, a atteint les 4 800 €/t : «un bon prix si l’on fait une moyenne sur dix ans», juge l’économiste du Cniel. «2019 devrait être dans la lignée de 2017 et de 2018. S’il n’y a rien d’extraordinaire à prédire sur les prix, un rétablissement du marché se manifeste avec de plus en plus d’évidence. En 2019, on devrait être sur une année où la sortie de crise se confirme», conclut Benoît Rouyer.